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7 juillet :Désignation de Londres comme siège des jeux Olympiques : déception de Paris.

7 septembre :Le cyclone Katrina en Louisiane.

20 septembre :Élection du chancelier d’Allemagne.

3 octobre :Négociations pour l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

27 octobre, 8, 14 novembre :Troubles et violences en banlieue.

22 décembre :Campagne contre les théories darwiniennes aux États-Unis.

Solidarité

Derrière les secours et les aides, qui sont des actes et de l’argent, derrière les équipes médicales, les hélicoptères et les navires, se tiennent certains principes sociaux et moraux, comme la solidarité, et aussi, ne soyons pas trop « angéliques », des intérêts, politiques et économiques.

La solidarité, donc. Le mot français n’a pas commencé sa carrière dans la générosité et l’entraide, tout au contraire. C’est l’idée de « totalité d’une somme d’argent » qu’exprimait le latin juridique par l’expression in solido, « pour le tout », avec l’adjectif solidus, non seulement « compact, solide », mais aussi « complet, entier ».

En droit français, l’obligation solidaire était une pure affaire de sous, entre des héritiers qui assumaient, pour chacun d’entre eux, la totalité des dettes. Être solidaire de quelqu’un correspondait seulement à partager des intérêts et des engagements, le tout évoquant l’esprit d’entreprise moderne.

C’est dans les circonstances terribles de la Révolution française que le mot solidarité s’est mis à exprimer une dépendance réciproque, d’abord pour les choses, puis pour des personnes qui décident de s’entraider.

Cette idée fut peu exprimée tout au long du XIXe siècle, mais depuis une centaine d’années, solidaire s’applique à la recherche d’une égalité que la société réelle, concrète, se refusait obstinément à pratiquer. D’où l’ambiguïté du mot et de l’idée. Ainsi, un impôt de solidarité, par son caractère obligatoire, manifeste surtout l’impuissance du pouvoir à réduire les injustices.

La solidarité internationale, après la manifestation tragique des malheurs à laquelle on assiste en Asie[85], semble avoir fait des progrès. Non seulement par l’importance de la mobilisation, mais par la prise de conscience d’une situation — on se plaît à le répéter — « sans précédent ».

Ce qui a un énorme précédent, c’est l’inégalité des situations dans les différentes parties du monde. Le tourisme, c’est évident, atténue ces inégalités en aidant l’économie des pays démunis. Mais en faire une activité de solidarité est dérisoire ; en constatant l’horreur du sort des plus pauvres — les populations des zones oubliées, sans tourisme — et en tentant, pour le moment de manière insuffisante et trop tardive, d’être solidaires de ces millions d’inconnus, la solidarité mondialisée devient plus tangible. Les raisons profondes de cet « élan » ne sont pas toutes pures, on le sait. Tant pis ; l’essentiel est que le sentiment qu’il existe une solidarité mondiale ait pu monter d’un cran.

4 janvier 2005

Promesse

Si le verbe promettre est clairement apparenté à mettre, la promesse n’a plus de rapport ressenti avec la messe.

Tous ces mots, cependant, viennent du latin mittere, qui signifiait plutôt « envoyer » que « mettre », plutôt « laisser tomber » ou « lancer » que « poser calmement ». D’où promittere et promissa, son dérivé, pour l’idée de laisser aller, laisser filer « en avant », pro-.

Du concret au psychologique, la promesse est devenue une assurance ou une prédiction, puis un engagement. On voit l’image : comme on envoie en avant un messager, comme on projette vers l’avenir une intention ou des paroles, on assure qu’un acte sera accompli, qu’un événement va se produire. Aujourd’hui, ce sont les mots prédiction, côté conviction, et prévision, côté raison, qui assument ce dernier rôle, mais la promesse en garde le souvenir.

On pouvait prévoir que le mot promesse allait avoir un énorme succès dans les relations politiques, comme il en a eu très vite dans la vie juridique et économique.

Les promesses, les assurances, les garanties fleurissent et sont généralement suivies d’effet, faute de quoi le système s’effondrerait. Ce qui n’est pas toujours le cas du côté politique où il s’agit avant tout de convaincre. La parole de promesse fait normalement usage du futur, alors que le conditionnel conviendrait. Mais on passe subrepticement du futur au présent ; de « demain on rasera gratis » à « demain on rase gratis ». Cela n’a l’air de rien, mais n’est pas sans effet.

Un État soucieux de passer pour généreux ne dit pas : « demain ou dans trois mois, je donnerai un milliard d’euros », mais « voilà, un milliard ! », ce qui implique le présent. L’avenir, c’est le possible ; un futur que la promesse rend présent. Tout est affaire de temps et le temps n’est ni neutre ni vide. Une intention, une prévision, une promesse ne sont pas des faits. Les faits, on est bien obligé d’y croire, car on les éprouve ; les promesses, on n’y croit que dans la mesure où on a confiance. Une phrase plaisante mais sinistre dit que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Heureusement, c’est une absurdité : l’engagement ne peut être que celui du prometteur (prometteur s’écrit depuis le XIIe siècle). Bizarrement, même les promesses auxquelles on ne croit guère ont de véritables effets : elles font en tout cas gagner du temps aux puissants, et le temps, en politique, c’est du concret.

5 janvier 2005

Socle

Parmi les métaphores de l’équilibre, destinées à conjurer la chute et l’échec, le ministère de l’Éducation nationale a choisi le mot socle, plutôt que base, soubassement, assise, soutien, support

Le mot socle est passé au XVIIe siècle en français, venant de l’italien, où socolo désignait la base d’une statue ou d’une colonne. Cette origine artistique, dira-t-on, est de bon augure dans la pédagogie ; sauf que ni la statue ni l’ornement architectural ne suggèrent le mouvement. Ce soupçon d’immobilisme s’atténue si l’on considère l’étymologie latine du mot italien. Socculus est un petit soccus, c’est-à-dire une socque, une chaussure de comique, distincte du cothurne surélevé des tragédiens.

Le socle est beaucoup moins drôle que la socque ; il a perdu le souvenir des comédies de l’Antiquité, parfois hilarantes. À propos, c’est bien dommage que les pièces d’Aristophane soient si difficiles à traduire. Mais bon, Aristophane n’est pas dans le socle des savoirs, qui n’est pas tourné vers la rigolade.

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85

Le tsunami.