Huitième merveille du monde peut également s’appliquer à une personne que l’on admire et/ou que l’on chérit. En ce sens, un enfant est bien souvent considéré par ses parents comme la huitième merveille du monde.
Profitons de l’expression pour rappeler la liste, donnée comme la plus officielle, des Sept Merveilles du monde de l’Antiquité, constructions toutes remarquables par leurs proportions gigantesques : les pyramides d’Égypte, les jardins suspendus de Babylone (à côté du palais de Nabuchodonosor II), la statue chryséléphantine de Zeus Olympien (œuvre du sculpteur Phidias), le temple d’Artémis à Éphèse, le tombeau du roi Mausole à Halicarnasse, le phare d’Alexandrie et le colosse de Rhodes.
Vouloir péter plus haut que son cul
Vouloir péter plus haut que son cul, ou plus haut qu’on a le cul (grand-mère atténuait la verdeur du propos en remplaçant cul par « derrière »), c’est vouloir se faire passer pour plus riche, plus intelligent, plus…, plus … qu’on ne l’est, ne pas vouloir se mêler au bas peuple, aspirer à des sommets que l’on ne peut atteindre, vivre au-dessus de ses moyens, etc.
Celui à qui l’on prête cette velléité ne se prend assurément pas pour de la merde. Il est d’ailleurs cocasse de voir qu’on se moque des prétentieux en les rabaissant souvent à un stade anal. Dans ses mémoires, le duc de Luynes nous rapporte un Discours politique sur les affaires présentes où la métaphore scatologique est abondamment filée. En voici un échantillon : « La reine d’Espagne est un bâton merdeux qu’on ne sait par quel bout prendre ; elle a toujours eu, vous le savez, la fureur de péter plus haut que le cul. Qu’en est-il arrivé ? Le roi de Prusse nous a pété dans la main, et le roi de Sardaigne nous a chié du poivre » (Juillet 1746 in Mémoires du duc de Luynes).
L’expression, on le voit, est ancienne. Elle est mentionnée dès 1640 par Oudin sous une forme voisine : « On ne sçauroit péter plus haut que le cul, on ne peut faire au-delà de son pouvoir. »
Être sorti de Saint-Cyr
Le grec Kyrikos, « qui appartient au seigneur », a donné le latin Cyricus et Quiricus. Plusieurs saints ont porté ce nom dont le plus célèbre est un enfant de cinq ans qui fut martyrisé à Tarse en Cilicie vers 304 sous le règne de Dioclétien. Alors que le juge Alexandre prononçait la condamnation de chrétiens, l’enfant se serait écrié : « Moi aussi, je suis chrétien ! » Le juge aurait alors saisi l’enfant par une jambe et lui aurait fracassé la tête contre un mur. La mère de Cyricus, Julitte, fut aussi victime des persécutions de Dioclétien. Ils sont tous deux fêtés localement le 16 juin (parfois sous les noms de Quirico et Giulitta). Le culte de saint Cyr, nom français de saint Cyricus, se répandit rapidement en Gaule. Ses reliques étaient conservées dans l’église de Volnay (Côte-d’Or).
La vénération de ce saint est à l’origine d’une quarantaine d’hagiotoponymes, sans compter ceux dérivés du nom gascon de saint Cyr : saint Cricq. On trouve aussi Saint-Cirq, Saint-Cirgue, Saint-Cergue et Saint-Cirice. C’est également le nom d’un mont dans le département du Lot et d’une chaîne de montagnes dans celui des Bouches-du-Rhône.
Le Saint-Cyr concerné par l’expression est évidemment le chef-lieu de canton des Yvelines, près de Versailles, Saint-Cyr-l’École, où Mme de Maintenon a créé en 1686 une maison d’éducation devenue sous Napoléon Ier une école militaire de grand renom, école détruite en 1944 et transférée à Coëtquidan (Morbihan). Les étudiants sortant de cette école étaient munis d’un sérieux bagage éducatif et culturel, d’où l’expression « être sorti de Saint-Cyr », utilisée pour désigner les personnes très instruites et plus souvent à la forme négative pour dire d’une aptitude qu’elle est rudimentaire ou d’une connaissance qu’elle est élémentaire : « Il n’y a pas besoin d’être sorti de Saint-Cyr ! »
PROVERBES
Fais du bien à ton âne, il te chiera une crotte
Variante : « Fais du bien à un baudet, tu recevras un pet[33] (ou un coup de pied). » Existent, selon les régions, d’autres proverbes équivalents où l’âne est remplacé par le chien ou le cochon. Il s’agit dans tous les cas de dénoncer l’ingratitude humaine : non seulement celui envers qui vous avez été bon ne vous en sera pas reconnaissant mais il peut même se montrer hostile à votre égard. La nature est ainsi faite que l’homme n’aime guère être redevable ; aussi la morale chrétienne recommande-t-elle de faire le bien de façon désintéressée.
Cela n’empêche pas certains saint-bernard d’être prêts à tout pour rester dans la mémoire de ceux qu’ils ont aidés, a fortiori quand il les ont sauvés, à l’image de cet inénarrable M. Perrichon qui, après avoir évité à Daniel de tomber dans une crevasse de la mer de Glace, lui déclare : « Vous me devez tout, tout ! Je ne l’oublierai jamais ! » (Eugène Labiche, Le Voyage de Monsieur Perrichon, acte II, sc. X). La sollicitude de M. Perrichon envers son obligé ira même jusqu’à le contraindre à devenir son gendre. Il est des sauveurs qui ne se laissent pas si facilement oublier !
Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois
Ce célèbre proverbe est toujours en usage, mais il revenait si souvent dans la bouche de grand-mère qu’il devait ici trouver sa place. Il est d’ailleurs si bien connu que grand-mère se contentait du début, « Au royaume des aveugles… », et tout le monde comprenait.
Il met l’accent sur la relativité des talents et des connaissances. Tel guitariste amateur, parvenant à jouer tant bien que mal la mélodie du film Jeux Interdits, sera considéré comme un virtuose par ceux qui sont musicalement incultes. Les Diafoirus ne pourront jamais abuser que des malades imaginaires ignorant jusqu’aux rudiments de la médecine. Connue au XVIe siècle sous la forme Entre aveugles borgnes sont Rois (Jean-Antoine de Baïf, Les Mimes, second livre, 1581) et correspondant à la formule latine Inter caecos regnat strabus d’Érasme, cette maxime peut être rapprochée de la parabole biblique des aveugles : « Laissez-les : ce sont des aveugles. Or si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou ! » (Matthieu, 15, 14).
Variantes : « Au pays des culs-de-jatte, les boiteux sont rois » et « Au pays des boiteux chacun pense qu’il marche droit. »
D’un bourricot, on ne fera jamais un cheval de course
Le petit Bidule, enfant du quartier, n’obtenait à l’école que des résultats affligeants. Pour peu que soit évoqué son cas, grand-mère affirmait en haussant les épaules : « D’un bourricot, on ne fera jamais un cheval de course ! »
Les Corses connaissent aussi le proverbe : À chì nasce sumere ùn diventa cavallu, « Qui naît bourricot ne devient pas cheval ».
Autrement dit : « N’espérons pas trouver chez quelqu’un ce qu’il n’est pas », ce qui, sans vouloir comparer une jeune fille et un bourricot, correspond à cet autre adage : « La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a[34] ».
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Dans ses