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Dans de nombreuses espèces, le thalle se fragmente de lui-même en donnant des souches de plus en plus écartées les unes des autres ; on nomme gemmes de telles portions, capables de perpétuer l’espèce, qu’elles soient enkystées ou non.

Dans le groupe des Lichens*, on

connaît des divisions par fragmentation du thalle, qui, une fois desséché et cassé, peut être facilement transporté et amorcer par reviviscence le développement d’un nouvel individu. La partition de la souche intervient aussi dans l’embranchement des Bryophytes. Les Mousses sont capables de scinder leurs grosses touffes par dégénérescence des parties anciennes et implantation de rameaux jeunes.

Les végétaux supérieurs ont aussi une multiplication asexuée par simple partition de la plante ; une telle fragmentation apparaît par exemple sur les touffes âgées d’Iris, de Polygonatum et de bien d’autres espèces qui possèdent des rhizomes ou des tiges rampantes ; ainsi, une ramification au ras du sol peut former des racines, s’implanter, développer des tiges dressées et devenir indépendante par rupture d’avec le reste de la plante. Les Cypéracées et les Graminées utilisent ce procédé pour couvrir le terrain qui les avoisine.

Par ailleurs, les Élodées et les Lentilles d’eau utilisent le bourgeonnement et la partition comme un mode de multiplication plus fréquent que la reproduction sexuée.

Multiplication par

organes spécialisés

Dans de très nombreux groupes, on observe l’apparition d’organes spécialisés dans la multiplication végétative.

Un mode élémentaire est la formation des spores chez les Algues : les zoospores, unicellulaires le plus souvent, sont munies d’un flagelle locomoteur

qui leur permet d’aller s’implanter plus loin (Chlorophycées, Xanthophy-cées...). D’autres groupes d’Algues possèdent des spores dépourvues de flagelle (Zygophycées, Charophycées, Rhodophycées...). Enfin, certains ont des propagules pluricellulaires qui font penser à une sorte de plantule (Sphace-laria). Parfois, un stade enkysté peut exister. Les spores de nombreux Champignons assurent une multiplication végétative : zoospores flagellées dans certains groupes inférieurs, ces spores sont dans les autres groupes toujours dépourvues d’appareil locomoteur ; on en connaît d’exogènes, en bouquet sur des filaments dressés (Ascomycètes : Penicillium). Les Mucorales ont des spores endogènes formées dans un

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14

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appareil conidien d’où elles sont libé-

rées par déchirure. Un phénomène de turgescence permet dans certains cas la projection des spores à l’extérieur, ce qui facilite leur dissémination.

Chez les Lichens, association d’une Algue et d’un Champignon, se forment (outre les appareils reproducteurs du Champignon) des craquelures d’où

s’échappent des sorédies, assemblages d’un très petit nombre de cellules d’Algue entourées de filaments mycé-

liens, chacune de ces formations pouvant, après dispersion, être à l’origine d’un nouveau Lichen.

Les Bryophytes ont des propagules qui forment parfois une masse arrondie. On en remarque de véritables bouquets au sommet des tiges où à l’aisselle de feuilles ; des portions de soie de sporophyte sont même capables de se développer pour donner une plante feuillée à 2 n chromosomes, ce qui est insolite dans cet embranchement.

La plus grande variété d’appareils spécialisés existe dans le groupe des Angiospermes. Chacun connaît les sto-lons du Fraisier, longues tiges qui se développent au ras du sol et « coulent »

assez loin ; le bourgeon terminal se fixe en formant des racines, les feuilles apparaissent, et, souvent avant même que

l’attache à la plante mère ne soit rompue ou desséchée, un nouveau coulant part de ce jeune pied et le phénomène recommence un peu plus loin.

