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Mais, conjonction de coordination, peut introduire une objection : « Il faudrait que je fasse mes devoirs d’école mais j’ai la flemme. »

Si et mais deviennent substantifs dans l’expression des si et des mais qui offre (depuis le milieu du XVe siècle) une équivalence concise et pratique à « des conditions et des objections » : « La commission a trouvé des mais et des si au sujet de l’envoi de M. Durand à Cazeaux, et il n’y a pas encore de décision prise » (Prosper Mérimée, Lettre à Francisque Michel, 1849).

L’expression est mentionnée dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française (1694) : « Il ne faut pas mettre tant de si et de mais. »

On trouve toujours des si et des mais quand on rechigne à faire quelque chose et si l’on s’écoutait, à force de si et de mais, on ne ferait jamais rien, ce que me reprochait grand-mère quand j’avançais quelque mauvaise raison pour me défiler.

Avec des si, on mettrait Paris en bouteille

Même substantivation que dans « des si et des mais » (voir ci-dessus). Cette locution proverbiale remet les pieds sur terre à tous les utopistes et idéalistes (« Si la nature humaine était meilleure… »), tous les rêveurs (« Si j’étais riche… »), tous les nostalgiques (« Si j’avais su… »), bref, tous les songe-creux qui, coupés des réalités, se nourrissent de spéculations et, plus globalement, tous ceux qui ont tout simplement tendance à abuser des subordonnées hypothétiques.

D’Hautel (1808) mentionne ainsi la locution : « Avec des si et des mais on mettroit Paris dans une bouteille. »

Ne condamnons pourtant pas ces faiseurs de rêves ; sans eux, la vie serait triste, les arts et la poésie auraient fui notre monde et l’innocence, qui parfois fait des miracles, y périrait trop vite :

« Un gamin de Paris M’a dit à l’oreille Si je pars d’ici Sachez que la veille J’aurais réussi À mettre Paris en bouteille ! »
(Mick Micheyl, Un Gamin de Paris, 1951.)

Couper le sifflet à quelqu’un

Le sifflet en question n’est pas le même que celui de deux sous dont une expression nous dit qu’il pend sous le nez (voir infra). Employé autrefois familièrement pour la gorge, le gosier (dès sa première édition de 1694, le Dictionnaire de l’Académie française dit plus doctement : « la trachée artère, ou le conduit par lequel on respire »), le mot est resté dans l’expression qui signifie soit « laisser interloqué, sans voix, sans repartie », soit « couper la parole » (équivalent de « couper la chique »), dans les deux cas, « empêcher de parler » : « Ne me parlez pas des journaux ; l’Empereur savait bien leur couper le sifflet, à tous ces merles de journalistes » (Alcide Joseph Lorentz et Émile de La Bédollierre, L’Invalide, in Les Français peints par eux-mêmes, 1861).

L’expression a revêtu, jusqu’au XIXe siècle, une autre signification : « trancher la gorge », manière encore plus radicale et expéditive de couper la parole. Delvau (1866) nous dit cela de belle façon : « Couper le sifflet à quelqu’un. Le forcer à se taire, soit en lui coupant le cou, ce qui est un moyen extrême, soit en lui prouvant éloquemment qu’il a tort de parler, ce qui vaut mieux. »

Il n’y’a pas de… qui tienne

La première mouture de l’expression fut sans doute : Il n’y a pas de mais qui tienne, formule utilisée par les adjudants et autres chefs militaires pour couper court à toute contestation de leur ordre :

« Soldat Bidasse, vous serez de garde cette nuit.

— Mais, mon adjudant…

— Il n’y a pas de mais qui tienne ! »

Le « mais » a ensuite été remplacé par tout autre mot contestataire, étouffé dans l’œuf :

« Vous me taperez ce rapport lundi prochain.

— Mais lundi, je serai en congé…

— Il n’y a pas de congé qui tienne ! »

« Tu me promets d’être gentil avec ton petit frère.

— On verra …

— Il n’y a pas de on verra qui tienne, c’est tout vu ! »

Ce n’est pas tout ça !

Si l’expression Ce n’est pas tout, ça ! fut un temps employée pour signifier qu’un élément nouveau n’avait rien changé à la situation, que rien n’était réglé, elle ne sert plus aujourd’hui que de transition d’une action à une autre : « Ce n’est pas tout ça, il faut maintenant que l’on prépare le repas. » Bien souvent, elle n’est plus qu’un prétexte pour ne pas s’attarder davantage, une formule pour prendre congé : « Ce n’est pas tout ça, mais nous ne sommes pas d’ici ! » ; « C’est pas tout ça, mais nous avons de la route à faire ! » Parfois, dans ce contexte, elle se suffit à elle-même : « Bon, c’est pas tout ça, hein ! » Variante permettant aussi de couper court (à une conversation un peu longuette, par exemple) : « C’est bien joli tout ça, mais il se fait tard ! »

Et tout et tout

Comprenons : « Et quantité d’autres choses du même genre. » Et tout et tout remplace familièrement et cætera (littéralement : « et quant au reste »), ce dernier presque toujours écrit en abrégé (etc.) et dont l’origine latine peut être ressentie comme trop savante. Le et cætera reste toutefois bien pratique pour les orateurs et écrivains qu’il dispense d’une énumération exhaustive donc fastidieuse : « L’orchestre était au grand complet avec violons, violoncelles, contrebasses, trompettes, clarinettes, flûtes, hautbois, etc., etc. » Et tout et tout a quelque chose de plus enfantin, de plus badin : « Je vous offre tous mes vœux de bonheur, de santé, de prospérité, de réussite, et tout et tout. »

N.B. Si l’énumération ne contient que choses déplaisantes, préférons l’italien et tutti quanti, généralement dépréciatif : « […] elle s’était senti […] de l’antipathie même pour les MANGEURS D’HOMMES, et dans cette classe elle rangeoit les rois, les empereurs, les sultans, les czars, les princes, les ducs, et quelquefois encore les marquis, les comtes, les vicomtes, les barons, les chevaliers, les écuyers, et TUTTI QUANTI. » (Mérard de Saint-Just, L’Épiphanie in Espiègleries, joyeusetés, bons-mots, folies, des vérités, 1789.)

L’expression est redondante puisque toutim(e) signifie « tout », en argot. Le mot est attesté dès 1596 dans La Vie généreuse des Mercelots, Gueux et boesmiens : « Croyez que mon maistre entervoit toutime[26] » et aussi : « pour savoir si j’entervois le gourd et toutime[27] », et encore : « Bier sur le toutime[28] », autant d’exemples qui confirment que toutime fit d’abord partie de l’argot des voleurs, comme l’affirme Delvau (1866).

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26

Mon maître connaît toutes les techniques de vol.

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27

Pour savoir si je connaissais toutes les techniques d’escroquerie.

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28

Mendier de toutes les façons.