La muqueuse linguale est hérissée de papilles filiformes sur sa face dorsale (v. langue).
Maladies des muqueuses
Affections des lèvres, chéilites
Les affections des lèvres sont diverses ; elles peuvent être graves (cancers), contagieuses (syphilis), récidivantes (herpès, aphtes). Elles résultent souvent de facteurs associés (chéilites complexes).
L’eczéma des lèvres, tantôt aigu, tantôt chronique, peut être provoqué par le rouge à lèvres, les dentifrices, les prothèses dentaires (dentiers). Il est aggravé par le vent, le froid, le mordil-lement et le mouillage continuel (tic des lèvres).
Les chéilites microbiennes sont
habituellement streptococciques. L’atteinte des commissures est la perlèche,
laquelle est parfois due à des Levures.
La leucoplasie s’observe chez les fumeurs gardant leur cigarette collée aux lèvres. Faite d’une plaque blanche opa-line, elle s’épaissit si l’usage du tabac n’est pas supprimé. Devenant verruqueuse, elle risque de se cancériser.
La syphilis* labiale est soit primaire (chancre), soit secondaire (plaques muqueuses), ou encore tertiaire (gommes).
L’herpès* est fréquent au pourtour des lèvres (dermatoses* virales). Les aphtes* siègent à la face interne de la lèvre inférieure.
La maladie de Fox-Fordyce, bé-
nigne, est un semis de grains jaunâtres tapissant la face interne des joues et de la lèvre supérieure.
Les macrochéilites (grosses lèvres) peuvent être congénitales et dues à un lymphangiome diffus (tumeur des vaisseaux lymphatiques). Parfois inflammatoires, d’origine streptococcique, elles se manifestent par des poussées récidivantes aboutissant à l’éléphantiasis. Le syndrome de Melkerson-
Rosenthal, qui associe macrochéilite, paralysie faciale et langue scrotale, est de nature indéterminée.
Muqueuse génitale masculine
Le diagnostic des lésions génitales se doit d’être dominé et centré sur la syphilis. Beaucoup plus rarement sont observés les chancres* mous, tuberculeux, lymphogranulomateux.
L’herpès est une cause d’erreur fré-
quente. Il en est de même des érosions traumatiques. Siégeant le plus souvent au filet ou sur le sillon balano-préputial, elles sont allongées, fissuraires, non indurées, sans adénopathie satellite. Elles guérissent en quelques jours, quand elles ne sont pas surinfectées.
Les balanites (inflammations du
gland) et les posthites (inflammations du prépuce) peuvent être médicamenteuses : salol, sublimé, calomel. La phénazone et ses dérivés causent parfois des taches noires (verge noire de Fournier). Certaines dermatoses clas-
sées : eczéma sec, parakératose, psoriasis, peuvent déterminer des taches rouges, non érosives.
Les balanites infectieuses, dues à des germes variés, sont favorisées par l’existence d’un phimosis (prépuce trop étroit). Le gonocoque, le staphylocoque, les fusospirilles, le bacille Gangrenae cutis, les moniliases sont susceptibles de les produire. La balano-posthite érosive circinée (Berval et Bataille) est due à une triade : gros spirochètes, bacilles grêles et nombreux coccis. Elle est faite d’érosions circinées, de contours géographiques et serties d’un liséré blanc. La balano-posthite gangreneuse peut être limitée, superficielle et bénigne. Plus rarement, survenant chez un adulte jeune à la suite d’une plaie locale parfois minime, elle est de pronostic très grave (gangrène foudroyante des organes génitaux de Fournier).
La balano-posthite diabétique.
Toute inflammation du gland et du prépuce impose de rechercher le sucre dans les urines. Les diabétides génitales (Fournier) sont fréquemment le symptôme révélateur d’un diabète latent et méconnu.
Les balano-posthites scléro-atro-
phiques aboutissent au phimosis et au rétrécissement du méat. Elles sont de causes diverses : lichen, sclérodermie, suites de circoncision (maladie de Stühmer), endocriennes (kraurosis masculin de Delbanco).
