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« En regagnant son domicile qui se trouve à deux pas, Joël Larmiche est trucidé de propos délibéré par un mystérieux automobiliste.

« Nota : s’agit-il d’un règlement de compte ? Ses “employeurs” de la filière “came” ont-ils su qu’il avait été interpellé, conduit à la Grande Maison, puis relâché ? Possible. Qu’ils veuillent s’assurer de son silence paraît logique.

« Quelques heures à peine après la mort de Larmiche, un couple arrive dans l’impasse qui servait de garage à Larmiche et d’alcôve à Bérurier et se met à fouiller l’auto. Ce n’est pas le cadavre de Lalètra Elise qu’il cherche puisque ces deux mystérieux personnages inspectent l’habitacle et regardent sous les banquettes avant d’ouvrir le couvercle de la malle arrière. Alors quoi ? De la came ? S’agit-il d’un autre département de la filière à laquelle appartenait “Tarte aux fraises (des bois)” ? On pourrait admettre qu’il existe une section “règlements de comptes” et une section “récupération”.

« Ce qui est troublant, c’est que le dernier type, ce Lugo Lugowitz, identifié par Mathias, est un seigneur de l’action directe ; il ne travaille pas dans la bricole, lui. Voyez-vous, mes drôles, selon moi, là réside le vrai mystère. »

— Somme toute, note Jérémie, ce Joël Larmiche est un type beaucoup plus mystérieux qu’il n’en a l’air.

Exultation fiévreuse du Féculé.

— Ah ! t’vois, Tonio ! Même un nègre pense comme moi ! On a laissé passer l’heure av’c cézigue. Fallait y écraser l’museau, y arrachecher les burnes, y brûler la plantigrade des pieds !

— O.K., on lui écrira tout ça ! fais-je. Maintenant, quelqu’un a-t-il une suggestion à formuler concernant la suite de l’enquête ?

Jérémie lève le doigt.

— Oui, Blanche-Neige ?

— Rue du Poteau-Rose, fait-il laconique.

— Développe !

— Il conviendrait d’enquêter auprès du sculpteur et de sa femme pour savoir s’il y a eu des allées et venues autour de la voiture de Larmiche ces derniers temps. De même, il conviendrait d’aller à son domicile pour parler avec ses familiers.

— C’est ce que je comptais faire, assuré-je. Toi, va avec Bérurier dans l’impasse, puisqu’il est introduit auprès de l’épouse du Rodin de Belleville. Et toi, Mathias, j’aimerais que tu interviewes la vieille concierge que Jérémie a déjà rencontrée.

— Elle n’a rien de plus à déclarer, assure M. Blanc, piqué.

— Probablement, mais deux interlocuteurs valent mieux qu’un seul !

— Et moi, demande âprement Violette, je continue de me faire les ongles ?

— Non, j’ai même un boulot délicat à te confier ; je t’expliquerai de quoi il retourne après le départ de nos amis.

Le Gravos ramasse son bitos sur le parquet ciré.

— Si qu’on serait d’trop, gêne-toi pas pour nous l’dire, raille l’Obèse.

Ils sortent, pensifs. On arrive mal à se faire au nouveau climat consécutif à mon irrésistible ascension. On est comme empêtrés dans du sirupeux. Ça fait comme si nous avions perpétré quelque chose de honteux, tous, du moins de pas glorieux. A escalader l’échelle sociale, on finit par manquer d’air.

On reste emberlificotés dans un silence de gueule de bois, Violette et moi.

Elle finit par demander :

— C’est vrai que vous avez du travail à me confier ?

— Tout ce qu’il y a de vrai.

— J’aurais plutôt cru que vous aviez envie de baiser. Il y a une curieuse lueur dans votre œil.

— L’un n’empêche pas l’autre.

— Pour moi, ça devient intenable, assure-t-elle. Vous me laissez prendre l’initiative ?

— Fais à ta guise.

— Surtout, ne bougez pas !

— Je m’en garderais bien !

L’Excitée s’approche et s’insinue entre mon fauteuil et le bureau. Elle trousse gentiment sa jupe à plis et s’assied sur le sous-main de cuir (Cordoue, pour son corps fou).

