Tabor, s.m., bruit, tapage, vacarme.
Taborerie, s. f., bruit, vacarme.
Taborie, s. f., bruit, tapage, vacarme.
Taborinière, s. f., celle qui bat du tambour.
Taborneor, s. m., celui qui bat du tambour.
Taborner, v. n., battre du tambour.
Taborois, s. m., grand bruit.
Tabourder, v. n., frapper, heurter,
etc.
Ajoutons un vieux mot poitevin constituant une manière de synthèse : tabus, « bruit, trouble et agitation d’esprit » : « Tout me foit do tabus tont y sé ébaffé[5] » (La Ministresse Nicole, dialogue poictevin, 1665).
On peut donc supposer qu’à force de frapper, d’être frappé ou d’être exposé au bruit, on devient tarborniau, taberlé, taborlo et, peut-être, tabaillot. La même idée se retrouve dans le moderne « frappadingue ».
L’idiot du village
Le grec idios signifie « spécial, privé, particulier ». Il a donné idiôteia, « état du simple particulier », à l’origine du latin idiota, « qui n’est pas connaisseur » (donc, « ignorant, inculte »), qui a donné le français « idiotie ». Il est intéressant de voir que l’idiot du village se rapproche tout autant de l’étymologie grecque que du dérivé latin. À être trop particulier, on est rejeté par les autres et de l’ignorance à l’innocence, il n’y a qu’un pas (d’ailleurs, ne parle-t-on pas aussi, avec le même sens, de l’innocent du village ?). On trouvait autrefois, dans chaque hameau, dans chaque bourgade, dans chaque village, un personnage simple d’esprit qui n’avait pas vu les fées se pencher sur son berceau. Parce qu’il était différent, il était en butte aux persécutions des gamins, à leurs farces parfois cruelles (cet âge est sans pitié !). On le ridiculisait sous des surnoms injurieux. Il était la cible et la risée de tous les habitants. L’idiot du village a progressivement disparu à mesure de l’urbanisation et de l’exode rural. Au mieux, il est devenu anonyme, au pire il s’est retrouvé interné dans quelque hôpital psychiatrique étiqueté sous un nom scientifique compliqué. Il a toutefois laissé sa trace dans le lexique sous forme d’une expression en usage chez les grands-mères quand les enfants s’agitent ou grimacent : « On dirait l’idiot du village ! »
Tu yoyotes
C’est en 1930 que l’homme d’affaires américain Donald Duncan, fondateur de la Duncan Toys Company, acquit et déposa la marque Yo-Yo. Duncan fut le plus important fabricant de ce jouet considéré comme l’un des plus anciens du monde. Le Yo-Yo, dont le nom amusant est d’origine philippine, avait déjà connu une grande mode dans les années 1920. Son succès devint mondial au début des années 1960 et il connut une nouvelle vogue dans les années 1980 quand certaines marques de soda utilisèrent le Yo-Yo comme produit dérivé.
En 1932, soit deux ans après le dépôt de la marque Yo-yo, le verbe yoyoter fit son entrée dans la langue française avec le sens de « jouer au Yo-Yo », preuve du triomphe planétaire remporté par le jouet. L’expression jouer au Yo-Yo ou faire du Yo-Yo prit aussi le sens de monter et descendre alternativement en parlant, par exemple, des prix, des cours de la bourse ou encore, plus récemment, du poids changeant de celle ou celui qui suit un régime.
De « jouer au Yo-Yo », le verbe yoyoter a pris le sens de « perdre la tête, dérailler, devenir fou », l’idée de versatilité appliquée à l’esprit évoquant celle de la folie. Remarquons d’ailleurs qu’être versatile, c’est être lunatique (étymologiquement soumis aux influences de la lune, comme la marée qui monte et descend), donc sujet à une humeur changeante, à des accès périodiques de folie (cf. l’anglais to be lunatic, « être fou »). On trouve aussi des déclinaisons plaisantes de yoyoter dont le complément propose toujours une métaphore de la tête : yoyoter de la toiture, de la cafetière ou encore, de la touffe : « Et toi, tu yoyotes de la touffe ! jeta Olivier oubliant le beau langage » (Robert Sabatier, Olivier 1940, 2003).
BOUGRES
Un drôle d’argousin
« Le bâton est la logique des argousins. Si, l’été, un forçat a soif, et qu’il ose demander à boire, un argousin dit aussitôt : “Que celui qui veut boire lève la main.” Le forçat qui n’est pas encore au fait des us et coutumes de ces Messieurs, obéit ; alors, un des argousins de garde se rend auprès de lui, le frappe rudement en lui disant : “Bois un coup avec le canard sans plume, potence.” »
Vidocq, bagnard évadé devenu chef de la Sûreté en 1809, était connaisseur en matière d’argousins, ces gardes-chiourme qui traitaient les bagnards comme les bourreaux, leurs suppliciés. L’étymologie d’argousin est, du reste, le portugais algoz, « bourreau », avec influence de l’espagnol alguacil, « alguazil, agent de police ». « Agent de police », « gardien de prison » sont d’autres significations d’argousin, mot qui fait partie des cent que Bernard Pivot a voulu sauver.
Quand grand-mère nous traitait de drôles d’argousins, elle ne nous comparaît évidemment à aucun de ces préposés du monde carcéral. Elle choisissait le mot pour ses sonorités cocasses où l’on entendait du Gargantua et du Béhanzin (dernier roi du Dahomey, dont le nom déclenchait le rire). Elle disait drôle d’argousin comme elle aurait dit « drôle de zèbre ».
La bête noire
Cette bête a-t-elle un rapport avec le mouton noir qui, dans bien des langues, symbolise celui qui déroge à la norme et qui, pour cette raison, est rejeté du groupe ? Toujours est-il qu’être la bête noire de quelqu’un c’est être la personne que ce quelqu’un déteste plus que tout autre. L’expression s’applique aussi à ce que l’on n’aime pas et que l’on est pourtant obligé de subir comme avaler de l’huile de foie de morue, faire la vaisselle ou sortir les poubelles. On qualifie encore de bête noire ce pourquoi l’on n’est pas doué et que l’on doit cependant faire : « La cuisine, c’est sa bête noire ! » Delvau (1866) donne de bête noire une définition synthétique : « Chose ou personne qui déplaît, que l’on craint ou que l’on méprise. »
Moins familière mais avec le même sens fut la bête d’aversion : « Je crus encore que vous vous souviendriez que l’ingratitude est ma bête d’aversion ; de bonne foi, je ne puis la souffrir, et je la poursuis en quelque lieu que je la trouve […] », déclare Mme de Sévigné à sa fille (lettre du 16 octobre 1689). La marquise dit aussi, simplement, ma bête, en parlant notamment de défauts qu’elle exècre : « Je craindrais l’avarice, qui est ma bête, mais je suis bien en sûreté de cette vilaine passion » (Lettre du 24 juillet 1689 à Mme de Grignan).