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« Largage des navettes de l’infanterie », annonça la vigie des opérations.

Sur son écran, Geary afficha une image du largage en surlignant la silhouette des navettes pour accroître leur visibilité. « Je n’avais jamais assisté à un largage aussi important, avoua-t-il à Desjani.

— Vous auriez dû voir celui d’Urda, capitaine. Des milliers de navettes fondant sur la planète. Un spectacle proprement stupéfiant. » Les yeux de Desjani se voilèrent brièvement à ce souvenir. « Puis les Syndics ont ouvert le feu.

— De grosses pertes ?

— Atroces. » Elle se contraignit à lui sourire. « Ce sera différent. »

Geary se força à le lui rendre, non sans regretter son allusion à Urda.

« Largage de la première vague de navettes d’évacuation.

— On décèle des mouvements chez l’ennemi. Une colonne de blindés se dirige vers le camp. »

L’écran de Geary fit passer en surbrillance la file de véhicules blindés qui rampaient en surface vers le camp de prisonniers. Il tendit la main et la marqua délibérément comme cible, puis demanda une solution de tir au système de combat, l’obtint un instant plus tard et l’approuva. Des cailloux jaillirent de trois vaisseaux de l’Alliance et piquèrent vers l’atmosphère d’Héradao III. Toute la manœuvre avait pris moins de dix secondes.

« Déclenchement du bombardement préalable. »

Une vague de projectiles déferla des bâtiments de la flotte ; chacun visait un point précis du camp de prisonniers. Les navettes descendant plus lentement qu’ils ne tombaient, le bombardement dégagerait l’espace aérien au-dessus du camp avant qu’elles ne l’atteignissent.

« Boum ! murmura Desjani quand la colonne de blindés disparut dans le nuage de poussière et de débris soulevé par les impacts.

— Peut-être vont-ils comprendre qu’il vaudrait mieux ne pas nous résister.

— Je n’y compterais pas, capitaine.

— Des batteries de rayons de particules ouvrent le feu depuis cinq positions différentes ! annonça la vigie des opérations. Elles ont manqué de peu le Splendide et le Bartizan. »

Geary se tourna vers son écran, marqua les batteries, obtint une solution de tir et déclencha une autre frappe. « J’ai bien fait d’ordonner des manœuvres évasives à la flotte. »

Le bombardement préalable pilonna la surface : certains cailloux n’étaient destinés qu’à tenter de supprimer les défenses cachées de l’ennemi, mais beaucoup s’abattaient sur des positions déjà identifiées et les postes de garde. En quelques secondes, ces derniers furent réduits à l’état de cratères remplis de gravats, tandis que la massive enceinte qui les reliait un instant plus tôt s’effondrait en de multiples points.

« Étaient-ils très nombreux dans ces postes de garde, selon vous ? lui demanda Desjani.

— J’en doute. Le colonel Carabali a cru comprendre qu’ils envisageaient de déclencher les armes de ces postes par télécommande si nous les laissions debout. De sorte que nous les avons abattus. »

« Largage des fantassins par les navettes de l’infanterie dans deux minutes », annonça la vigie des opérations.

Les cinq sites de batteries de rayons à particules explosèrent en une nuée de débris.

« Navettes arrivées à destination. Débarquement des fantassins. » Vue d’en haut, il se dégageait de toute l’opération une sorte d’élégance, à mesure que les navettes fondaient sur leurs objectifs, tant le long du périmètre du camp qu’en son centre puisque les fantassins en sautaient dès qu’elles faisaient du surplace, tandis que les balles traçantes de l’ennemi décrivaient des résilles lumineuses. Contrairement aux navettes standard de la flotte, celles de l’infanterie étaient dotées de systèmes de combat défensifs, qui ne tardèrent pas à cribler de grenades et de tirs automatiques les positions ennemies. Les fantassins se déployèrent et joignirent les leurs à ce déluge de feu, qui fit bientôt voler en éclats tous les nids de résistance. Tout le long du périmètre et en quelques endroits proches du terrain d’atterrissage central explosaient de petites éruptions de violence.

« Nous ignorons où se trouvent tous nos prisonniers, protesta Rione. Et ces fantassins sont en train de ravager le camp. »

Geary secoua la tête. « Leur cuirasse de combat leur signale toutes les positions connues des prisonniers. En outre, avant de tirer, nous devons nous fier à eux pour identifier leurs cibles. » Il afficha les données transmises par les fantassins.

« L’ennemi s’est terré, annonçait un de leurs officiers. Forte résistance autour de la zone de débarquement.

— Ça ne va pas être joli-joli », marmonna Desjani.

Cinq

« Tirs d’artillerie conventionnelle sol-sol sur le camp depuis des positions trente kilomètres à l’est et vingt au sud. »

Geary marqua d’autres cibles et les arrosa de cailloux. Son écran principal flottait à côté de lui, affichant la situation telle qu’elle se déroulait en bas, sur une grande partie de la surface de la planète, et dans les installations orbitales susceptibles de menacer la flotte. De l’autre côté, une vue en surplomb du camp de prisonniers restait en suspension : des symboles s’y déplaçaient, indiquant les mouvements des soldats amis ou ennemis aussi. Face à lui, il avait disposé un chapelet de fenêtres lui permettant de visionner les images transmises par les cuirasses de combat des fantassins. Il lui fallait éviter d’y revenir trop souvent, de se laisser prendre au jeu par des actions ponctuelles alors qu’il était censé superviser celles de toute la flotte, mais, parfois, ce point de vue individuel des fantassins pouvait lui fournir un aperçu édifiant du déroulement de leurs opérations.

Pour l’heure, il avait beau se crever les yeux, il pouvait difficilement s’en faire une idée. Sur l’écran général, certains pelotons ou compagnies de fantassins progressaient régulièrement vers le centre du camp, tandis que les symboles représentant des prisonniers libérés se multipliaient rapidement autour d’eux, à mesure qu’ils éventraient des baraquements et rassemblaient leurs occupants. Dans d’autres secteurs, ils avançaient plus lentement sous le feu de gardes syndics retranchés un peu partout dans des bâtiments. Les navettes d’évacuation se posaient au milieu du terrain d’atterrissage central malgré les tirs occasionnels qui les accueillaient pendant leur descente, et l’on poussait vers elles une multitude sans cesse croissante de détenus libérés hébétés. Le canal de contrôle et de commande des fantassins était saturé de rapports et de mises en garde.

« Navettes Victor Un et Sept gravement endommagées par des tirs au sol. Elles regagnent leur vaisseau mère.

— Désignation de la cible : le bâtiment 511. Tirez !

— Ils sont aussi sur la gauche. Petits édifices à 21 et 23.

— Des mines. Nous sommes dans un champ. Deux fantassins à terre. À toutes les unités, gare aux mines !

— Quelqu’un pourrait-il faire fermer sa gueule à cette foutue artillerie ?

— La flotte s’en charge. Frappes en ce moment même.