Аннотация
Un certain sourire est le deuxième roman de Françoise Sagan. Paru en 1956, il est salué par la critique qui pourtant l’attendait au tournant après le succès phénoménal de Bonjour Tristesse.
Dominique, étudiante à la Sorbonne, coule des jours heureux et insouciants auprès de son jeune amant Bertrand. La vie s’étend devant elle, sans réelle passion, sans souci et sans souffrance non plus, juste teintée d’une poussière d’ennui qui finalement n’est pas pour lui déplaire.
« J’étais bien, et il y avait toujours en moi, comme une bête chaude et vivante, ce goût d’ennui, de solitude et parfois d’exaltation. Je me disais que j’étais probablement hépatique. »
La petite couleur mauve de l’ennui …
Et puis Dominique rencontre Luc, l’oncle de Bertrand. Il forme avec sa femme Françoise un couple merveilleux, attachant et accueillant. Françoise prend Dominique sous son aile – elle n’a pas eu d’enfant et la considère, peu ou prou comme sa propre fille. L’attitude de Luc est tout de suite plus ambiguë. Homme volage et séducteur, il ne fait qu’une bouchée de la jeune-fille irrésistiblement attirée par lui. Rapidement, il lui propose comme un jeu amoureux, une relation brève et plaisante, secrète (mais pas trop, le regard des autres lui importe si peu finalement…), une sorte de Carpe diem selon lui sans réelles conséquences…
Très vite, durant l’été, ils vont passer quinze jours ensemble dans de luxueux hôtels de la Côte d’Azur. Deux semaines légères comme des bulles de savon irisées. Dominique découvre un amour qui n’en est pas un, qui s’interdit de l’être puisque décrété sans avenir… Elle se découvre également, bizarrement autre, comme étrangère à elle-même.
« J’étais allongée contre lui, dans le matin, et il dormait, sa hanche contre ma hanche. Il devait être tôt ; je ne pouvais me rendormir et je me disais que pas plus que lui, enfoncé dans ses rêves, je n’étais là. C’était comme si mon véritable moi eût été très loin, bien après des maisons de banlieue, des arbres, des champs, des enfances, immobile au bout d’une allée. Comme si cette jeune fille penchée sur ce dormeur n’eût été qu’un pâle reflet de moi tranquille, inexorable, dont déjà, d’ailleurs, je m’écartais pour vivre. Comme si à un moi-même éternel j’eusse préféré ma vie, laissant cette statue au bout d’une allée, dans la pénombre, avec sur les épaules, comme des oiseaux, toutes ses vies possibles et refusées. »
« Peut-être le bonheur, chez les gens comme moi, n’est-il qu’une espèce d’absence, absence d’ennuis, absence confiante. A présent je connaissais bien cette absence, de même que parfois en croisant le regard de Luc, l’impression que tout était bien, enfin. Il supportait le monde à ma place. Il me regardait en souriant. Je savais pourquoi il souriait et j’avais aussi envie de sourire. ». Un certain sourire…
On ne joue pourtant pas impunément avec ses sentiments et ceux des autres. Le retour à Paris est douloureux, très douloureux pour la jeune-fille.
Françoise Sagan peint comme personne toute la complexité du sentiment amoureux, ses multiples facettes (l'ombre de Proust n'est jamais bien loin). A la fidélité résignée, crucifiée et finalement pugnace de Françoise, s’oppose l’insoutenable légèreté de Luc, en apparence tout du moins…
A ces jeux de l’amour et du hasard, il y a ceux qui supportent et ceux qui survolent un peu inconsciemment. A l’issue de cette aventure, Dominique découvrira son camp…
« Je me surpris dans la glace et je me vis sourire. Je ne m’empêchai pas de sourire, je ne pouvais pas. A nouveau, je le savais, j’étais seule. J’eus envie de me dire ce mot à moi-même. Seule. Seule. Mais enfin quoi ? J’étais une femme qui avait aimé un homme. C’était une histoire simple ; il n’y avait pas de quoi faire des grimaces. »
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