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Malko se retourna. Nasira était debout près du lit, totalement nue, offrant des seins menus aux pointes sombres et allongées et un pubis proéminent d’un noir de jais. Arborant un sourire extasié et lointain de bouddha, tandis que ses doigts par-dessus ceux de Yasmin, emprisonnaient le sexe de Malko et se mettaient à le masser avec douceur. Il s’attendait à un sursaut de Yasmin : cette dernière ferma les yeux, se laissant guider, comme une enfant à qui on montre un nouveau geste. Malko, devant cette situation, sentit son désir renaître instantanément. Il grandit, échappant aux doigts qui l’enserraient. Le sourire de Nasira s’accentua. D’une légère pression sur sa hanche, elle le fit mettre sur le dos. Sans écarter les doigts noués autour de lui, Nasira se pencha et la superbe bouche qu’il avait admirée l’engloutit doucement. Fourreau brûlant, vibrant, avide.

Yasmin regardait, fascinée. Lorsque Nasira jugea Malko digne d’elles, elle retira lentement sa bouche, et dit quelques mots à Yasmin, incompréhensibles pour lui. Aussitôt, la jeune Afghane se tourna sur le ventre. C’est Nasira qui guida Malko en elle, le tenant aussi longtemps qu’elle le put. Puis, agenouillée à côté d’eux, elle le regarda, lui caressant doucement le dos de sa main libre. La situation était si érotique que Malko ne put se retenir longtemps. La croupe élastique de Yasmin semblait le renvoyer chaque fois pour qu’il revienne encore plus fort. Lorsqu’il s’abattit enfin, foudroyé, immobile au fond de son ventre, elle cria et le long râle étouffé d’une femme qui jouit lui répondit en écho, exhalé par Nasira, dont les ongles griffèrent profondément le dos de Malko.

Malko, peu à peu, redescendait sur terre, le corps et le cerveau vidés. Il ne s’attendait certes pas à cette fin de soirée.

Yasmin, épuisée par ses deux orgasmes, semblait dormir. Nasira le contemplait avec un sourire vaguement ironique. Certes son corps était moins parfait que celui de Yasmin, mais Malko regrettait de ne pas lui avoir rendu hommage. Il se dit que ce ne serait que partie remise.

— Il faut que je téléphone, dit-il. Mon ami va s’inquiéter.

Nasira sourit.

— Le téléphone est dans le salon. Dormez ici, vous ne risquez rien. Demain, je vous dirai ce qu’il faut faire pour confondre Sayed Gui et retrouver ceux qui ont assassiné Bruce Kearland.

Comme il ne répondait pas, elle se pencha, effleurant sa bouche de la sienne. Les pointes de ses seins touchèrent son torse et il eut l’impression de recevoir une décharge électrique. Il comprenait encore mieux pourquoi maintenant Yasmin avait si bien supporté les longues absences de son amant. L’espace d’un instant, il revit le chiffon enfoncé dans la bouche du jeune Américain et le poignard fiché dans son ventre. Peshawar n’était pas seulement un lieu de délices, mais le carrefour de tous les dangers.

Chapitre X

Malko regarda la vieille Volkswagen verte s’éloigner, en proie à des sentiments mitigés. Le portier à la barbe orange avait jeté un coup d’œil offusqué à Nasira, en pantalon et chemisier, et la jeune Afghane lui avait retourné une œillade furibonde. Le reste de sa nuit dans la villa s’était passé sans histoires, après qu’il eut prévenu Elko Krisantem de son changement de programme. Il était parti très tôt, alors que Yasmin dormait encore, Nasira ayant proposé de le déposer à l’Intercontinental avant de se rendre à son bureau. Ce n’est que quelques secondes avant de le quitter qu’elle lui avait promis :

— Je vais vous apporter bientôt la preuve que Sayed Gui vous ment. Vous ferez alors ce que vous voudrez. En attendant, prenez soin de vous. Ceux qui ont tenté de vous tuer essaieront encore. Vous représentez un danger pour eux.

