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1964

Décès de son père Romain (8 janvier), puis de sa mère Lisette (7 mars). « Ma mère aimait aimer. Mais elle n’aimait pas tellement qu’on l’aime, ça ne lui faisait pas grand-chose… Ou, en tout cas, elle le dissimulait… admirablement… Je ne saurai jamais. » Chante un mois à Montréal, à la Comédie-Canadienne (février-mars). Nouvel album 25 cm (Mathilde…). Décide d’apprendre à piloter (brevets du 1er et 2e degrés, avec Paul Lepanse pour instructeur) et s’achète un premier avion, un monomoteur Gardan d’occasion (octobre). S’installe à l’Olympia, où il crée Amsterdam (du 16 octobre au 19 novembre). « Les gens qui vibrent sur scène sont des gens qui vibrent dans la vie. Le public ne s’y trompe pas. Quand un chanteur arrive sur scène et qu’il s’aime, lui, les gens le sentent immédiatement. Moi, j’ai envie d’aimer et je crois que je crèverai en aimant. » Album 25 cm Olympia 64, prix de l’Académie du disque français ; un premier livre lui est consacré par Jean Clouzet (Seghers).

1965

Fête ses douze ans de chanson à l’Échelle de Jacob, chez Suzy Lebrun (du 21 au 30 janvier) ; nouveau 45 tours quatre titres en flamand ; reçoit les Bravos du music-hall (palmarès annuel de l’artiste le plus populaire, dressé par la revue Music-Hall de Pierre Barlatier). Participe à une manifestation antinucléaire à Bruxelles (28 mars), où il chante Les Bourgeois, repris en chœur par la foule. Tournées incessantes : Pays-Bas, Arménie, URSS (cinq semaines, dont Moscou du 21 octobre — où il doit bisser Amsterdam — au 26 octobre), Canada (Comédie-Canadienne, avec Claire Oddera en première partie)… puis triomphe au Carnegie Hall de New York (4 décembre). « Optimiste ? Non. Je suis parfaitement désespéré et très heureux. »

1966

Dernier 25 cm (Ces gens-là…) ; tournée dans l’océan Indien (Djibouti, Madagascar, Réunion et Maurice du 21 avril au 3 mai), puis en France où, le 21 août au casino de Vittel, il annonce à ses musiciens qu’il a décidé d’arrêter la scène (en fait, la décision est prise depuis un concert à Laon, au début de l’été, où il a doublé machinalement un couplet des Vieux : « J’arrête », dit-il alors à Jojo). Dernier Olympia (du 6 octobre au 1er novembre), avec Michel Delpech en vedette américaine ; le dernier soir, longuement ovationné, il revient saluer sept fois, et une fois encore en peignoir : « Je vous remercie, parce que ça justifie… parce que ça justifie quinze années d’amour… » Le 10, il enregistre dans l’après-midi le « Palmarès des chansons » de Guy Lux (dix chansons en direct, dont Ne me quitte pas) et chante le même soir à la Mutualité pour le gala annuel du Monde libertaire  ; Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (15 novembre), Royal Albert Hall de Londres, tournée au Maroc… Passe Noël en famille à Bruxelles (il vit alors à Paris, XIVe, dans le même immeuble que Brassens).

1967

Création le 22 janvier au Village Gate Theater de New York de la comédie musicale de Mort Shuman et Éric Blau (qui ont traduit ses chansons en anglais) Jacques Brel Is Alive and Well and Living in Paris (elle restera plus de cinq ans à l’affiche et sera présentée dans tout le pays par une quinzaine de troupes différentes, puis un peu partout à l’étranger). Nouvel album 30 cm, Jacques Brel 67 (janvier) ; participe le 23 février à Grenoble, avec Serge Reggiani, à un meeting de soutien à Pierre Mendès France, où il présente son tour de chant intégral (création des Moutons…). Nouveau passage triomphal au Carnegie Hall de New York (février) où, profitant de son séjour, il assiste, bouleversé, à plusieurs représentations de The Man of the Mancha (« Ce qui m’a séduit dans Don Quichotte, c’est le côté anachronique. Il y a tout dans Don Quichotte. Il y a une tendresse incroyable. Et moi, j’aime la tendresse. C’est la valeur à laquelle j’accorde le plus d’importance ») et contacte aussitôt les producteurs pour obtenir l’autorisation de l’adapter en français. « Je crois que quand on attend les choses, elles n’arrivent jamais. Il faut les provoquer. »

Suite de la tournée d’adieu dont le Québec (du 25 mars au 9 avril, avec Renée Claude en première partie) ; ultime tour de chant (en présence d’Eddie Barclay et Bruno Coquatrix) le 16 mai au casino de Roubaix (1 800 places) : « Celle-ci, on ne la refera plus… », dit-il à voix basse aux musiciens après chaque chanson, avant de finir comme toujours par Madeleine et sans revenir pour le moindre rappel. En juillet débute le tournage du film Les Risques du métier d’André Cayatte, où il joue le premier rôle aux côtés d’Emmanuelle Riva.

1968

Tourne en mars La Bande à Bonnot (Philippe Fourastié) ; nouvel album (J’arrive, Vesoul…). Création de L’Homme de la Mancha à Bruxelles, au Théâtre royal de la Monnaie (du 4 octobre au 13 novembre). « Don Quichotte est l’anti-espoir, il n’attend rien, il fait avec ce qu’il a. Et ça, c’est formidable. On vit dans un monde où les gens ont l’air d’attendre presque tout, et je crois que c’est la source du malheur. » Album enregistré en studio (du 23 au 27 novembre) avec Jean Calon dans le rôle de Sancho Pança, puis première parisienne au Théâtre des Champs-Élysées (10 décembre) avec Robert Manuel à la place de Dario Moreno, décédé brusquement à Istanbul (30 novembre). « Les barricades de Mai 68 étaient parfaitement du don quichottisme, bien plus que de la contestation. Cela a plus ressemblé à un rêve qu’à une révolution. »

1969

Table ronde avec Brassens et Ferré (Paris, 6 janvier). Dernière de L’Homme de la Mancha (17 mai). Au printemps, prend des cours d’escrime et d’équitation pour tourner Mon oncle Benjamin d’Édouard Molinaro (juillet-août). Pour Le Temple du soleil, dessin animé tiré des aventures de Tintin, il signe deux chansons enregistrées par Lucie Dolène et rencontre Hergé à cette occasion. Écrit les paroles de douze chansons (musiques de François Rauber) pour un projet de spectacle jeune public de Jean-Marc Landier, Le Voyage sur la Lune. Commence à Genève une formation de vol aux instruments avec le pilote Jean Liardon qui va devenir l’un de ses meilleurs amis (octobre). Achète son troisième avion, un Wassmer Super 4 (novembre). Enregistre Pierre et le loup et L’Histoire de Babar accompagné par l’orchestre des Concerts Lamoureux (12 novembre).

1970