Выбрать главу

Des alarmes retentissaient et des symboles clignotaient sur l’écran. Il y voyait proliférer des réactualisations à mesure que les senseurs évaluaient ce qu’ils parvenaient à capter. « Nous arrivons à temps. »

Le portail de l’hypernet était encore debout, à un peu moins de six heures-lumière.

La flottille de réserve syndic orbitait à trois heures-lumière de l’étoile Varandal. Une petite formation de l’Alliance, composée des bâtiments rescapés qui avaient attaqué Atalia puis tenté de défendre Varandal, gravitait à sept minutes-lumière du parallélépipède de vaisseaux ennemis. « Deux cuirassés, un croiseur de combat, six croiseurs lourds, un léger et neuf destroyers, annonça Desjani. C’est tout ce qu’il en reste. »

Geary consulta l’hologramme, de plus en plus mal à l’aise. « Pourquoi les Syndics n’ont-ils pas tout détruit ? De nombreuses défenses de ce système ont été frappées par des bombardements cinétiques, mais ils en ont épargné beaucoup. Toutes les autres installations sont intactes.

— Que mijotent-ils donc ? marmotta Desjani.

— Une flotte de l’Alliance ! » Le message entrant surprit Geary, qui ne prit conscience qu’à cet instant de la présence d’un destroyer posté en éclaireur près du point de saut, seul vaisseau de l’Alliance perdu parmi les dizaines d’autres qui venaient d’émerger. « Louées soient les vivantes étoiles ! » poursuivit la voix vibrante du commandant de l’Howitzer.

Desjani se tourna vers sa vigie des opérations. « Tâchez d’obtenir de ce destroyer un rapport complet de ce qui s’est passé depuis l’arrivée des Syndics. Nous devons absolument visionner cet enregistrement maintenant.

— Connexion immédiate à ses systèmes de combat, annonça la vigie. Sur votre écran.

— Maintenez la position, Howitzer ! » ordonna Geary avant de se concentrer sur son hologramme, où se déroulait en accéléré l’historique des événements. Les défenseurs de l’Alliance avaient opposé une résistance à une heure-lumière du point de saut et perdu un autre croiseur de combat, un cuirassé et de nombreux escorteurs. « Ils ont encore chargé l’ennemi bille en tête malgré son écrasante supériorité numérique ! » grommela Geary.

L’amiral Tethys avait mené cet assaut, mais il avait trouvé la mort avec son Hardi. Le capitaine Deccan du Contort avait assumé ensuite le commandement, puis ce bâtiment avait été déchiqueté à son tour par une nouvelle passe d’armes syndic. Le capitaine Barrabin du Châtiment l’avait remplacé, mais le réacteur de ce vaisseau était passé en surcharge lors d’un autre accrochage à plus de deux heures-lumière du point de saut.

Selon les enregistrements de l’Howitzer, le capitaine Jane Geary de l’Intrépide avait pris le commandement des derniers vaisseaux qui restaient à Varandal. En sus de son bâtiment, seuls le cuirassé Fiable, le croiseur de combat Intempérant et leurs escorteurs affrontaient encore l’ennemi.

Entre-temps, la flottille de réserve syndic avait lancé des bombardements cinétiques et rasé les défenses de l’Alliance dans le système. Mais il n’y avait pas eu de suivi et elle ne s’était même pas approchée des quelques vaisseaux rescapés de l’Alliance, alors que, selon Geary, elle en aurait eu maintes fois l’occasion.

Alors pourquoi les Syndics n’avaient-ils pas achevé les défenseurs ? Ni détruit davantage d’installations de l’Alliance à Varandal ? Bon, bien sûr, les images qu’ils visionnaient dataient de près de trois heures. Peut-être était-ce en train de se produire.

« Par l’enfer ! » Les mains de Desjani, qui avait observé intensément son écran, s’activèrent promptement pour repasser une partie de l’enregistrement. « Regardez ça. Juste après le dernier accrochage avec les défenseurs de l’Alliance. »

Geary scruta le détail qu’elle venait de mettre en surbrillance en zoomant sur la flottille de réserve. Les senseurs optiques de la flotte étaient assez puissants pour discerner de menus détails à travers de vastes étendues de vide. « Des navettes ? Que fabriquent-elles ?

