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L’expression écrite est florissante : les instructions royales, les hymnes royaux, les contes et les romans (le Paysan, Contes du papyrus Westcar, les Aventures de Sinouhé, Conte du naufragé), où se retrouvent les grands mythes méditerranéens, les textes satiriques révèlent l’existence d’une langue harmonieuse, au vocabulaire varié et riche, à la syntaxe rigoureuse et équilibrée, et témoignent aussi de la pleine maturité intellectuelle à laquelle est parvenu le peuple de la vallée.

L’un des derniers rois de la XIIe dynastie (le dernier réellement connu), Amenemhat III, est un souverain pacifique. La prospérité intérieure est rétablie, la garde aux frontières efficace, la monarchie semble assurée (surtout depuis que Sésostris Ier a instauré la tradition d’associer au pouvoir l’héritier présomptif du trône). Aussi, reprenant la politique déjà inaugurée par Sésostris II, Amenemhat III se consacre essentiellement à la mise en valeur du Fayoum (oasis entretenue par un bras du Nil, au sud-ouest de Licht) ; il fait construire à Hawara (entrée du Fayoum) un palais dont la grandeur et la multiplicité des salles étonneront les Grecs naïfs, qui lui donneront le nom de Labyrinthe.

Mais Amenemhat IV, puis la reine

Sebeknefrourê paraissent être des souverains peu brillants, sans énergie, qui contribuent à faire déchoir la dynastie.

Surtout à ce moment, les mouve-

ments de peuples indo-européens,

venus du nord et qui, depuis le début du IIe millénaire, modifient totalement la « carte » de l’Asie antérieure, vont refluer jusqu’aux abords de la vallée du Nil. Une nouvelle et grave menace d’invasion se lève, bientôt concré-

tisée par les Hyksos. Une seconde période intermédiaire va brutalement interrompre la brillante reprise monar-

chique du Moyen Empire.

Celui-ci constitue une période charnière dans le développement historique continu de l’Égypte. Il affirme les principes de gestion monarchique ; il précise, développe ou construit les traditions d’une politique extérieure réaliste ; l’idéologie religieuse se diversifie, offre à tous les possibilités d’une survie éternelle ; Thèbes et Memphis, Thèbes et Héliopolis s’affrontent ; les arts trouvent leurs expressions originales ; une conscience commune, dénoncée par les images et les thèmes mythiques, unit l’Égypte aux peuples méditerranéens et asiatiques (que fré-

quentent ses marchands, ses marins, ses voyageurs). Bientôt se produira l’inévitable contact politique, et le petit royaume, contraint, poussé par les événements, deviendra le plus grand empire d’Orient (v. Nouvel Empire).

C. L.

F Égypte.

Moyen-Orient

Partie de l’Asie.

Le terme de Moyen-Orient, comme

celui de Proche-Orient, est employé par les géographes dans des acceptions très diverses, englobant parfois tous les pays depuis la Méditerranée orientale jusqu’à l’Iran et l’Afghānistān ou même jusqu’au subcontinent indien.

On l’entendra ici dans son sens restreint, celui des pays situés entre la Méditerranée à l’ouest et le golfe Persique à l’est, les hauts pays de Turquie et d’Iran au nord, et la péninsule arabique au sud. Ainsi limité, le Moyen-Orient coïncide avec ce qu’on appelle souvent les pays du Croissant fertile.

Il comporte les pays de la façade méditerranéenne, ou Levant (Liban, Syrie, Israël, Jordanie), et l’Iraq, centré sur la cuvette mésopotamienne.

Structure et relief

Les données structurales

y Le socle syrien et son inclinaison.

Au sud des chaînes plissées du Taurus et du Zagros, la plate-forme syrienne

est un vieux socle tabulaire qui se rattache sans discontinuité aux blocs rigides de la péninsule arabique, de l’Afrique et de l’Inde. Ce socle est à peu près totalement masqué sous une couverture sédimentaire qui va du Jurassique au Quaternaire (il n’y a qu’un minuscule pointement primaire à al-Djāra au centre du désert syrien).

