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La veuve Clito, c’est le plus joice des préambules. Ça vaut toutes les gaufrettes salées de chez Fauchon !

T’attaques circulaire. Tu balises l’entonnoir. Force centripète ! Une langue fourrée peut ajouter à la volupté. Rien brusquer : le temps est à nous. La nuit ! Quel beau cadeau qu’une nuit d’épanchements ! Mignonne allons voir si la rose…

J’aime mon existence butineuse. Je voltige de femme en femme, de bouche en bouche, de chatte en chatte. Tout recommence : la ronde des sens. Les gestes éprouvés. T’attends des réactions qui finissent par se produire, conformes à ce que tu espérais. Tu crées l’amour ! Tu le vis.

Elle ne dit mot.

Consent.

Passe le temps, sonne l’heure ; l’ennui s’enfuit, je demeure.

Ça s’éternise. Je me dis qu’il serait sot d’interrompre le sortilège pour jouer les cosaques du don (sans majuscule). Coltiner madame jusqu’à une couche, la dépiauter, l’entreprendre autrement. On verra plus tard : mañana ! Rien ne presse. J’aime lui tenir lieu d’oreiller. La caresser dans le silence de la maison cernée par le vacarme extérieur. Baiser sa bouche tout en touillant son frifri. La voilà qui se met à trembler. Oh ! ça annonce le grand départ, ça, je te le dis. La danse de Saint-Guy dans cette situation est éloquente. Le tremblement s’accentue. Elle chevrote comme saisie par le froid, alors qu’à l’extérieur, la température avoisine encore trente degrés Celsius. Son dargif manque m’échapper tant tellement qu’elle rodéote avec, Ivy ! Pas souvent qu’elle prend un panoche de cette envergure, la chérie. Et puis elle crie deux syllabes révélatrices :

— My God !

Ne se met pas à glapir des « Je jouis ! Je pars ! Je te donne tout ! » ou des conneries du genre. Non ; elle, épouse de pasteur, quand un amant la fait reluire, ça reste « Mon Dieu ! ». Beau, non ? Edifiant. Comme quoi tu peux te faire éclater la moule en conservant ta classe et ta dignité ! Foin de « Je la sens bien, ta grosse bite ! », voire de « Tu me défonces le pot, salaud ! » Ivy, simplement « Mon Dieu ». Oui, son God for ever, en toutes circonstances, adultère, pas adultère ! Je m’incline.

Après ces préliminaires, nous marquons une pause pour la publicité. Au cours de laquelle nous nous endormons. Elle, vaincue par trop de jouissance intense, moi par trop de fatigue non encore évacuée.

Dehors, les gaziers de Morbac City font un chahut de tous les diables.

Ce qui me sauve, c’est que cette maison soit en bois, comme j’ai eu le grand honneur et le vif plaisir de t’en informer y a pas si longtemps, cherche quelques pages plus avant, tu retrouveras.

C’est une succession de craquements qui m’alerte. Ils ont de particulier qu’on cherche visiblement à les étouffer. Il est à peu près certain que la personne qui se pointe nuitamment a ôté ses grolles.

San-Tonio toujours… prêt !

Je soulève mon hôtesse, ce qui a l’inconvénient de la réveiller.

— Qu’est-ce que ?…

La paume de ma main gauche l’empêche d’en causer plus.

— Chuuuut ! ponctué-je.

La dépose sur le divan, tout en lui faisant signe de se taire.

De mon doigt sorti de sa chatte et que je garde dressé, j’attire son attention.

Elle perçoit les craquements et répète « My God », mais pour une raison différente.

Là, je suis pris de court, comme disait une naine violée. J’aurais de l’outillage, je ferais le malin. Hélas, me voilà sans arme. J’opte pour la solution bateau, conne à chialer sur son plastron. Je me saisis d’un buste représentant Wagner et me place derrière la lourde. Il est heureux que le pasteur Marty soit un inconditionnel de « la Tétralogie », sinon je n’aurais eu qu’un éventail ancien à me mettre dans la poigne.