De loin, la fumée bleue de la petite voiture évoquait celle qui jaillissait de la lampe d’Aladin. Sous quelle forme allait-elle se matérialiser ? Après tous ces événements, Malko était plus que perplexe. Quelqu’un trahissait. Mais qui et à quel niveau ?

Il vérifia son casier à la réception : pas de message. La clef de Meili était là, la jeune Chinoise était donc sortie. Il lui devait quelques excuses. Et encore, il ne lui dirait pas tout… Elko Krisantem l’accueillit avec un regard de reproche. Il n’aimait pas que son maître courre des risques sans lui. Malko se jeta sous une douche, se rasa, se changea et avala une demi-bouteille de Contrex. Quitte à mettre les pieds dans le plat, il avait certaines questions précises à poser à Sayed Gui. Mais avant, il fallait rendre compte à Fred Hall, le chef de station de la CIA.

Le gros pistolet étant trop lourd pour son pantalon de lin, il le mit dans une pochette en cuir et, flanqué de Krisantem, demanda un taxi. Avant même d’entrer dans le véhicule, il était déjà moite. Il essaya de penser à Yasmin pour se donner du courage, mais la chaleur fut la plus forte, dissipant son phantasme.

* * *

L’indignation assombrissait les gros yeux bleus de Fred Hall. L’Américain serra la main de Malko à lui décrocher le poignet.

— Je sais ce qui est arrivé hier, dit-il d’entrée. La sécurité pakistanaise m’a prévenu de l’incident du bazar. Vous avez une idée ?

Malko s’assit. Il avait laissé Krisantem dans la petite salle d’attente, au rez-de-chaussée. Les Américains, d’habitude, n’aimaient pas beaucoup le Turc. Pas assez décoratif.

— Et vous ? demanda-t-il.

Fred Hall ouvrit les mains en un geste d’impuissance.

— Toujours la même histoire. Mais comment ces types vous ont-ils identifié ? Pour préparer cet attentat, il fallait un dossier d’objectif, avec du monde pour les filatures et tout ce qui s’ensuit.

— Je sais, approuva Malko. Aussi, je me pose des questions. Si on compte vos deux hippies, j’aurais dû être le quatrième mort lié à cette affaire. C’est beaucoup.

— Je dirais même que c’est trop, fit l’Américain, pince sans rire pour une fois. À Langley, le directeur du Middle East Desk commence à grimper aux murs.

Il brandit un paquet de télex, juste déchiffrés, sous le nez de Malko et lâcha entre deux éternuements dus à la climatisation :

— Ils s’affolent là-bas. La Company sait que les « Ivans » préparent un coup : nous le savons, les Pakistanais le savent, les mudjahidins aussi, mais personne n’arrive à découvrir de quoi il s’agit. On a l’air de cons…

Malko eut envie de lui demander de ne pas généraliser. Pour sa part, il faisait ce qu’il pouvait et avait quand même soulevé un lièvre. Pas de sa faute si Bruce Kearland était arrivé à moitié mort à Landikotal. Il restait le mystère de la femme en rouge, et celui du commando lié à elle. Fred Hall avait reposé ses télex et fixait Malko d’un regard interrogateur.

— J’ai rencontré une certaine Nasira Fadool, annonça Malko. Par l’intermédiaire de Yasmin Munir. Elle me semble intéressante. C’est chez elle que Yasmin s’est réfugiée. Qu’en pensez-vous ?

— Nasira Fadool ! s’exclama l’Américain. Bien sûr que je la connais. Nous déjeunons ensemble une fois par semaine. Je considère qu’elle possède les meilleurs renseignements sur les combats en Afghanistan. Elle fait un travail de fourmi, a des tas de contacts, même à Kabul et nous a souvent apporté des informations précieuses. Malheureusement, ajouta-t-il, je suis à peu près le seul à la croire.