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*Titre : *La Grande encyclopédie. 14, Moyen âge-Ostie / Larousse

*Auteur : *Larousse

*Éditeur : *Larousse (Paris)

*Date d'édition : *1975

*Type : *monographie imprimée

*Langue : * Français

*Format : *P. 8241-8908 : ill. en noir et en coul. ; 30 cm

*Format : *application/pdf

*Droits : *domaine public

*Identifiant : * ark:/12148/bpt6k12005256

*Identifiant : *ISBN 2030009148

*Source : *Larousse, 2012-129444

*Relation : *Notice d'ensemble :

http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb342941967

*Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb345721945

*Provenance : *bnf.fr

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Volume 14

Cet ouvrage est paru à l’origine aux Éditions Larousse en 1975 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Éditions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF

pour la bibliothèque numérique Gallica.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14

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Moyen Âge

(art du haut)

La disparition de l’Empire romain n’entraîna pas ipso facto celle de la culture antique et pas davantage celle

de l’art du Bas-Empire.

La nostalgie d’un passé regretté

entretint la fidélité à la tradition artistique romaine, d’autant mieux que les

« Barbares* » installés en Occident ne lui étaient pas nécessairement hostiles.

Ceux-ci n’apportaient rien avec eux qui pût être substitué à cette culture.

Bien mieux, les rois et l’aristocratie germaniques adoptèrent le genre de vie de la classe dirigeante romaine. Ils habitèrent dans ses palais et ses vil-lae. Leur attitude vis-à-vis de l’art fut celle des Romains. Ils le considérèrent comme un instrument de prestige et de propagande. C’est ainsi que la très longue période du haut Moyen Âge, allant des Grandes Invasions du Ve s.

à l’apparition de l’art roman*, présente un caractère constant : son admiration pour la culture romaine.

On ne s’immobilisa pas cependant

dans ce sentiment, car les sources de nouveautés ne firent pas défaut.

Il y eut d’abord ce fait d’évidence : le monde n’était plus le même. La sensibilité de l’Occident se transforma profondément avec l’installation sur son sol des peuples des Grandes Invasions, et tout autant son goût artistique.

Par ailleurs, le développement des arts ne s’effectua pas en vase clos. Des contacts s’opérèrent avec Byzance, qui en imposait par son haut degré de culture. Or, si l’art byzantin* maintenait d’authentiques traditions antiques, il les transformait en faisant à l’Orient une place de plus en plus grande. À travers Byzance, l’Occident eut connaissance de la civilisation de la Méditerranée orientale.

Il convient enfin de tenir compte d’un phénomène essentiel. Certes, la nostalgie du passé antique provoqua le désir d’un retour à la culture romaine vénérée. Mais, comme la résurrection du passé est chose impossible, les tentatives de « renaissance » furent l’occasion de véritables créations.

Insistons d’abord sur les transformations du goût, qui se manifestèrent avec une particulière netteté dans les domaines de la parure et de l’ornement.

Ces aspects nous sont connus à travers les pratiques funéraires des Barbares.

Ceux-ci enterraient les morts avec leurs vêtements et leurs armes dans des tombeaux et bientôt des sarcophages, qui en ont assuré la conservation. Sur le plan des techniques, les objets de parure et les armes témoignent d’un travail des métaux très développé.

L’armement le plus redoutable, l’épée longue à double tranchant, sortait des mains de forgerons aussi habiles que minutieux. Les principes qui pré-

sidèrent à cette admirable création furent également appliqués à la production des bijoux. Par le placage et la damasquinure, on réussit à marier des métaux différents et à les incorporer les uns aux autres. Les jeux brutaux de matière et de couleurs ainsi obtenus se retrouvent dans la technique de l’orfè-

vrerie cloisonnée, qui présente sur un fond d’or des pierreries serties d’une mince cloison d’or ou d’un autre métal.

On a longtemps discuté sur les origines de cet art aux effets violents et contrastés. Il importe surtout de rappeler ici que les productions les plus riches et les plus parfaites de l’orfè-

vrerie sont relativement tardives, puisqu’elles datent des VIe et VIIe s.

Mais on les trouve alors dans l’Europe entière. Aux objets, aujourd’hui perdus, attribués à saint Éloi, le maître de la monnaie de Dagobert Ier* — grande croix de Saint-Denis et grand calice de Chelles —, correspondent les couronnes votives de Receswinthe, roi des Wisigoths* d’Espagne (653-672), trouvées à Guarrazar (Musée archéologique national, Madrid), et celles-ci ne peuvent qu’évoquer la couronne de la reine Théodelinde († v. 625), conservée à Monza. Le goût pour de tels ouvrages se maintiendra jusqu’à l’époque carolingienne.

C’est à proximité de la Méditer-

ranée, autrement dit dans les régions les plus romanisées, que les traditions artistiques du Bas-Empire se prolongèrent le plus longtemps. Ces foyers conservateurs s’enrichirent d’apports nouveaux, généralement orientaux, grâce au commerce et aux relations de tous genres qui se maintenaient entre les rivages de la mer Intérieure.

L’intervention des Wisigoths ne doit pas faire oublier que l’art de la péninsule Ibérique antérieur à l’invasion arabe est romain dans son principe, avec une contamination orientale qui ne fit que s’accentuer avec le temps.

Il en résulte au VIIe s. la construction d’édifices ramassés et entièrement voûtés, qui se signalent par l’emploi de l’appareil en pierre de taille et de l’arc outrepassé. Par ailleurs, en dépit d’un fort courant iconoclaste, on voit se développer dans la sculpture monumentale les premiers programmes iconographiques, à San Pedro de la Nave par exemple.

Les influences de la Méditerranée orientale sont plus évidentes encore en Italie, où Byzance maintient puissamment sa présence jusqu’à l’époque carolingienne. C’est dans la Ravenne de Théodoric et de Justinien qu’il faut chercher le premier art byzantin. Les progrès du style peuvent ensuite être suivis à Rome, à travers les mosaïques de l’oratoire de Jean VII et les peintures de Santa Maria Antiqua. Les Lombards eux-mêmes, après avoir

accumulé les ruines, prirent l’Antiquité et Byzance comme modèles. Un style et une technique aussi assurés que ceux des manuscrits à peintures sortis des ateliers impériaux caractérisent les admirables fresques de Castelseprio, près de Varese. La même tradition se retrouve sur les stucs et les peintures murales de Cividale del Friuli. Cette dernière ville fut par ailleurs le siège d’un important foyer de sculpture sur pierre, dont les principes sont cependant bien différents. La représentation de la figure humaine ou animale sert ici de prétexte à des jeux abstraits de lignes menés en dehors de tout cadre spatial. Ce style se développa à proximité des carrières de l’Italie du Nord.

Il donna naissance à une production de caractère industriel qui se répandit en Suisse, en Provence, dans la vallée du Rhône et jusque dans le sud-ouest de la Gaule.

Mais voici que les îles Britanniques, c’est-à-dire un lointain Occident demeuré peu romanisé, s’efforcent à leur tour d’assimiler les modèles latins et orientaux. Cette recherche conduit en peinture au Codex amiatinus (début

du VIIIe s.) et en sculpture aux croix de Grande-Bretagne et d’Irlande*, dont l’iconographie annonce celle du Moyen Âge roman. La plupart de ces monuments ne sont pas antérieurs au IXe s., mais le type en remonte au VIIe s.