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Bien que criblé de tirs, le Résolution pourrait la suivre. Mais Geary ne savait toujours pas s’il pourrait sauver l’Incroyable. Il restait encore au Galant assez de capacité de manœuvre pour combattre une dernière fois, encore que nombre de ses armes fussent HS.

Que cela leur plaise ou non, les vaisseaux de l’Alliance devraient s’attarder encore un peu dans ce système pour réparer les dommages aux unités de propulsion et autres systèmes essentiels endommagés, récupérer les modules de survie des bâtiments abandonnés pendant la bataille et procéder à la répartition des trop rares cellules d’énergie fabriquées par les auxiliaires depuis Dilawa.

Desjani ronchonnait. Geary suivit son regard, braqué sur la plus petite des deux flottilles syndics qui, après la destruction de l’autre, avait brusquement rebroussé chemin vers le point de saut pour Padronis. Ses croiseurs et ses avisos commençaient à s’estomper, tantôt pour poursuivre leur route vers ce point de saut, tantôt pour gagner ceux menant à Kalixa ou à Dilawa. « Nous ne pourrons plus les rattraper, se plaignit-elle. J’espérais qu’ils stationneraient un moment au point de saut pour Padronis et qu’on pourrait les balayer.

— Il y a de bonnes chances pour qu’ils prennent la tangente et aillent faire leur rapport après avoir semé leurs mines, fit remarquer Geary.

— Ils ont lâché leurs camarades ! Ils n’ont même pas tenté de nous frapper pendant que nous les combattions. »

Voilà donc ce qui la chiffonnait en réalité. Aux yeux de Desjani, ces Syndics avaient abandonné leurs copains et méritaient de le payer, toute racaille syndic qu’ils fussent. « Je parie que cette petite flottille avait reçu la consigne d’éviter le combat, Tanya, dans le but de nous interdire en dernier recours de gagner le point de saut pour Padronis.

— Ce n’est pas une excuse.

— Au moins ne tentent-ils pas de nous foncer dessus pour liquider nos bâtiments endommagés. »

Avant qu’elle pût répondre, une fenêtre s’ouvrit devant Geary, encadrant un capitaine Cresida au large sourire. « Je me suis dit que vous aimeriez savoir que nous avons récupéré les modules de survie du Courageux, capitaine. Dont celui qui contenait un capitaine Roberto Duellos légèrement secoué mais encore opérationnel. »

Geary sourit à son tour assez largement pour en avoir les zygomatiques endoloris puis se tourna vers Desjani. « Duellos est à bord du Furieux. Sain et sauf.

— Je vous avais bien dit qu’il n’était pas facile à abattre, répondit-elle sereinement avant de sourire.

— Le voici, capitaine Geary, annonça Cresida. »

L’image de Duellos se substitua à la sienne. Son uniforme était roussi et lacéré par endroits. « Capitaine Duellos au rapport, capitaine.

— Je… » Les mots manquèrent à Geary et il se borna à fixer Duellos l’espace d’un instant. « Bon sang, content de vous voir vivant ! Désolé pour le Courageux. Et l’Aventureux.

— Merci pour tout. » Duellos fixa longuement le pont. « C’est dur de perdre son vaisseau, mais vous le savez aussi bien que moi.

— Ouais, ça fait un mal de chien. Faites-vous examiner et prenez un peu de repos.

— Je dois m’occuper de mes gens, capitaine, répondit l’autre en dirigeant un geste vague hors champ. M’assurer qu’ils sont bien soignés. Ceux du Courageux et de l’Aventureux, à bord des vaisseaux qui les ont recueillis. »

Geary allait lui répondre qu’on pouvait se fier à Cresida quand il s’arrêta net, au souvenir du sentiment d’impuissance qu’il avait éprouvé après la destruction du Merlon, son croiseur, et de son envie irrépressible de faire quelque chose, surtout pour son équipage, alors qu’il ne pourrait plus jamais lui porter secours. Duellos tenait à s’en assurer en personne, bien entendu. Ça lui occuperait l’esprit et l’empêcherait de ruminer lugubrement la perte du Courageux et de ceux de ses matelots qui n’en avaient pas réchappé. « Certainement, capitaine Duellos. Si vous ou vos gens avez besoin de quelque chose, faites-le-moi savoir. »

Duellos s’apprêta à couper la communication puis hésita. « Vous savez très bien ce dont j’ai besoin, capitaine Geary, et vous ne pouvez pas me le fournir. Mais merci tout de même, parce que je sais que vous comprenez. »

Dès que la fenêtre se referma, peu désireux de ressasser encore la perte du Merlon, Geary consulta de nouveau le statut de la flotte. Hélas, l’Indomptable n’était pas le seul vaisseau dont les réserves de cellules d’énergie étaient passées en dessous des trente pour cent.

Incapable d’y remédier pour l’heure, il appela l’Incroyable et une image du capitaine Parr, son commandant, lui apparut. « Comment ça se passe, capitaine ?

— Ça ne pourrait pas être pire, répondit l’autre en souriant brièvement avant de concentrer son attention sur Geary. Vous n’aviez pas vraiment besoin de nous garder tous ces Syndics en vie, capitaine.

— Veuillez m’en excuser. Je viens de parcourir les réactualisations de l’état de l’Incroyable, mais il me faudrait votre sentiment personnel. Pourrez-vous le faire rapidement repartir ? »

Parr hésita. « De quel délai disposons-nous, capitaine ?

— Peut-être de quelques jours. Je ne peux guère gaspiller plus de temps, et seulement pour récupérer des prisonniers sur la troisième planète d’Héradao. »

Parr regarda autour de lui comme si son appréciation personnelle de cette petite section de l’Incroyable pouvait lui fournir une réponse. « J’aimerais bien essayer, capitaine.

— Deux jours, alors ?

— Ça devrait être jouable, capitaine. » Geary lui lança un regard interrogateur. « Je suis sûr qu’on peut y arriver, capitaine.

— Très bien. Si je peux vous aider en quoi que ce soit, faites-le-moi savoir.

— Le Titan s’approche, capitaine. Il pourra aider l’Incroyable et le Résolution. »

Geary l’encouragea d’un sourire. « Vous pourriez difficilement bénéficier d’une aide plus efficace. Le commandant Lommand du Titan est un excellent officier. Il fera tout ce qui est en son pouvoir. Je compte voir l’Incroyable de nouveau opérationnel sous deux jours. »

Il se rejeta en arrière en se massant le front dès que la communication fut coupée.

Desjani lui jeta un regard compatissant. « L’Incroyable y parviendra-t-il ?

— Ça m’épaterait. Mais il mérite qu’on lui donne une chance. Quand doit-on saborder l’Aventureux ? » Ainsi qu’ils l’avaient redouté, ce croiseur de combat avait souffert de tant de dommages structurels en sus de ses dégâts antérieurs qu’il était exclu de le réparer assez efficacement pour qu’il suivît la flotte hors de ce système stellaire. On réglerait donc son réacteur en surcharge, afin qu’il explosât en fragments trop petits pour que les Syndics pussent les exploiter.

Desjani transmit la question à son officier de l’ingénierie, qui répondit aussitôt : « Demain, commandant. Assez tard. Ils veulent être certains de l’avoir dépouillé de tous ses éléments récupérables. La destruction des deux plus gros segments du Courageux est prévue pour ce soir.

— Faut-il prévenir Duellos ? » demanda Desjani à Geary.

Il réfléchit un moment. « Vous avez déjà perdu un vaisseau ?