La disposition stratigraphique de cette couverture montre une tendance prolongée à la subsidence vers l’est, dans la Mésopotamie. En dehors d’un axe central sud-nord, qui permet au Cré-

tacé d’avancer vers le nord au coeur du désert de Syrie, les affleurements se disposent régulièrement de l’ouest vers l’est, où ils sont de plus en plus récents, le Crétacé et le Jurassique n’affleurant qu’à l’ouest, près de la façade méditerranéenne, le Nummulitique (encore marin à l’Éocène), puis le Néogène (continental) se succédant vers l’est. Cette inclinaison se traduit dans la pente générale de la topographie. Tout le relief s’abaisse de la Méditerranée vers la Mésopotamie. Même sans tenir compte des montagnes côtières, Alep est à 370 m, Mossoul à 250 m, Damas à 690 m,

Bagdad à 37 m, le revers du plateau de Transjordanie à près de 1 000 m et Bassora au niveau de la mer. Mais le fait que la surface du sol recoupe des couches de plus en plus récentes vers l’est prouve que l’inclinaison du socle est plus accentuée que celle du relief.

y Les plissements. Au contact des chaînes alpines du Taurus et du Zagros au nord et à l’est, le socle syrien est ridé par des plis de couverture.

En bordure du Zagros, ce sont des plis étroits et allongés parallèlement à l’axe orographique principal, du nord-ouest au sud-est. Dans le pié-

mont du Taurus, les plis, ouest-est, sont plus massifs (djebel Sindjār et djebel ‘Abd-al-ʻAzīz).

À l’ouest et au nord-ouest, en revanche, les forces orogéniques du géo-synclinal ont heurté de plein fouet par le travers la tranche du socle et y ont provoqué des accidents beaucoup plus importants, plis de fond coffrés à flancs subverticaux. Au nord, l’anticlinal de l’Amanus (ou Kizildağ, en territoire turc) et l’anticlinal du Kurddağ et du

Cassius (ou djebel Akrad), de direction N.-N.-E.-S.-S.-O., séparés par le synclinal de l’Oronte inférieur, sont en fait de véritables fragments de socle élevés, puis effondrés en contrebas de la plate-forme syrienne, découpée ici en une série de blocs basculés regardant vers le nord-ouest. Le Paléozoïque ainsi que d’énormes intrusions de roches vertes y sont portés à 2 000 m, soit beaucoup plus haut que dans les massifs méridionaux. Après le synclinal du Nahr al-Kabīr, un grand arc littoral se compose du djebel Ansarieh (djabal Anṣariyya [N.-S.]), puis, après l’ensellement Homs-Tripoli, du mont Liban (N.-N.-E.-S.-S.-O.) et des monts de Galilée. Vers l’intérieur, séparé du précédent par le synclinal de la Bekaa et du Houleh, se dispose l’arc de l’Hermon et de l’Anti-Liban, dont les plis vont s’ennoyer dans le désert syrien (dans les collines de la Palmyrène). Au sud, enfin, les plis s’élargissent dans l’anticlinal palestinien sur la côte, que le synclinal du désert de Judée sépare de l’anticlinal transjordanien dans l’intérieur. Ils prennent enfin dans le Néguev une allure lâche et discontinue. Ces plis méridionaux, à partir du djebel Ansarieh, sont beaucoup moins exhaussés structuralement que ceux du nord.

y Les fractures et les fossés. Ces plis de fond de la bordure occidentale sont accompagnés d’un véritable champ

de fractures. À l’extrême sud, dans le prolongement du golfe d’‘Aqaba, et également à hauteur du bassin septentrional de la mer Morte, sur une soixantaine de kilomètres de long, la dépression synclinale entre l’arc intérieur et l’arc littoral prend même une allure de fossé tectonique, dont le fond est à 800 m au-dessous du niveau de la mer (la surface de la mer Morte est à – 392 m, avec des fonds de 400 m). Cette structure en fossé n’est, cependant, réalisée qu’exceptionnellement. La situation normale, au sud de l’Hermon, est celle d’une fracture continue à regard occidental, la fracture transjordanienne, dominant la dépression intérieure, que borde à l’ouest la retombée des plis palestiniens. Toute la Palestine est ainsi abaissée structuralement par rapport à la Transjordanie. Au nord, la fracture change de sens. Elle se place au revers