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Коллежский секретарь

Александр Сергеев сын Пушкин.

15 августа 1825.

Село Михайловское.

159. В. А. ЖУКОВСКОМУ

17 августа 1825 г.

Из Михайловского в Петербург.

Отче, в руце твои предаю дух мой. Мне право совестно, что жилы мои так всех вас беспокоят — операция аневризма ничего не значит, и, ей-богу, первый псковской коновал с ними бы мог управиться. Во Псков поеду не прежде как в глубокую осень, оттуда буду тебе писать, светлая душа. — На днях виделся я у Пещурова с каким-то доктором-аматёром: он пуще успокоил меня — только здесь мне кюхельбекерно; согласен, что жизнь моя сбивалась иногда на эпиграмму, но вообще она была элегией в роде Коншина. Кстати об элегиях, трагедия моя идет, и думаю к зиме ее кончить; вследствие чего, читаю только Карамзина да летописи. Что за чудо эти 2 последние тома Карамзина! какая жизнь! c’est palpitant comme la gazette d’hier [194], писал я Раевскому. Одна просьба, моя прелесть: нельзя ли мне доставить или жизнь Железного колпака, или житие какого-нибудь юродивого. Я напрасно искал Василия Блаженного в Четьих Минеях — а мне бы очень нужно.

Обнимаю тебя от души. Вижу по газетам, что Перовский у вас. Счастливец! он видел и Рим и Везувий.

17 августа.

П.

160. А. П. КЕРН

21 (?) августа 1825 г.

Из Михайловского в Ригу.

Vous êtes désolante; j’étais en train de vous écrire des folies, qui vous eussent fait mourir de rire, et voilà que votre lettre vient m’attrister au beau milieu de ma verve. Tâchez de vous défaire de ces spasmes qui vous rendent si intéressante, mais qui ne valent pas le diable, je vous en avertis. Pourquoi faut-il donc que je vous gronde? Si vous aviez le bras en écharpe, il ne fallait pas m’écrire. Quelle mauvaise tête!

Dites-moi donc, que vous a-t-il fait ce pauvre mari? N’est-il pas jaloux par hasard? hé bien, je vous jure qu’il n’aurait pas tort; vous ne savez pas (ou ce qui est bien pire) vous ne voulez pas ménager les gens. Une jolie femme est bien maîtresse… d’être la maîtresse… Mon Dieu, je n’irai pas prêcher de la morale. Mais encore, on doit des égards au mari, sinon personne ne voudrait l’être. N’opprimez pas trop le métier, il est nécessaire de par le monde. Tenez, je vous parle à coeur ouvert. A 400 v. de distance vous avez trouvé le moyen de me rendre jaloux; qu’est ce donc que cela doit être à quatre pas? — (NB: Je voudrais bien savoir pourquoi M-r votre cousin n’est parti de Riga que le 15 du courant, et pourquoi son nom s’est-il trouvé trois fois au bout de votre plume dans votre lettre à moi? sans indiscrétion peut-on le savoir?). Pardon, divine, si je vous dis franchement ma façon de penser; c’est une preuve du véritable intérêt que je vous porte; je vous aime beaucoup plus que vous ne croyez. Tâchez donc de vous accommoder tant soit peu de ce maudit M-r Kern. Je conçois bien que ce ne doit pas être un grand génie, mais enfin ce n’est pas non plus tout-à-fait un imbécile. De la douceur, de la coquetterie (et surtout, au nom du Ciel, des refus, des refus et des refus) le mettront à vos pieds, place que je lui envie du fond de mon âme; mais que voulez-vous? — Je suis au désespoir du départ d’Annette; quoiqu’il en soit il faut absolument que vous veniez cet automne ici ou bien à Pskov. On pourra prétexter une maladie d’Annette. Qu’en pensez-vous? répondez-moi, je vous en supplie; et n’en dites rien à Alexis Voulf. — Vous viendrez? — n’est ce pas? — jusque-là ne décidez rien à l’égard de votre mari. Vous êtes jeune, une carrière entière est devant vous — lui…… Enfin soyez sûre que je ne suis pas de ceux, qui ne conseilleront jamais un parti violent — quelquefois c’est inévitable — mais d’abord il faut raisonner et ne pas faire d’éclat inutile.

Adieu, il fait nuit, et votre image m’apparait toute triste et toute voluptueuse — je crois voir votre regard, votre bouche entrouverte. Adieu — je crois être à vos pieds, je les presse, je sens vos genoux — je donnerai tout mon sang pour une minute de réalité. Adieu et croyez à mon délire; il est ridicule mais vrai. {28}

161. А. П. КЕРН

28 августа 1825 г.

Из Михайловского в Ригу.

Voici une lettre pour M-me votre tante, vous pouvez la garder si par hasard on n’est plus à Riga. Dites-moi, peut-on être aussi étourdie que vous l’êtes? comment une lettre adressée à vous, est-elle tombée en d’autres mains que les vôtres? Mais comme ce qui est fait est fait — parlons de ce que nous aurons à faire.

Si M-r votre époux vous ennuie trop, quittez-le — mais savez-vous comment? vous laissez là toute la famille, vous prenez la poste vers Ostrof et vous arrivez… où? à Trigorsky? pas du tout: à Michailovsky. Voilà le beau projet qui me tracasse l’imagination depuis un quart d’heure. Mais concevez-vous quel serait mon bonheur? Vous me direz: «Et l’éclat, et le scandale?» Que diable! en quittant un mari le scandale est complet, le reste n’est rien ou peu de chose. — Mais avouez que mon projet est romanesque? — Conformité de caractère, haine de barrières, organe du vol très prononcé, etc. etc. — Concevez-vous l’étonnement de M-me votre tante? Il s’ensuivra une rupture. Vous verrez votre cousine en secret, c’est le moyen de rendre l’amitié moins insipide — et Kern une fois mort — vous êtes libre comme l’air… Eh bien, qu’en dites-vous? quand je vous disais que j’étais en état de vous donner un conseil hardi et imposant!

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это злободневно, как свежая газета. (Франц.)