Les végétations vénériennes, encore appelées condylomes acuminés ou
crêtes de coq, sont des excroissances papilliformes agminées, rosées ou grisâtres, pédiculées ou sessiles, siégeant dans le sillon balano-préputial et sur le gland. Dues à un virus filtrant, très voisin de celui des verrues sinon identique, elles sont souvent, mais non toujours, d’origine vénérienne.
Les tumeurs sont soit bénignes (mil-lium, molluscum contagiosum, kystes sébacés), soit malignes. L’épithé-
lioma spino-cellulaire, fréquent chez les Jaunes, ne s’observe jamais chez les circoncis. Parfois professionnel (huiles anthracéniques), il est moins fréquent que le cancer du scrotum
de même origine. L’érythroplasie de Queyrat, encore appelée maladie de Bowen, se présente comme une surface rouge, brillante, se développant sur la muqueuse génitale et résistant à tous les traitements médicamenteux. C’est un état pré-cancéreux, et il convient de détruire cette lésion par la chirurgie ou la radiothérapie.
Muqueuse génitale féminine
Les trois stades de la syphilis s’observent à la vulve : chancre, plaques muqueuses, syphilides tertiaires et leucoplasie. Les chancres mous vulvaires sont parfois du type folliculaire. L’herpès peut être profus, s’accompagnant d’oedème mou déformant la vulve.
Diverses vulvites sont observables : infectieuses (entérocoque, gonocoque, fusospirille), moniliasiques (levures) avec leucorrhée abondante crémeuse, vulvite à trichomonas (v. protozoaire) sécrétant un liquide mousseux malodorant, vulvite diabétique érythémateuse, très prurigineuse et débordant sur la face interne des cuisses. Plus rare est l’ulcère aigu de Lipschütz. Observé chez les vierges, non vénérien, il a un début brutal et fébrile. Les ulcérations sont diverses : sphacéliques, miliaires, pseudo-vénériennes. Il serait dû au Bacillus crassus, mais R. Touraine en fait une manifestation de l’aphtose.
Les végétations vénériennes sont fré-
quentes à la vulve. Identiques à celles de l’homme, elles sont favorisées par les défauts d’hygiène, la macération, la leucorrhée. Le kraurosis est une sclérose (un durcissement) progressive des tissus cutanés et muqueux de la vulve. Celle-ci devient sèche, vernissée, brillante, tantôt blanche, tantôt de couleur foie gras. Progressivement, l’orifice vaginal devient fibreux, difficile à franchir. Le kraurosis apparaît après la ménopause ou après castration thérapeutique. Il est toujours amélioré par les oestrogènes de synthèse.
Les tumeurs vulvaires sont sou-
vent bénignes : angiome, molluscum, kystes divers. Certaines sont malignes : l’épithéliome spino-cellulaire est de pronostic très sévère et impose une vulvectomie totale, associée à un curage ganglionnaire. Le naevo-carcinome est encore plus redoutable. La downloadModeText.vue.download 30 sur 625
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 14
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maladie de Bowen peut déborder sur la peau avoisinante.
Muqueuse anale
Presque toutes les dermatoses peuvent siéger à l’anus, mais sont souvent modifiées par l’humidité régionale, le grattage et les infections surajoutées : dermo-épidermites streptococciques, moniliases, végétations vénériennes.
La syphilis frappe l’anus à toutes ses périodes : chancre primaire, plaques muqueuses secondaires (condylomes plats), ulcérations ou gommes tertiaires, syphilome ano-rectal de Fournier susceptible d’entraîner un rétrécissement.
Le chancre mou anal (en « bourse de quêteur ») est exceptionnel en dehors des épidémies de chancrelle.
La tuberculose peut être : lupique, verruqueuse, ulcéreuse, et surtout fou-gueuse et végétante. De nombreuses tumeurs bénignes ou malignes peuvent siéger à l’anus.