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— Ça me dépasse, avoua Desjani.

— Es poursuivent tout bonnement la même manœuvre… On a eu leur commandant en chef et ils se plient à ses derniers ordres parce que nul autre officier n’a été capable d’affirmer son autorité.

— Génial », murmura Desjani. Elle ronronnait quasiment. Elle regarda la formation de cuirassés de l’Alliance traverser en la laminant la flottille ennemie déjà affaiblie. Seuls dix cuirassés et croiseurs de combat syndics restèrent opérationnels, mais le Galant fut touché alors qu’il négociait son virage pour une nouvelle passe d’armes.

« Dommages au système de propulsion du Galant, mais il peut encore se défendre, grommela Desjani en approuvant à contrecœur. Ils concentrent leurs tirs et pilonnent nos cuirassés les plus endommagés. Voyez, le Redoutable a lui aussi été gravement touché.

— Malgré tout, il peut encore suivre la formation. »

Desjani se tourna vers son officier de l’ingénierie. « Les cinq minutes sont passées. Je peux manœuvrer ?

— Encore une minute, commandant, supplia l’ingénieur.

— Je n’en dispose pas !

— Paré à la manœuvre, éructa avec soulagement la vigie en recevant son rapport.

— Parfait, lâcha Geary. On y va. » Il n’avait pas fini sa phrase que la formation syndic modifiait radicalement sa trajectoire en piquant vers le bas pour revenir sur la flotte. « Où… ? »

Geary fit exécuter à ses cuirassés un virage dans sa direction, aussi serré que possible, en s’efforçant de prévoir le vecteur qu’elle conserverait. La réponse lui apparut au bout de quelques minutes. « Ils fondent sur le Résolution et l’Incroyable.

— Nous aurons droit au moins à une passe d’armes avant, fit remarquer Desjani. Tout comme nos cuirassés.

— Des nouvelles du Galant ? » s’enquit-il. Il aurait pu chercher l’information lui-même sur son écran, mais il préférait réserver sa concentration au tableau général.

« Le Galant rapporte que la moitié de ses systèmes de combat restent opérationnels, annonça la vigie des opérations. Boucliers affaiblis mais en passe de se rétablir. Plusieurs brèches sérieuses dans son blindage ont déjà été colmatées. Délai estimé pour regagner le contrôle des manœuvres, vingt minutes. »

Geary décida que le Galant était en mesure de prendre soin de lui pour l’instant ; il aligna ses croiseurs de combat pour une nouvelle interception de la flottille syndic et régla de même la trajectoire de ses cuirassés.

Cette fois, l’attente du contact fut une véritable torture. Résolution et Incroyable partaient à la dérive, réduits à l’impuissance, trop gravement atteints pour survivre à un autre assaut ennemi et trop massivement désarmés pour lui infliger des dommages. Le parallélépipède syndic, désormais nettement plus petit, incurvait déjà sa trajectoire pour fondre sur eux d’en haut et sur leur gauche. Un peu plus loin et légèrement plus haut, les croiseurs de combat de l’Alliance piquaient sur lui, tout comme, sur sa droite et à peu près au même niveau, ses cuirassés.

Il devenait flagrant pour les Syndics qu’ils n’auraient pas le temps de porter un coup mortel au Résolution et à l’Incroyable avant d’être décimés par les autres vaisseaux de la flotte. Alors que ces deux formations s’en rapprochaient, leur flottille plongea brusquement, en augmentant son angle de piqué, pour rejoindre la petite force ennemie qui, jusque-là, s’était tenue à l’écart des combats.

Geary donna quelques rapides instructions à ses cuirassés et croiseurs de combat pour contrer cette manœuvre.

Alors que les bâtiments de l’Alliance adoptaient leur nouveau vecteur, des alarmes anticollision retentirent. Geary eut tout juste le temps d’arracher son regard aux voyants qui clignotaient avant que ses croiseurs de combat ne pénètrent la flottille ennemie par-dessus et latéralement, au moment précis où ses cuirassés transperçaient son autre flanc.

Pendant un laps de temps effroyable, de nombreux bâtiments épousant tous une trajectoire différente à très haute vélocité se frôlèrent en louvoyant, tandis que les sirènes d’alarme de leurs systèmes de manœuvre protestaient par des beuglements et qu’ils s’efforçaient, dans ce maelström, d’éviter les collisions, que chacun de leurs systèmes de combat automatisés prenait soudain conscience de cet environnement riche en cibles et mitraillait tous azimuts.

Puis les trois formations se séparèrent à nouveau. Geary se rendit compte qu’il avait retenu sa respiration et il inspira longuement.

Desjani elle-même avait pâli. « Avez-vous songé à l’éventualité qu’on pouvait être trop doué pour compenser les mouvements ennemis, capitaine ?

— Pas jusqu’à aujourd’hui. » Il inspira encore, consulta son écran puis vérifia de nouveau. « Nous avons perdu quelques destroyers, mais c’est sans doute dû aux tirs ennemis. Des collisions ?

— N’empêche, capitaine. Ne nous faites plus jamais ce coup-là.

— D’accord. » Le parallélépipède syndic s’était volatilisé, désintégré par la puissance de feu de tous ces tirs croisés. Deux cuirassés poursuivaient poussivement sur leur lancée, mais ils avaient essuyé des dommages substantiels. Il ne restait plus aux Syndics aucun de leurs croiseurs de combat et leurs escorteurs avaient été décimés. À l’inverse, face à toutes ces cibles qui s’offraient en même temps à eux, ils s’étaient montrés incapables de concentrer leur feu. La flotte s’en tirait sans trop de dommages, hormis la perte de quelques croiseurs et destroyers malchanceux.

Geary poussa un soupir de soulagement. « Formation Indigo Deux, rompez et abattez-moi ces deux cuirassés syndics rescapés, ordonna-t-il. Formation Indigo Un, poursuite générale. Évitez ces deux bâtiments jusqu’à ce que nos cuirassés les aient achevés. »

La dernière chose dont il avait envie, c’était de perdre un autre Opportun.

À sa grande surprise, Desjani ne retourna pas aussitôt l’Indomptable pour poursuivre une autre cible. Elle haussa les épaules en voyant sa réaction. « Ces deux cuirassés sont les seuls qui valent la peine d’être abattus. En outre… (elle indiqua l’écran affichant la situation de son propre vaisseau) nous ne disposons plus que de trente-cinq pour cent de nos réserves de cellules d’énergie.

— Trente-cinq pour cent ? » En temps de paix, permettre aux réserves de bâtiments placés sous ses ordres de descendre à ce niveau lui aurait valu la cour martiale.

« Une chance que nous ayons sauvé le Titan, le Sorcière et le Djinn, lâcha-t-elle. Nous allons avoir besoin de toutes celles qu’ils pourront concocter entre ici et Varandal. »

Quatre

La facture du boucher est toujours le pire moment après la bataille. Geary parcourut les noms : Courageux, Aventureux, Exemplaire, Gobelin, croiseurs lourds Tortue, Brèche, Kurtani, Tarian et Nodowa. Croiseurs légers Kissaki, Cimier, Trunnion, Inquarto et Septime. Destroyers Épine, Yatagan, Fente, Arabas, Shail, Chambre, Baïonnette et Tomahawk.

Encore fallait-il s’estimer chanceux. Si la flotte avait dû fuir le système stellaire avec les Syndics à ses trousses, elle aurait aisément perdu trois fois plus de croiseurs et de destroyers, et davantage de croiseurs lourds et de cuirassés. En l’occurrence, elle avait le temps de réparer et de s’ébranler de nouveau.