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çant Lourenço Marques (1544), qui lui laissera son nom, et dans le Zambèze, où les Portugais paient tribut aux rois indigènes, vassaux du Monomotapa.

Les conflits interafricains permettent aux Portugais de s’insérer dans le pays par le système des prazos da coroa, petites concessions territoriales, qui se transformeront, au cours des XVIIe et XVIIIe s., en chefferies à l’africaine, diri-

gées le plus souvent par des métis et tenant en respect, grâce à leurs armées d’esclaves, les autorités portugaises, sur le déclin.

Hollandais, Anglais, Français, Autrichiens empiètent à cette époque sur la zone d’influence portugaise, menacée aussi par des révoltes indigènes provoquées par les abus des colons (environs de Mozambique, 1753). En 1798, l’ex-pédition portugaise de Francisco José de Lacerda e Almeida échoue dans sa tentative de traversée de l’Afrique vers l’Angola. Deux pombeiros (traitants métis) réussiront dans le sens inverse en 1806-1811. Au début du XIXe s., la domination portugaise au Mozambique est devenue très précaire ; tandis que les prétentions anglaises se précisent au sud (annexion au Natal* des îles de la baie de Lourenço Marques), les Africains, parfois aidés de négriers européens, que l’abolition de la traite a mis hors la loi, harcèlent les postes portugais de la côte.

Conquête militaire et mise en

valeur coloniale

La grande poussée impérialiste, surtout britannique, en mettant en danger la présence portugaise, va stimuler l’« énergie colonisatrice », quelque peu assoupie, des Portugais. Les pré-

tentions anglaises sur la baie de Lourenço Marques sont effacées en 1875

par un arbitrage du président Mac-Mahon. Mais les agissements de la British South Africa Chartered Company de Cecil Rhodes* entament largement l’arrière-pays portugais : l’ultimatum britannique du 11 janvier 1890 met fin au rêve d’un empire allant d’une côte downloadModeText.vue.download 17 sur 625

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14

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à l’autre. Les frontières sont fixées en 1891 et en 1893 avec l’Angleterre.

L’Allemagne, malgré les traités de 1886 et de 1890, annexe en 1894 la baie de Kionga, que les Portugais ré-

cupéreront après la Première Guerre mondiale (1919).

La crise politico-financière qui sévit

au Portugal au tournant du siècle donne prétexte aux puissances coloniales rivales de dresser des plans de partage de son empire, qui n’aboutiront pas.

Mais celui-ci doit d’abord s’affirmer, non sans peine, face à la résistance des populations. Lourenço Marques est assiégée en 1894. Trois colonnes convergentes sont nécessaires pour venir à bout du chef watua Goungoun-hana, qui domine un vaste territoire allant du Zambèze au Zoulouland et dont Joaquim Mouzinho de Albuquerque se saisit par un audacieux coup de main sur la ville sainte de Chaimite (1895).

Une autre expédition est nécessaire, en 1897, pour battre Maguiguana, son principal chef militaire. Dans l’arrière-pays de la vieille place insulaire de Mozambique (qui perd son rang de

capitale au profit de Lourenço Marques en 1907), les Namaras mènent une

campagne de guérilla qui ne se termine qu’en 1912. La conquête de la Zambézie, comme celle des provinces du Nord, nécessite plusieurs campagnes, qui se poursuivent encore quand les Allemands du Tanganyika envahissent le pays en 1914.

Cependant, le développement de

l’infrastructure, surtout au profit des riches voisins, Transvaal et Rhodésie, financé en grande partie par des capitaux britanniques, débute avant la fin de la « pacification ». Le chemin de fer de Lourenço Marques au Transvaal est construit en 1894, la ligne Beira-Um-tali en 1899, et, en 1922, le Nyassaland est désenclavé par la ligne Beira-Blan-tyre du Trans-Zambézien. Ce sont également des capitaux anglais et belges qui financent les compagnies inspirées de la Chartered : la Compagnie du Mozambique (Companhia de Moçambique, 1891-1942), concessionnaire des riches territoires de Manica, de Sofala, et de Beira, et la Compagnie du Niassa (Companhia do Niassa, 1893-1929) dans le Nord. Des tentatives de colonat européen ont été menées ensuite, en particulier dans la vallée du Limpopo, mais sans grand succès.

Le mouvement nationaliste et la

riposte portugaise

L’indépendance du Tanganyika, en

1961, permet la constitution d’une

solide organisation nationaliste basée dans ce pays. Le Frente de liberta-

ção de Moçambique (FRELIMO) a

appelé à sa tête Eduardo Mondlane (1921-1969), fils d’un chef tonga du sud du pays, sociologue, qui a organisé son parti pour une lutte longue et difficile. Des multiples partis rivaux plus ou moins éphémères, seul le Co-missão revolucionário de Moçambique (COREMO), basé en Zambie et dirigé par Paulo Gumane, joue un rôle militaire en 1966-1968 dans la province de Tete.

Le FRELIMO commence ses opéra-

tions de guérilla à la mousson de 1964

dans les provinces frontalières de la Tanzanie : Niassa et Cap-Delgado. Sa stratégie s’inspire de celle de l’Algérie, où ses chefs militaires ont été formés, mais sans recourir au terrorisme urbain. Les combattants, recrutés surtout dans la puissante ethnie des Makondés, atteignent le nombre de 8 000, face à une armée portugaise progressivement portée à 50 000 hommes (dont la moitié d’Africains) et à une aviation très active. Le FRELIMO ne réussit que très difficilement à étendre ses opérations au sud du Zambèze, et, malgré le harcèlement des lignes de communication, ne parvient pas à empêcher la construction du barrage de Cabora Bassa, qui doit alimenter le Transvaal en électricité, tout en devenant un nouveau pôle de développement industriel et agricole pour le Mozambique. Dans les villes, son réseau clandestin est démantelé. Dans le Nord, les Portugais créent un no man’s land en bordure de la frontière et des réseaux de villages fortifiés, qui réduisent la superficie des zones et l’effectif des populations effectivement contrôlées par le FRELIMO. Celui-ci peut tenir en 1968 son deuxième congrès dans le Niassa. La difficile succession de Mondlane, assassiné en 1969, suivie de défections dans la hiérarchie, est résolue en 1970

au profit du chef militaire Samora Machel (né en 1933), assisté de Marcel-lino Dos Santos (né en 1931).

Une loi organique portugaise sur

l’outre-mer (1972) transforme la « province » de Mozambique en « État » et institue une assemblée élue pour moitié au suffrage universel et pour moitié par les corps intermédiaires. Cette mesure

ne met pas fin à la guerre de libération.

L’espoir d’une issue accompagne le changement de régime intervenu au Portugal le 25 avril 1974. Le 7 septembre, à Lusaka, est signé entre les re-présentants du nouveau gouvernement de Lisbonne et ceux du FRELIMO

un accord sur l’indépendance du Mozambique. Cet accord est un moment contesté par les extrémistes européens.

Le 20 septembre 1974, le haut commissaire portugais installe le gouvernement de transition, présidé par Joaquim Chissano, chargé d’administrer le pays jusqu’à la proclamation de l’indépendance le 25 juin 1975. À cette date, Samora Moïse Machel devient président de la nouvelle République.

À l’extérieur, le Mozambique se rapproche de la Zambie et de la Tanzanie et, soutenant les nationalistes africains en Rhodésie, il ferme sa frontière avec cette dernière en mars 1976.

J. C. N.

F Afrique noire / Empire colonial portugais /

Portugal.

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