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R. H. Chilcote, Portuguese Africa (Englewood Cliffs, N. J., 1967). / E. Mondlane, The Struggle for Mozambique (Harmondsworth, 1969).

Mozart (Wolfgang

Amadeus)

Compositeur autrichien (Salzbourg 1756 - Vienne 1791).

Malgré sa mort précoce, Mozart a

créé en une trentaine d’années une des sommes les plus importantes de la musique, résumant une tradition multi-sé-

culaire annonçant l’avenir même lointain, et comportant des chefs-d’oeuvre

« classiques » dans pratiquement tous les domaines. On a calculé qu’il avait dû consacrer près de la moitié de la durée de sa vie au travail matériel

consistant à écrire ses partitions ; on sait par des témoignages indiscutables qu’il composait « dans sa tête » telle musique cependant qu’il en fixait une autre par l’écriture : « La plus parfaite organisation musicale en une nature mortelle » (Lamartine).

Voyages, influences,

carrière

Son père, Leopold (1719-1787), musicien de qualité, à qui l’on doit l’un des trois grands traités musicaux du XVIIIe s., est son premier et l’un de ses meilleurs maîtres. Dès les premières années, Wolfgang manifeste des dons exceptionnels : son premier menuet, musique enfantine certes, mais déjà marquée au coin de son tempérament original, est écrit à l’âge de cinq ans.

Leopold Mozart fait connaître à son fils le style du contrepoint sévère, fort déprécié en cette ère galante et

« sensible » ; il lui fait faire dès l’âge de six ans de grands voyages à travers toute l’Europe, ce qui permet au jeune Wolfgang d’acquérir une culture musicale et humaine d’une richesse extraordinaire.

À Londres l’enfant se passionne

pour la musique de Johann Joseph Fux, le « Bach autrichien », de Johann Adolf Hasse et du chevalier Christoph Willibald von Gluck.

En Italie, il entre en rapport avec tous les centres musicaux importants, de Venise à Turin, de Milan à Naples, assimilant le style vocal de la péninsule, mais aussi l’art polyphonique pa-lestrinien, recevant les enseignements du Padre Giovanni Battista Martini*, l’un des fondateurs de la musicologie.

Dès l’âge de onze ans, c’est son premier contact avec la franc-maçonnerie, à Olomouc, en Moravie ; il sera déterminant dans la suite de son évolution créatrice. À Mannheim*, Mozart fait la connaissance du célèbre orchestre, creuset de la musique nouvelle, mais aussi celle de la famille Weber ; l’une des filles de la maison, Constance, à la voix de soprano exceptionnelle, deviendra sa femme. Les séjours du musicien à Paris sont l’occasion de connaître une importante école de clavecin, la symphonie classique nais-

sante notamment — par les oeuvres de Gossec et de Haydn — et le « grand opéra ». Plus tard, ce sera la Bohême, ce

« conservatoire de l’Europe » (Charles Burney) qui lui témoignera une compréhension divinatoire, et l’Allemagne du Nord. Mozart connaît depuis longtemps la musique instrumentale de Bach et de ses fils lorsqu’il entend, à la fin de sa vie, à Leipzig, un motet à double choeur de J.-S. Bach chanté a cappella ; il est transporté par la « nouveauté » de cette musique, où il y a

« enfin quelque chose à apprendre » : il lui suffit d’entendre cette savante polyphonie pour comprendre qu’elle était destinée à être accompagnée par des instruments, ce que des recherches récentes ont confirmé.

Sa vie se partagea en quinze ans de voyages, qui nous ont valu la passionnante correspondance mozartienne, et à peine plus de vie sédentaire, à Salzbourg et à Vienne, sa patrie d’élection, parce qu’elle était le « vrai pays du piano » (das wahre Clavierland). Mozart occupe peu de fonctions stables, et celles-ci sont mal rétribuées : pen-downloadModeText.vue.download 18 sur 625

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14

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dant un peu plus de cinq ans, Mozart est premier violon de l’orchestre du prince-archevêque de sa ville natale (1772-1777) ; il sera organiste de la cathédrale de Salzbourg moins de deux ans (1779-1781) ; à Vienne, on lui conférera le titre de compositeur de la Cour avec une petite rente ; quelques mois avant sa mort, il deviendra second maître de chapelle de la cathédrale de Vienne. Mais il n’est pas indifférent de savoir qu’il avait tenté d’obtenir, en vain, des postes d’organiste et de maître de chapelle, par exemple à Versailles et à Strasbourg. En fait, Mozart a été l’un des premiers musiciens indé-

pendants, vivant de son art d’interprète et de compositeur. Avoir été un enfant prodige constitua une difficulté supplémentaire pour le virtuose, voire le compositeur jusqu’à ce que ce dernier finisse par s’imposer. Mozart a connu des triomphes de son vivant, en particulier dans le domaine du théâtre lyrique

(« tout le monde, dans la rue, chante mon Figaro », écrit-il depuis Prague).

