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Elle m’implore de lui plomber ventôse, après lui avoir niqué pluviôse, mais je trouve que c’est pas l’heure de prendre du chouette, aussi demeuré-je ferme sur mes positions et regagné-je ma carrée, ma bite sous un bras, mon pantalon sur l’autre.

Tu m’accordes qu’avec mézigue, fils unique et préféré de Félicie, ça ne chôme pas. L’action et le cul tournent à plein régime.

Si je te disais que je ressens un contentement quasi organique à me retrouver seul. Etre à l’abri du parler d’autrui, de ses ondes, de sa connerie ambivalente, de son regard jamais tout à fait gentil et si souvent tout à fait féroce ! Ah ! le Sartre ! « L’enfer c’est les autres ! » Bien vu, Jean-Paul !

Je lâche mon paquet de hardes sur le serviteur-muet. La flemme de mettre le futal au pressing électrifié et la veste sur le cintre large comme de vraies épaules de jules. La limouille au sol, le slip idem, avec les mocassins. Le voilà Jésus en plein, ton Sana, l’arsouille. Le pénis passé au blanc d’œuf scintille dans la lumière des savantes loupiotes. Me gratte les meules, comme le fait si volontiers Béru, puis le dessous des roustons qu’on n’aère jamais suffisamment.

Alors quoi ? Je me couche ou je travaille ?

Un fécond comme moi choisit toujours le devoir.

Je vais donc chercher les trois sacs.

Nib ! Ils ont disparu. Que signifie-ce ?

J’explore les placards et implore Saint-Antoine de Padova ; mais rien !

Faut gamberger ; tout comporte une explication, le plus léger mystère.

Ces papiers auraient-ils été évacués par une soubrette venue faire la couverture et qui a cru que ces sacs de plastique bourrés de fafs étaient destinés à la poubelle ?

L’ennui, avec les domestiques, c’est qu’on les paie pour briquer notre existence, alors, comme parfois ils sont honnêtes, ils en font trop. Et à force de nettoyer, ils détruisent. Ils ignorent que leurs glorieux patrons cousus d’or ont besoin de misérables petits riens qu’ils ne voudraient pas pour eux-mêmes.

Peut-être que Pinuche a eu envie de mettre son grain de sel dans notre provende afin de l’étudier dans sa chambre ?

On verra ça tout à l’heure ; décidément, j’ai trop besoin de dormir.

7

CHAPITRE CÉROFÉRAIRE

La moitié inférieure de Béru (sa plus intéressante) étant hors d’usage, Harold J.B. Chesterton-Levy, reporta le tournage précipité de « Trois Zobs dans une brouette » à la semaine suivante pour laisser au Gros le temps d’être opérationnel. Je décidai de mettre ce retard à profit pour aller enquêter à Morbac City, la fameuse agglomération où se trouve « le banc des amoureux ». Je trouvais cette romantique légende très belle bien qu’un peu cucul-la-praline ; mais le peuple possède un instinct infaillible quand il s’agit de se fixer des hauts lieux émotionnels. Il chiale toujours à bon escient, réservant ses larmes pour des conneries au lieu de les consacrer bêtement à des affaires de boîtes-pipoles, de famine abyssine ou à des tremblements de terre mexicains que je te demande un peu ce qu’on en a à branler, nous autres dont l’échelle de Richter est en fonte renforcée !

Angela, bien que chagrine de me voir partir, arrange les bidons avec son boss pour qu’il nous prête un de ses seize jets. Elle a, sur le magnat du cinoche, un pouvoir qui me donne à penser des choses fuligineuses. M’est avis que la toute belle doit marner du slip à ses moments perdus ; mais que celui qui ne l’a jamais baisée lui jette la première capote anglaise !

