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siens y apportant, à défaut de pluies, un bain de vapeur et de brume qui enveloppe le versant occidental du bourrelet montagneux littoral.

L’atmosphère de l’été est ainsi pé-

nible sur toute la côte, au moins autant que dans l’intérieur, malgré l’augmentation régulière des moyennes ther-

miques d’été de l’ouest vers l’est (la moyenne du mois le plus chaud passe de 26-27 °C sur le littoral à plus de 32 °C dans la Mésopotamie, atteignant 36 °C à Bassora). Inversement, les températures hivernales décroissent de la côte vers l’intérieur. La moyenne de janvier passe de 13,1 °C à Beyrouth et de 12,1 °C à Lattaquié à 6 °C à Alep et à 7 °C à Deir ez-Zor. Ces températures remontent plus modérément en Mésopotamie (11,5 °C en janvier à Bassora).

Les minimums moyens se situent entre 0 et 1 °C d’Alep à Mossoul contre 5 °C

à Beyrouth. L’amplitude augmente

ainsi régulièrement de la côte méditerranéenne vers l’intérieur. De 13,8 °C à Beyrouth, elle passe à 18,6 °C à Ksāra, dans la Bekaa, à 23,4 °C à Alep et à 24,5 °C à Bassora. La rigueur du climat désertique y est renforcée par la conti-nentalité. Les extrêmes de chaleur ne sont, cependant, pas rares sur la côte, où souffle fréquemment au printemps le chamsin (khamsīn), vent brûlant du sud lié au passage tardif de dépressions méditerranéennes.

Le tapis végétal

Une végétation désertique couvre la plus grande partie de l’intérieur, passant à des steppes à pistachiers dans la Djézireh ou le piémont du Zagros.

Seules les montagnes littorales portent des forêts, dont l’étagement peut être reconstitué sur le versant occidental du Liban. De 0 à 1 000 m, l’étage infé-

rieur est celui des pins (pin d’Alep) et des chênes à feuilles persistantes. De 1 000 à 1 500 m se situe un étage de transition. Le pin d’Alep et les chênes verts montent jusque vers 1 800 m, les cyprès jusque vers 1600 m, le pin pignon jusque vers 1 500 m. Mais on voit apparaître déjà les essences d’altitude : downloadModeText.vue.download 11 sur 625

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genévriers à partir de 1 200-1 400 m ; sapin de Cilicie à partir de 1 400 m. Ce dernier, qui monte jusque vers 2 100 m, domine dans l’étage proprement montagnard (1 500-2 000 m), à côté du

cèdre du Liban (1 500-1 950 m). Au-dessus, l’étage des genévriers s’élève jusque vers 2 700 m au mont Liban, passant à une steppe alpine. Au sud, en Palestine, on trouve des traces de l’étage inférieur (chênaies et pinèdes).

Dans le djebel Ansarieh s’observent l’étage inférieur et l’étage de transition, au-dessous d’un étage montagnard qui couronne également les deux versants.

Mais, au Liban, les sapins et les cèdres n’ont pu franchir la crête, trop élevée, et le versant oriental voit les genévriers régner sans partage à partir de 1 500 m au-dessus de l’étage des feuillus. Ils occupent de même tout le versant occidental de l’Anti-Liban. Cet étagement reste d’ailleurs théorique et est difficile à reconstituer en raison de l’intense dé-

boisement, qui exprime l’accumulation de la population dans les montagnes littorales.

Les eaux

Les ressources hydrologiques sont essentiellement liées aux reliefs montagneux, chaînes bordières du Taurus et du Zagros ou montagnes du bourrelet méditerranéen. Des premières descendent les réseaux du Tigre et de l’Euphrate, qui conditionnent toute la vie de l’Iraq et dont les régimes, particulièrement instables, expriment l’irrégularité des pluies sur les reliefs montagneux et de la fonte des neiges dans les hauts pays anatolien et iranien.

Les cours d’eau de la façade méditerranéenne du Levant sont, dans l’ensemble, beaucoup plus régulièrement alimentés, en raison des conditions structurales qui font intervenir de puissantes masses calcaires en altitude, où les eaux s’infiltrent avant de réapparaître en grosses sources résurgentes.