Depuis sa mort, sa musique n’a cessé de pénétrer plus profondément et

d’étendre son rayonnement : Mozart est le plus joué et le plus enregistré des compositeurs en cette seconde moitié du XXe s. — pas d’éclipse mozartienne, pas de « retour à Mozart »...

Plaisir de la musique

Mozart a été le premier compositeur à bénéficier d’un catalogue thématique scientifique : c’est le Köchel-Verzeichnis (KV), établi en 1862 par Ludwig von Köchel, revu et mis à jour réguliè-

rement ; la dernière révision sérieuse a été faite par Alfred Einstein. Un bon tiers des oeuvres qu’il contient appartient à un genre dont les compositeurs contemporains semblent avoir perdu le secret, celui qui ne cherche qu’à plaire, qu’à divertir, sans que, pour autant, son auteur abandonne sa personnalité et son génie. Les divertissements, les cassations et les sérénades sont pourtant d’essence fort diverse : on y découvre aussi des oeuvres très travaillées, de la musique de chambre, voire d’authentiques partitions symphoniques ; c’est ainsi que la Gran Partita (KV 370a) pour 12 instruments à vent a des accents étrangement tourmentés en ut mineur ; elle deviendra plus tard un quintette à cordes (KV 516b) ; deux sérénades (KV 248b Haffner et KV 320 « pour cor de poste ») deviendront de grandes symphonies (KV 248c et KV 320) par la suppression de certains mouvements.

La célèbre sérénade en sol (KV 525), Eine kleine Nachtmusik, est un quatuor à cordes augmenté d’une contrebasse où se conjugue le monde romantique d’Abendempfindung (KV 523) et l’univers lyrique de l’Enlèvement au sérail et de Don Giovanni.

Une quarantaine de cassations, de divertissements et de sérénades, à peine moins de marches et près d’une cinquantaine de collections de danses, parmi lesquelles les menuets jouent un rôle particulier, combinent idéalement l’adaptation fonctionnelle aux bals de son temps avec la plus haute « pureté »

musicale. Le plaisir de la musique devient plaisanterie percutante dans le sextuor (KV 522) sous-titré « Une plai-

santerie musicale », où Mozart fustige les compositeurs médiocres et nous livre une sorte d’esthétique négative de son art. Les concertos pour basson (KV 186e), pour flûte (KV 285c et un admirable andante isolé [KV 285e]

pour le même instrument), pour hautbois (KV 285d), pour cor, pour flûte et harpe (KV 297c : fusion très originale entre le concerto, la sérénade et la symphonie concertante) sont tous dépassés, malgré leurs splendeurs, par le concerto pour clarinette (KV 622), d’une perfection formelle, d’une élé-

vation et d’une gravité incomparables, l’un des sommets de la musique. Il n’est pas certain, par contre, que la symphonie concertante pour 4 instruments à vent (KV 297b) soit bien de Mozart, du moins dans sa forme actuelle.

Six concertos pour violon (KV 207, KV 211, KV 216, KV 218, KV 219 et KV 320d, ce dernier un double concerto pour violon et alto, et non pas une symphonie concertante, comme on l’écrit souvent) constituent, au moins pour les quatre derniers, un des sommets du genre ; on regrette infiniment que Mozart n’ait pas continué un concerto pour violon et piano (KV 315f) dont le début permet d’affirmer qu’il serait devenu une de ses partitions majeures. Les quatuors pour flûte et cordes, hautbois et cordes, la sonate pour violoncelle et basson, le quintette pour cor et cordes ou les duos pour deux cors relèvent, eux aussi, du divertissement le plus parfaitement réussi, alors que le quintette avec clarinette (KV 581) s’élève à des hauteurs qui laissent entrevoir ce que sera le concerto pour clarinette. Il faut faire une place à part aux fugues de J.-S. Bach et de son fils Wilhelm Friedemann que Mozart a transcrites pour trio à cordes et dotées d’admirables préludes originaux (KV 404a), comme aussi au grand trio à cordes (KV 563), qui, malgré ses structures de divertissement, touche aux sommets de ce que l’on est convenu d’appeler la musique pure. Des vingt-trois quatuors à cordes, il faut avoir entendu au moins l’extraordinaire adagio qui sert de premier mouvement au premier quatuor (KV 89), oeuvre d’un garçon de quatorze ans, et les six quatuors dédiés à J. Haydn, où l’on trouve une surprenante introduction (KV 465) presque