Les glissements craquants se rapprochent. Un effleurement. Le loquet de la porte se soulève, le battant s’écarte. Par l’ouverture qui se déclare le long des gonds, j’aperçois une silhouette de clown. J’en suis basourdi. Evidemment, il est fastoche de se déguiser en cette période débridée.

L’arrivant entre à pas de loup (je cherchais une métaphore originale, merci, my God, de me l’avoir soufflée). Il regarde la pièce plongée dans l’ombre et avise la dame récamièrement allongée. Comme il s’en approche, ton San-A adoré bondit en tenant un fameux compositeur allemand par le cou et l’abat sur la tronche du visiteur.

Mais le clown possède des réflexes de chat. Il me perçoit, volte. Dans sa rotation, il dérouille Wagner sur l’épaule.

La statue est en marbre (Wagner le mérite) ; la clavicule du type se brise (elle le mérite également). Le clown tenait un pistolet de sa main droite : il le lâche. Je file un coup de pompe dedans, l’arme file recta sous un meuble. Dès lors, le gars bat en tu sais quoi ? Oui : retraite. Je me précipite à sa suite. Comme son bris de clavicule ne l’empêche pas de courir, il est déjà à la porte.

Je crie :

— Halte, ou je tire !

Il s’arrête pas, je ne tire pas non plus vu qu’il n’y a qu’un flingue dans cette pièce et qu’il est pour l’instant sous un bahut double corps dont la partie supérieure forme vaisselier, ce qui a permis à Ivy d’étalager des assiettes faussement anciennes de fausse porcelaine en faux Delft que ça représente des cons d’Hollandais en costume national à la con devant des moulins à vent, cons également, et par définition, puisque l’on dit toujours « con comme un moulin à vent ».

Quand j’arrive à la porte, il est déjà dans la rue et, quand j’atteins la rue, le clown est dans une bagnole au volant de laquelle l’attendait un complice. Comme elle démarre en trombe, je ne puis la rejoindre. Fin peut-être provisoire de nos relations.

Retour auprès de ma dame pasteurisée.

Elle n’est pas trop commotionnée. Mon intrépidité augmente sa mouillance. Mon esprit de décision, l’efficacité de mon intervention, lui font bâiller la craquette.

Elle croit dur comme ma bite à un cambrioleur. La chose s’est déjà produite à Morbac City, pendant que ses habitants font les connards lors des festivités du banc ! Je la rassure au mieux, et comme l’appétit m’est revenu pendant ce somme de bête (et non pendant cette bête de somme), que mon bébé joufflu est déjà en train d’adresser mille grâces à mon hôtesse avec sa belle tête casquée armée suisse, je lui remets le couvert, avec comme variante une tournée d’inspection dans l’œil de bronze, ce qui ne va pas sans plaintes ni supplications ; mais les unes et les autres sont formulées d’un ton qui me permet d’espérer une imminente planification de ce nouveau type de rapport.

Je l’en conjure en lui chuchotant des promesses plus ou moins fallacieuses à propos de la complète disposition de son corps, ce qui est une forme d’affranchissement à laquelle une femme moderne ne doit pas se dérober, et puis que ça ne mange pas de pain et bouche toujours un trou.

L’opérant en douceur, avec le maximum d’égards qu’on peut témoigner à une dame dans cette situation, elle se rend à mes raisons et, qu’elle soit feinte ou sincère, paraît éprouver, en fin de compte, une vive satisfaction.

Je suis donc en totale possession de cette personne après ce nouvel exploit sexuel ; mais nous autres, les grands pros du cul, avons une manière quasiment humble d’assumer ces débordements. Notre virilité déferlante représente, à nos yeux, rien de plus que son diplôme pour un médecin ou un avocat. Elle nous est acquise, l’existence nous la fait exploiter et elle nous apporte des avantages dont nous devons remercier la Providence. Le grand Brassens a écrit (et chanté) qu’un don n’est rien qu’une sale manie ; pouvoir faire de la sale manie en question une règle de vie et la récompense permanente de notre corps par ailleurs si contraignant, est une faveur insigne qu’il convient de se faire pardonner en gardant la tête froide.