Je dois inclure ici une information sans laquelle un esprit vétilleux comme le tien serait chagrin : je n’ai pas retrouvé mes trois sacs de documents arrachés de la maison de Venice. Pinaud ne les a pas pris et les domestiques nient énergiquement les avoir balancés dans le vide-ordures. Dois-je en conclure qu’on me les a chouravés ? Je n’ose. Qui donc aurait pu s’introduire dans ma chambre aux insus de tous ? Les tortionnaires-tueurs de la nuit ? Ou alors ils disposaient d’une complicité dans la place. Le dollar est, aux States plus qu’ailleurs, une clé de papier qui ouvre toutes les consciences !

* * *

Il est quinze heures dix, heure locale, quand le zinc de notre bienfaiteur nous dépose au petit aérodrome d’Hysterical Gold, dans l’Utah, qui dessert Morbac City, distante d’une vingtaine de miles. Un soleil de plomb, gris et triste, écrase le paysage désolé où l’ombre de notre avion est la seule qui s’imprime sur le sol. Tout est plat, sans végétation. A l’ouest, une chaîne de montagnes également blanches, mais il ne s’agit pas de neige : c’est de la roche !

Le pilote a établi son plan de vol avec la concierge du cousin germain de celui qui contrôle le « terrain d’aviation » (comme on dit en Suisse) et elle a oublié d’en faire part à qui de droit, car on ne voit personne dans le secteur.

— Good luck ! lance le jet-driveur en envoyant les gaz.

Sa mission est remplie. Il nous a chiés dans ce désert, comme il en avait reçu l’ordre, et se grouille de regagner l’Os-en-gelée où sa souris l’attend pour une calçade expresse.

— Quel bled de merde ! lamente Béru. Y a lurette qu’y z’ont pas dû arroser les pelouses !

Brusquement, parce qu’il est en grand désarroi mental, le Marquis y va de son chant du coq. Celui-ci se répercute dans le désert et va mourir au loin.

Là-dessus (biscotte le soleil, on préférerait que ce soit là-dessous !), nous gagnons la construction en préfab, blanche comme le reste (ne manque plus qu’un dominicain dans le paysage), histoire de vérifier s’il existe un espoir de vie organique sur ce territoire, ou bien s’il serait préférable de se rabattre sur Mars ?

L’aéro-club est ouvert. Il mesure cinq mètres sur six et se divise en deux parties : l’une servant de tour de contrôle, l’autre de salle d’embarquement-bar. Près d’un comptoir en Formica, à l’unique table, est avachie une grosse rouquine sans âge, au visage ravagé par l’alcool et les bubons. Ses cheveux flamboyants et gras pendent au-dessus de la table et jusque dans sa bière.

— Hello ! lui lancé-je.

Mais je ne lui fais même pas broncher une paupière. Alors je passe dans le local contigu où un type à barbe dort devant des appareils crépitants, un casque d’écoute sur sa tronche hirsute.

— Hello ! relancé-je en mettant du guilleret dans mon intonation.

Ça lui fait l’effet inverse de celui que j’espérais. Il pose son front sur son bras replié pour une roupillade plus confortable et y va d’un ronflement en comparaison duquel celui du zinc qui vient de nous cracher n’est qu’une respiration d’adolescente masturbée.

Je m’approche et le secoue.

— Quoi, merde ? éructe-t-il[8].

N’a pas même déverrouillé un lampion, ce vieux zob en tire-bouchon.

Décidément, la femme du bar et lui (probablement constituent-ils un couple ?) sont nazés à bloc. Je me dis que s’il n’y avait que ces deux-là pour faire fonctionner Roissy-Charles-de-Gaulle, les ambulances ne sauraient plus où donner du brancard.

Vaincu par l’inertie, je vais rejoindre mes potes. Le Tuméfié a pris les choses en main et, assisté du Marquis de service, met à sac le réfrigérateur. Il distribue force bières fraîches, m’en tend une que j’accepte et s’octroie une boutanche de vin blanc de Californie égarée dans cette aventure.

Je musarde à la recherche d’un poste téléphonique et en dégauchis un derrière le comptoir. La providence qui ne me perd jamais de vue très longtemps a fait placer un petit écriteau rouge avec le mot « Taxi » écrit dessus, ainsi qu’un numéro.

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8

Je t’ai fait une traduction simultanée, pas te compliquer la lecture.