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Bon gré mal gré, ta merveille, sollicitée sur tous ses points névralgiques, va relâcher des cuisseaux « Rome ville ouverte ! » Te reste plus qu’à envoyer tes éléments de reconnaissance. Patrouille de cinq ! Caresses générales pour soporifier la place. Et puis chaque fantassin à son poste ! Le majeur dans la cagna, c’est justice, suivi le plus rapidement possible de l’annulaire, auxiliaire de valeur. L’index et l’auriculaire assurent l’émoi extérieur. Y a que le gros pouce pataud qui attend son heure, le madré. En réserve de la République, monsieur Gaston !

Effectivement, au bout de beaucoup, quand l’adorable balance sur la crête des délices, modification des positions ! Les duettistes médius et annulaire se retirent doucement et promptement remplacés par Mgr le pouce Gaston qui travaille davantage en torsion qu’en piston, ce qui donne une variante plus capiteuse au plaisir.

Alors, l’infatigable médius, héroïque et dûment lubrifié, va à l’exploit. Il glisse sournoisement vers l’œil de bronze pour le conquérir. Technicien d’élite, il sait la technique à employer. Avant tout, la patience. Ne pas découvrir tout de suite son (noir) dessein. Qu’il aille son amble, comme un cheval dressé. Bon, il se dirige vers la bagouse crénelée. Une pente naturelle ne l’y conduit-elle pas automatiquement ? La végétation se tarit. Il atteint les bords du cratère, paraît hésiter, feint de s’en éloigner ; puis se ravise, le coquine. Oh ! mais dites donc ! Y aurait pas bono, par là ? Permettez ?

Le pouce Gaston turbine à fond. Il demi-cercle à toute vibure comme pour nettoyer l’intérieur d’un verre.

La jolie idolâtrée ne sait plus bien qui est qui ni où va quoi. Alors, le crapulard médius décide d’entreprendre son hibernation et se faufile dans le labyrinthe. Maintenant tu lui mords les seins, à la Merveilleuse, la féerie buccale est dépassée. Le plaisir, mon pote, ça descend, que veux-tu, ça descend !

Tu laisses mijoter encore cinq minutes, jusqu’à ce que tu entendes gémir au-dessus de toi. Top ! Tu interromps sèchement le traitement. Faut que ce soit brutal, presque douloureux. Mais vite tu dégaines le Chevalier Blanc (pour Blanc, c’est le Chevalier Noir). Si le slip n’a pas encore rendu l’âme, tu le soudardises d’un coup sec, quitte à meurtrir la chérie. Ne crains pas : elle en est à l’amour douloureux, à l’amour violent ! Elle en a besoin, faut lui accorder son dû. Et c’est l’entrée de Napoléon à Notre-Dame pour le sacre.

La belle, la frénétique troussée s’organise. Une jambe par-dessus un accoudoir, l’autre sur la table basse. C’est tordu, biscornu, mais si bellement farouche. Tout homme a plus ou moins un complexe de viol rentré.

La petite commence son chant des siècles, si mélodieux. Alors, à cet instant, Félicie, la chère incomparable, met son vieil électrophone en marche afin de couvrir nos éventuelles bruyances. Elle fait mouliner un 78 tours qui grince un peu dans les virages. Ramona, par Saint-Granier.

De circonstance, non ?

Ramona J’ai fait t’un rêve merveilleux. Ramona Nous étions partis tous les deux. Nous allions lentement Loin de tous les regards jaloux Et jamais deux amants N’avaient connu de soir plus doux.

Quand j’étais chiare, je faisais marrer ma cousine Huguette en parodiant la chanson.

Je chantais :

Ramona T’as pris ma bite pour du nougat.

J’avais des dons de con. J’aurais pu le devenir complètement. Etre heureux avec la majorité silencieuse. Et puis je me suis mis à gamberger et tout a capoté. A présent je suis plus de nulle part.

Juste un enfant perdu que personne n’a trouvé.

Mais qui baise !

ENTREMÊLAGE

Il l’avait surnommée Natacha (son vrai prénom), à cause de sa tenue qui évoquait une « amazone des neiges ». Elle portait, ce jour-là, un manteau de daim grossier bordé d’une fourrure douteuse aux manches et au col. Il passa lentement, au volant de sa grosse Volvo défraîchie. Le manteau de la fille était ouvert et il put apercevoir ses longues jambes et sa poitrine agressive. Il faillit s’arrêter mais quelque chose le mit en alerte et il poursuivit son chemin. Tout en conduisant, il regardait derrière lui, par le truchement de son rétroviseur. Il distingua une petite Peugeot de couleur claire stoppée à quelque distance de « Natacha », le long du Bois, sur une zone interdite au stationnement. Pourquoi ce sage véhicule le faisait-il tiquer ? Une femme se trouvait au volant qui ne tapinait pas et paraissait attendre. Mais attendre quoi ?

Pach se rangea sagement le long de l’allée, coupa le moteur et attendit à son tour. Son instinct l’incitait à la patience. Pour tuer le temps, il brancha la radio et capta un poste qui diffusait de la musique « sérieuse ». Du Haendel. Pach raffolait de la grande musique. Il lui arrivait de passer des heures à en écouter au cours de ses nuits d’insomnie. Il la faisait jouer en sourdine et elle remplaçait le sommeil qui lui manquait tant !

Il continuait de surveiller « Natacha » dans son rétroviseur de droite, ainsi que la « femme à l’auto » dans celui de gauche. Au bout d’une assez longue attente, une voiture vint se ranger devant la prostituée, elle parlementa brièvement par la portière entrouverte et monta. A peine le couple venait-il de démarrer que la Peugeot crème le prenait en filature.

Pach se rembrunit. Il n’aimait pas ça du tout. Toutefois, il se félicitait d’avoir éventé la ruse. Petite machination policière destinée à le « coiffer ». On s’était servi des médias pour l’alerter à propos de la catin et l’inciter à la supprimer. Il n’était pas du genre assassin bravache qui défie la police et prend des risques pour qu’on parle de lui. Il n’avait que faire d’une sanglante renommée et tenait à sa quiétude. Tout ce qu’il souhaitait, c’était d’assouvir sa passion meurtrière sans se faire arrêter.

Il démarra à son tour, bien résolu à ne jamais plus se risquer dans cette partie du Bois.

CHAPITRE SEPT

SANS LEQUEL CE LIVRE

NE POURRAIT ÊTRE CONDUIT

À SON TERME

L’un des deux flics est un maigrichon qui a dû se raser avec une pelle à gâteau, voire un coupe-papier, tellement il lui végète encore de sales poils sur la gueule. Il porte un complet de velours qui fait des poches aux coudes, aux genoux et… aux poches. Cravate de cuir pour délégué syndical. Deux dents en or, sur le devant. Une hanche en plastique, sur le derrière. Un sourire obséquieux sous une moustache de mulot des champs.

Son compagnon, comme toujours depuis Laurel et Hardy, est grand, fort, rubicond, avec un œil qui tourne mal et la béatitude du con sur toute la surface de sa physionomie. Il est vêtu d’un jean qui déguise son énorme cul en ballon captif, d’un très vieux blouson de cuir dont les deux bords ne se rejoindront jamais plus, et d’un T-shirt sur lequel est écrit « Le Musée est ouvert tous les jours, même le mardi ». Une flèche part du nombril pour plonger dans le pantalon. C’est sobre et, somme toute, assez amusant. Mais il ne faut pas grand-chose pour me faire marrer, je l’admets.