Sur ce sujet essentiel et longtemps oublié qu’est le jansénisme du XVIIIe siècle et son rôle dans la genèse de la Révolution, ce roman ne reprend que très partiellement les résultats de la recherche historique, tout à fait stupéfiants depuis une dizaine d’années. Les ouvrages capitaux qui ont inspiré une bonne partie de cette histoire sont les suivants:
Dale K. Van Kley, Les Origines religieuses de la Révolution française, 1560–1791, Yale University Press, 1996, traduction française par Alain Spiess, Le Seuil, L’Univers historique, 2002, nouvelle édition Points Seuil, 2006.
Catherine Maire, De la cause de Dieu à la cause de la Nation, le jansénisme au XVIIIe siècle, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1998, nouvelle édition revue et corrigée, 2005.
Monique Cottret, Jansénisme et Lumières, pour un autre XVIIIe siècle, Bibliothèque Albin Michel Histoire, 1998.
Marie-José Michel, Jansénisme et Paris, Klincksieck, 2000.
Pour le jansénisme au XVIIIe siècle et l’histoire de l’art, on se reportera aux travaux de Christine Gouzi, L’Art et le Jansénisme au XVIIIe siècle, Nolin, 2007 et à son magnifique Jean Restout 1692–1768, peintre d’histoire à Paris, Arthéna, 2000.
C’est grâce à Christine Gouzi que ce roman s’est enrichi des scènes qui se déroulent à Paris, autour de l’église Saint-Médard. C’est grâce à elle que l’auteur a pu avoir accès à la bibliothèque de la Société de l’histoire de Port-Royal et aux manuscrits, tantôt lumineux d’intelligence politique et tantôt terrifiants, de Louis-Adrien Le Paige.
Les derniers vers de Jean Racine, prédisant la destruction de Port-Royal, ont parfois été contestés, en raison de cette étrangeté même, et attribués à Louis Racine, son fils. Georges Forestier, dans son édition de Racine, Œuvres complètes I, Théâtre Poésie, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1999, p. 1107, maintient l’attribution de ces vers publiés pour la première fois dans le Nécrologe de Port-Royal en 1723 «comme étant très probablement de Racine lui-même, dont ils possèdent la violence contenue», p. 1767.
Les Amis de Port-Royal se sont regroupés en 1845, dans la «Société Saint-Augustin». Ils possédaient les ruines de Port-Royal et installèrent à Paris, rue Saint-Jacques, une bibliothèque «janséniste». Elle y réunit des fonds d’archives provenant des parlementaires jansénistes du XVIIIe siècle, comme Louis-Adrien Le Paige, et de nombreux documents laissés par l’abbé Grégoire. Le réformateur de cette société fut Augustin Gazier (1843–1922), professeur à la Sorbonne. La Société devint en 1921 la Société de Port-Royal. En 1950, un groupe de savants, soutenu par François Mauriac et Henri de Montherlant, sous l’impulsion notamment de Charles Mauricheau-Beaupré, conservateur du château de Versailles, créa l’«Association des amis de Port-Royal». Cette association, liée à la Société de Port-Royal, contribue au renouveau de la recherche scientifique sur les deux jansénismes, celui du XVIIe mais aussi celui du XVIIIe. La Société légua à l’État en 2004 les ruines et le petit musée voisin. Le jour de la réunification du domaine, en présence du ministre de la Culture, de nombreuses familles de descendants du jansénisme se sont retrouvées sans s’être donné rendez-vous. Le spectacle était surprenant.
Sur les projets de construction d’un autre palais à Versailles, temple des muses, salle de spectacle et bibliothèque, qui aurait été bâti au-delà de la pièce d’eau des Suisses dans l’axe de l’Orangerie, voir «Relation de la visite de Nicodème Tessin en 1687», Revue de l’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, 1926, p. 149–167 et 274–300.
Ce projet, dont la conception, achevée en 1714 par Carl Gustaf Tessin (fils de Nicodemus Tessin le Jeune) et Carl Palmcrantz, selon les idées développées par Nicodemus Tessin, est resté ignoré de Louis XIV. Il constitue un volume manuscrit de 58 feuillets, conservé à la BNF, département des manuscrits (Ms français, 25157). Il en existe d’autres versions à Stockholm, au Musée national.
Gérard Sabatier, dans Versailles ou la figure du Roi, Albin Michel, 1999, p. 544–546, a finement analysé ce projet en montrant que sous couvert d’exalter Apollon et les muses, il traduisait un «glissement du politique au culturel» et, par son programme décoratif et son sens symbolique, «enregistrait la faillite […] des créateurs du Versailles de Louis XIV».
Sur Nicodemus Tessin dit le Jeune, voir aussi, dans le catalogue de l’exposition Le Soleil et l’Étoile du Nord, Grand Palais, RMN-AFAA, 1994, l’article de Guy Walton et les notices d’œuvres qui l’accompagnent, «Nicodemus Tessin et l’art français», p. 34–60.
Voir enfin, à ce sujet, dans la collection «Les métiers de Versailles», que dirige Béatrix Saule: Patricia Bouchenot-Déchin, Henry Dupuis, jardinier de Louis XIV, Château de Versailles-Perrin, 2001 (nouvelle édition, 2007), une astucieuse évocation de ce projet, p. 171.
En revanche, les historiens de Versailles et de Mansart désapprouveront sans doute l’interprétation qui est donnée à la fin de ce roman de l’architecture de l’Orangerie. Pour une explication canonique de ce grand chef-d’œuvre de l’architecture française, voir Bertrand Jestaz, Jules Hardouin-Mansart, Picard, 2008, vol. I, p. 231–237.
La perspective des jardins vus de la terrasse de l’Orangerie, telle qu’elle est décrite dans le chapitre «Où Wandrille renverse les perspectives», est reproduite notamment dans le texte célèbre, et teinté d’humour, d’un grand historien de l’art à qui rien n’échappait, Erwin Panofsky, Les Origines idéologiques de la Calandre Rolls Royce, dans Trois essais sur le style, traduction de Bernard Turle, Gallimard, Le Promeneur, 1996, p. 148.
Sur le carrosse du sacre de Charles X et le corbillard de Louis XVIII, voir Béatrix Saule, Visite du musée des Carrosses, Art Lys, 1997.
Sur les films tournés à Versailles, voir dans les actes du colloque organisé par Béatrix Saule, L’Histoire au Musée, Actes Sud-Château de Versailles, 2004, l’article d’Antoine de Baecque, «Versailles à l’écran, Sacha Guitry, historien de la France», p. 145–162.
Les prouesses de ceux qui sont ici appelés les Ingelfingen sont librement inspirées de l’histoire des Untergunther, un groupe d’action clandestin qui s’est donné pour but de restaurer à ses frais et dans le respect absolu des règles quelques éléments du patrimoine national. Ils s’introduisent clandestinement dans les monuments historiques là où ils estiment que l’État n’assure pas assez bien son devoir de sauvegarde. À l’occasion de leur restauration de l’horloge du Panthéon en 2007, Le Monde et Le Figaro se sont fait l’écho de leurs exploits. C’est de cette aventure, transposée en 1999, que s’inspire l’action des «Ingelfingen» — du nom d’une branche de la famille princière des Hohenlohe, qui n’a rien à voir avec tout cela.
Nancy Regalado, de même, n’est pas réalisatrice de films à Hollywood, mais professeur de littérature française à New York University. L’auteur lui demande pardon.