coche
[ kɔʃ ] nom masculin
ÉTYM. 1545 ♦ probablement du hongrois kocsi, de Kocs, nom d’un relais entre Vienne et Pest, par l’allemand Kutsche ou le vénitien cochio
1. ANCIENNEMENT Grande voiture tirée par des chevaux, qui servait au transport des voyageurs. […]
Coiffer quelqu’un au poteau
Depuis qu’ils posent dénudés pour des calendriers, les joueurs de rugby sont peut-être devenus coquets. Mais on n’a jamais vu un rugbyman s’arrêter au poteau pour se faire faire un brushing. De même, si l’on rectifie parfois la coupe de cheveux des condamnés à mort, c’est pour les mener à la guillotine et non au poteau d’exécution. Alors, d’où vient cette étrange expression ?
Le poteau dont il s’agit est celui des hippodromes. Le cheval qui est déclaré vainqueur est celui qui passe le premier la ligne d’arrivée, matérialisée par un poteau placé en bord de piste. Remporter la victoire sur le poteau ou au poteau, c’est battre son adversaire en le dépassant à la toute fin d’une course. Par extension, l’expression s’applique à toute compétition où la victoire est emportée sur le fil (fil qui, lui, marque la fin d’une course à pied).
Quant à coiffer, qu’il s’agisse d’arranger la chevelure ou d’enfiler un bonnet, il est question de tête. Au figuré, coiffer un concurrent, c’est littéralement parvenir à placer sa tête avant la sienne : c’est le battre d’une courte tête. Ce qui n’est pas sans rappeler l’évolution du verbe chapeauter : d’abord « coiffer d’un chapeau » puis « être à la tête de quelque chose ou d’un groupe d’individus ».
Coiffer quelqu’un au poteau, c’est à la fois le battre de peu (d’une tête) et au dernier moment (au poteau d’arrivée). Autrement dit, c’est gagner d’un cheveu, à un poil près, pile-poil au bon moment.
Les apprentis coiffeurs qui ne possèdent pas suffisamment de moyens pour s’offrir un salon digne de ce nom aménagent des espaces dans la rue où ils reçoivent leurs clients qu’ils coiffent au pied de poteaux. Pour plus de visibilité ce sont généralement des poteaux roses car on tombe souvent sur eux…
Être frappé, marqué au coin du bon sens
Le bon sens, qui est, selon la formule de Descartes dans le Discours de la méthode, « la chose du monde la mieux partagée », serait donc la caractéristique de l’esprit humain. Quand elle s’impose avec la simplicité d’une évidence, on pourra dire d’une réflexion qu’elle est marquée, ou frappée, au coin du bon sens. Mais on ne voit vraiment pas en quoi le bon sens serait en rapport avec un coin de table ou de rue.
Le coin est bien un angle formé par l’intersection de deux lignes ou de deux plans, mais coin désigne surtout des objets concrets, par exemple l’outil qu’on enfonce dans la faille d’un tronc ou dans une bûche pour les fendre. Du temps où l’on « battait » la monnaie (on la battait vraiment, avec un marteau), le coin était le sceau métallique gravé avec lequel on frappait les pièces pour en identifier l’origine. Les numismates appellent monnaie à fleur de coin une monnaie en parfait état, aussi nette qu’à sa sortie de l’atelier, ce qui en fait le prix. C’est ce coin français qui a donné l’anglais coin, drôlement prononcé, signifiant « pièce de monnaie ».
Au XVIIe siècle, selon Antoine Furetière, grand greffier de la langue française d’alors, en conservant l’idée de valeur inhérente à la monnaie de métal, « on dit figurément d’un homme qui a plusieurs bonnes qualités, qu’il est marqué au bon coin ». Même idée dans l’expression frappé au coin de pour « caractérisé par, qui porte la marque de ». Boileau évoque des « vers marqués au coin de l’immortalité ».
La fabrication des pièces de monnaie a changé, mais l’expression est toujours connue, car si les techniques sont condamnées à évoluer, les concepts et leurs signes semblent marqués au coin de l’éternité.
coin
[ kwɛ ̃] nom masculin
ÉTYM. v. 1179 ; « angle » v. 1160 ♦ latin cuneus […]
2. Morceau d’acier gravé en creux qui sert à frapper les monnaies et les médailles. […]
Être collet monté
Affecté, guindé, compassé : il existe bien des manières de dire d’une personne qu’elle manque de naturel et fait montre d’une gravité excessive. Collet monté figure au nombre de ces manières de dire. Être collet monté, c’est se donner des airs de vertu, adopter un comportement étudié qui manque de franchise. La vie en société est une comédie dans laquelle le jeu des apparences tient un bien grand rôle, comme en témoigne l’origine de cette formule.
Si le mot collet s’emploie encore de nos jours pour désigner la partie d’une bête de boucherie comprise entre la tête et les épaules ou le nœud coulant utilisé par les braconniers pour prendre les animaux au cou, ce diminutif de col a permis aussi de nommer, dès la fin du Moyen Âge, la partie d’un vêtement qui entoure le cou, dentelle ou fourrure, amovible ou non.
Au sens propre, le collet monté fut un col rigidifié par l’empois et dressé par du fil de fer ou des renforts de carton. Cet ornement fort incommode, qui fit fureur sous Catherine de Médicis, donnait à celle qui le portait un air engoncé et hautain. La mode en passa vite puisque le premier Dictionnaire de l’Académie mentionne, en 1694, la formule c’était du temps des collets montés pour dire « du vieux temps ».
On a pu prêter à la personne ainsi affublée un caractère allant de pair avec son apparence, mélange de pruderie et d’affectation frôlant le ridicule. Au temps de Molière, la femme arborant un collet monté est le revers de la femme légère ou de la courtisane, qui ne craint pas de dénuder son cou, réfutant ainsi l’adage selon lequel l’habit ne fait pas le moine.
Passent les modes et les époques, les expressions restent. Les collets montés et les cols cassés ont disparu, mais la raideur arrogante des êtres qui se veulent supérieurs peut toujours être dénoncée ainsi : « trop collet monté pour moi ! »
« — Il faut se mettre en tenue pour l’oncle Hubert ?
— Non. Ce que j’en dis… Moi, je te trouve très bien comme ça. Mais l’oncle Hubert est un peu collet monté. »