Il en résulte un type de fleuve qui n’est

ni subdésertique ni même méditerranéen normal. Les trois principaux fleuves sont : l’Oronte, qui draine tout le versant intérieur du mont Liban et du djebel Ansarieh avant de gagner la Méditerranée par un ensellement entre l’Amanus et le djebel Akrad (débit moyen : 78,5 m3/s) ; le Līṭānī, qui draine la partie méridionale du Liban (débit : 23 m3/s) ; le Jourdain*, qui draine le fossé longitudinal entre la Palestine et la Transjordanie. L’abondance est relativement forte (Līṭānī : 12,74 l/s/km2). Le coefficient d’écoulement atteint 40 p. 100 pour le Līṭānī.

Ce type d’alimentation caractérise également un nombre important de grosses sources donnant naissance à des cours d’eau endoréiques, sur le versant in-térieur du bourrelet montagneux, qui nourrissent de belles oasis (rhūṭa ou ghoutas). Tel est notamment le Barada, qui naît tout formé à la base de l’Anti-Liban et arrose la rhūṭa de Damas. Les régimes sont normalement pluviaux, à hautes eaux au coeur de l’hiver, mais plus ou moins influencés par la fonte des neiges et décalés vers le printemps sur les cours supérieurs.

Les genres de vie :

nomades et sédentaires

Les éléments humains

traditionnels

y Les nomades. Le contraste du

désert syrien et de ses marges cultivables du Croissant fertile s’exprime dans l’antagonisme traditionnel des genres de vie. Le désert a été le point d’appui de la progression des grands nomades arabes. Apparus en Syrie

bien avant l’islām, les Bédouins

n’ont, cependant, totalement dominé le désert, peuplé pendant l’Antiquité d’oasis florissantes (notamment celles de la Palmyrène), qu’après le déclin

du califat ‘abbāsside. C’est à l’époque ottomane que s’achève la bédouinisation du désert, partagé d’abord au début des Temps modernes entre des nomades turkmènes, hivernant dans la Djézireh et estivant dans la haute Anatolie orientale (mais dont certains groupes, au XVIe s., nomadisent jusqu’à hauteur du mont Liban), et les grandes confédérations bédouines arabes, Chammar et ‘Anaza, hivernant dans le Grand Nufūd d’Arabie et remontant vers le nord en été. À la fin du XVIIIe s., profitant de la dislocation downloadModeText.vue.download 12 sur 625

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des tribus turkmènes par les sultans ottomans, les Chammar remontent vers les marges septentrionales du désert et poussent leurs parcours jusqu’en Djézireh, achevant ainsi l’arabisation du désert syrien. La bédouinisation progresse sur les marges cultivables jusque vers le milieu du XIXe s., où se situe sans doute son point culminant. Les nomades recouvrent alors la plus grande partie de la Palestine et des dépressions longitudinales de la Syrie intérieure, Bekaa et Rhāb, la totalité de la Djézireh et presque toute la Mésopotamie, où la vie sédentaire est réduite à des noyaux isolés égrenés le long des fleuves.

y Les paysans montagnards. Face

au désert bédouinisé, c’est dans les massifs montagneux, où ne pouvaient se naturaliser, avec leurs dro-madaires souffrant du froid en hiver, les nomades arabes, que s’est maintenu l’essentiel de la vie sédentaire.

Les bourrelets montagneux littoraux, mont Liban et djebel Ansarieh, fortement boisés et peu occupés pendant l’Antiquité et encore pendant le haut Moyen Âge, ont vu s’accumuler peu à peu des minorités chrétiennes ou des sectes hétérodoxes musulmanes, qui ont pu proliférer dans ces montagnes refuges et y préserver leur identité culturelle à l’écart des centres urbains diffusant l’orthodoxie sunnite : maronites et Druzes dans la montagne liba-naise ; ‘alawītes et ismaéliens dans le

djebel Ansarieh. La culture pluviale des céréales et l’arboriculture de type méditerranéen y ont fourni les bases de la subsistance. C’est là que s’est fixé, en milieu montagnard, le centre de gravité de la population, aux dé-