Elle a une agilité simiesque, la gueusette ! Pose chacun de ses pieds sur mes accoudoirs, puis, nonobstant l’inconfort, se penche pour s’attaquer à ma braguette qui n’a jamais été l’une des grandes places fortes de l’Histoire. Elle préambule par des caresses, du dos de la main, manière d’éveiller l’éventuel dormeur ; mais il y a longtemps que le bonhomme en bois des Galeries Tâte-fesses s’énerve dans son gîte.

— Si tu continues, l’extraction deviendra difficile, l’avertis-je (tige).

— C’est cela que je veux.

Tu vois, c’est une vraie salope, une scientifique du radaduche. Elle m’obtient le pic d’Aneto en moins de temps qu’il n’en faut à un radar pour prendre ta photo de dos au volant de ta tire quand tu roules à deux cents pour épater une frangine.

Ensuite, elle entreprend de me la déharder. Opération laborieuse, la bête se montrant rétive, fière et dominatrice ; mais Violette possède une technique à toute épreuve. Elle engage sa main par l’échancrure de mon décolleté pour empoigner Mister Ziffolo au raz des moustaches. Son avant-bras plaqué contre le personnage, le protège d’éventuelles éraflures pouvant consécuter de la fermeture Eclair. Voilà le petit ermite à l’air, ébloui par la lumière, déconcerté et dodelineur.

Alors satisfaite, l’exquise dompteuse prend du recul pour contempler cette réussite absolue de la nature qu’est mon paf. Ses lignes aérodynamiques, sa grâce, son maintien, sa nonchalance naturelle, ses mouvements de dandy la fascinent.

Au bout d’un moment d’enchantement, elle murmure :

— Voyez-vous, monsieur le directeur, il en est de plus forts, il en est de plus longs, mais aucun qui possède cet aspect appétissant. Votre membre est denrée comestible avant tout. Et puis il est harmonieux. Tout sexe masculin bandant exprime naturellement la virilité, pourtant le vôtre comporte un must. Il est… sexy. Oui, vous possédez un sexe sexy, et je vais vous faire une confidence : c’est rarissime. Il en est tant et tant de rougeauds, de balourds, d’arqués, de fripés, de violacés ou de grisâtres, de sinistres, d’étiques, d’informés, de minuscules, de tristes, de ridicules, d’écœurants ! Oh ! oui, monsieur le directeur : d’écœurants ; ça, surtout ! Leur propriétaire vous supplie de le sucer, alors, parce que vous vous êtes placée dans cette situation et que vous êtes bonne fille, vous faites droit à sa demande. Et vous voilà avec un paquet de couenne crue dans la bouche, désemparée, haïssant cette soif d’amour qui vous a conduite à ce traquenard ! Tandis que là, oh ! le bonheur simple et tranquille ! Cet équilibre ! Cette harmonie ! Vous avez un vit en vie ! Sobre, sûr de lui, vibrant, fabuleusement présent. Un membre actif, si j’ose dire, mais actif dans la joie. Pas un braquemard de soudard ; c’est le sexe enjoué de Bel-Ami. Je vais au bout de ma pensée ? Cette queue est française, monsieur le directeur ; typiquement française. Elle s’écoule mais ne tarit pas ! Elle donne faim. Elle chante au ventre. On voudrait s’endormir joue contre joue avec elle.

Epuisée par sa diatribe, elle se tait, avance ses mains jointes sur Gentleman Jim. Les deux proues de ses menottes se disjoignent pour cueillir la belle zézette en sandwich. Elle garde ses paumes bien à plat et se met à exercer un lent mouvement de tréfilage qui me donne l’impression d’allonger mon pénis. Sensation délicate.

Violette me sourit béatifiquement[4] en exécutant cette suave manœuvre. Ah ! l’altruiste enfant ! Comme on sent qu’elle aime dispenser le plaisir, plus encore que le recevoir.

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4

Je ne peux participer à une émission littéraire sans entendre baver sur l’adverbe. Hier encore, un docte disait, parlant d’un livre, qu’il était écrit dans une langue très pure : sans adverbes ! Tu connais la définition du mot ? « Adverbe : mot invariable qui modifie le sens d’un verbe, d’un adjectif ou d’un autre adverbe. » Pourtant, l’adverbe c’est la poésie de la phrase. Je suis éperdument adverbiste car, pour moi, une littérature sans adverbe, est une cuisine sans sauce ou une femme sans poils !

San-A.