On peut ainsi trouver toute une

chaîne de plants, liés entre eux, et de taille décroissante lorsqu’on s’éloigne du pied d’origine. Il existe un procédé analogue chez les Ronces, les Bugles, les Épervières... C’est exceptionnellement à partir de bourgeons portés par des racines traçantes que se produisent de telles formations. Ces pousses d’origine souterraine portent le nom de drageons ; on en connaît chez le Peuplier, les Acacias, certains arbres fruitiers.

Ils prélèvent sur la plante mère leur nourriture avant de s’en séparer ; parfois, on utilise ce procédé pour la multiplication de l’espèce ; souvent, on les détruit pour éviter l’épuisement de la plante mère.

Les tubercules sont connus chez de nombreuses plantes qui en produisent un assez grand nombre, chacun d’entre eux étant capable de redonner au moins un nouveau pied ; c’est ce qui se passe chez le Dahlia, la Pomme de terre, le Topinambour.

Certains végétaux forment éga-

lement de petits massifs cellulaires qui ne sont autres que des bourgeons axillaires capables de se séparer de la plante. Après une période plus ou moins longue de vie ralentie, ils peuvent se développer comme une plantule de

graine, en formant des racines, puis un pied indépendant ; on en trouve sur le collet, au ras du sol (Saxifrages), sous terre (Ficaire), à l’intérieur des bulbes (Lis blanc, Tulipe), sur les tiges, à l’aisselle des feuilles (Dentaires), sur le limbe lui-même (Bryophyllum, Cys-topteris, Asplenium — une espèce de ce genre de Fougères voit ses bulbilles commencer leur développement avant même de se détacher), dans les inflorescences (Allium, dont les fleurs sont remplacées par des bulbilles rosâtres) ; chez les Agaves, les racines apparaissent avant la chute de la bulbille.

Le marcottage naturel est la formation de racines au point où un rameau touche le sol ; elles se forment à l’aisselle des feuilles, à la hauteur d’un

noeud. Après implantation, il peut y avoir mort du rameau entre la souche et le point de fixation, et ainsi la nouvelle plante devient indépendante.

Signification génétique

Lors de la multiplication végétative, aucun phénomène de méiose et de fé-

condation n’intervient comme dans la multiplication sexuée. Par conséquent, le patrimoine génétique porté par la chromatine du noyau, semblable dans toutes les cellules de l’individu, ne va subir aucune modification, et c’est ce patrimoine qui sera transmis intégralement à tous les drageons, bulbilles, etc. Chaque nouvel individu sera donc génétiquement identique à l’individu souche et aussi à tous les autres ayant même origine que lui. On donne à cet ensemble de plants de nom de clone : à eux tous, ils ne forment qu’un même être fragmenté et ils portent exactement les mêmes caractères. Ainsi, tous les « Peupliers d’Italie », mutation brusque apparue dans les cultures et n’affectant que les individus mâles, constituent un clone, et c’est uniquement par multiplication végétative que l’on obtient de nouveaux plants. D’origine très ancienne en Orient, cet arbre ne fut introduit en France qu’au XVIIIe s.

après avoir été importé en Italie.

La multiplication

végétative et l’Homme

L’Homme utilise la multiplication vé-

gétative en agriculture et en horticulture ; il y trouve des avantages. Tout d’abord, la stabilité génétique du clone lui permet de multiplier indéfiniment une variété portant des caractères que la méiose et la fécondation auraient vite fait de disjoindre. D’autre part, certaines espèces fort appréciées ne forment que peu de graines, ou même pas du tout (fruit parthénocarpique), et la multiplication végétative est un moyen de suppléer à cette déficience en gardant une variété intéressante au point de vue alimentaire, économique ou industriel. Enfin, les pieds obtenus par multiplication végétative sont plus rapidement productifs que ceux qui proviennent d’une fécondation : quatre ans dans ce dernier cas chez la Pomme de terre au lieu d’une seule année dans

la multiplication par tubercules. Aussi les cultivateurs utilisent-ils les diverses possibilités offertes par les espèces.