— Elles vont des croiseurs lourds vers d’autres bâtiments », murmura Desjani en entrant d’autres instructions. L’image s’agrandit encore, montrant les points d’accès des navettes auprès d’un croiseur lourd. « Le personnel. Vous voyez ? Ils l’évacuent des croiseurs lourds.

— Pourquoi ?

— Pilote automatique, répondit Rione d’une voix tendue. Vous m’avez bien dit que les Syndics pouvaient automatiser leurs bâtiments et les contrôler par télécommande, non ?

— Mais pourquoi tiendraient-ils à automatiser leurs croiseurs lourds… ? » Il en comprit la raison en même temps que Desjani.

« Ils vont s’en servir pour abattre le portail de l’hypernet, lâcha Desjani. Logique. Tout se tient. Les Syndics se sont enfoncés à l’intérieur de ce système stellaire, mais ils n’ont pas éliminé les défenses de l’Alliance ni bombardé très lourdement ses installations.

— Pour nous appâter, souffla Geary.

— Exactement. S’ils l’avaient fait, nous nous serions attardés près du point de saut à notre émergence, sachant qu’ils reviendraient tôt ou tard l’emprunter. Mais, puisqu’il reste encore des gens et quelque chose à sauver…

—… nous allons les charger », acheva Geary pour elle en traçant du doigt au travers de l’hologramme une ligne représentant les mouvements de la flotte. Quand ils nous verront, ils attendront le bon moment, frapperont assez sévèrement les défenseurs rescapés pour les éliminer et lanceront leurs croiseurs lourds sur le portail. Leurs autres bâtiments piqueront sur le point de saut et nous dépasseront en trombe. Le temps que nous comprenions ce qui s’est passé, l’onde de choc sera sur nous et eux auront sauté hors d’atteinte. Si nous n’avions pas compris qu’ils comptaient provoquer l’effondrement du portail de Varandal, leur plan aurait pu opérer.

— Ils nous liquident et avec nous tout le système stellaire. » Desjani semblait disposée à massacrer tous les Syndics à mains nues. « Mais comment peuvent-ils être sûrs que cet effondrement causera autant de dommages ? Là est la faille de leur plan.

— On peut augmenter la puissance d’une décharge d’énergie tout comme on peut la réduire », répondit Geary. Il ne se retourna pas vers Rione. Quand Cresida avait procédé à des calculs sur les moyens de réduire une décharge d’énergie, elle avait aussi travaillé sur la solution inverse. Geary avait confié à Rione le programme d’une telle apocalypse, en espérant que personne ne s’en servirait jamais. « Il faut croire que les Syndics ont eux aussi appris à le faire. »

La flotte était déjà là depuis quinze minutes. L’ennemi ne la verrait que dans deux heures et demie, mais Geary ne pouvait pas permettre d’en gaspiller une seule seconde puisque, pour atteindre les derniers défenseurs de ce système, toutes ses instructions exigeraient ce même laps de temps.

Transmettre ses ordres à ceux-ci restait donc prioritaire. « Ici le capitaine John Geary, commandant par intérim de la flotte de l’Alliance. Au capitaine Jane Geary, commandant du détachement chargé de défendre Varandal : l’objectif des Syndics est de provoquer l’effondrement du portail de l’hypernet en détruisant autant de ses torons qu’il le faudra.

S’ils y parviennent, la décharge d’énergie consécutive à cet effondrement anéantira ce système. Nous estimons qu’ils procéderont en envoyant par voie de télécommande des croiseurs lourds évacués sur le portail, car tout vaisseau à proximité serait détruit. Vous avez l’ordre de le défendre… (sa voix grippa un instant) à tout prix. Sa protection prend la priorité sur toute autre action, dont la défense des autres installations de l’Alliance dans ce système et la destruction de vaisseaux syndics qui ne menaceraient pas le portail. Ne sacrifiez vos forces que si cette protection l’exige. Tenez bon. Les renforts arrivent. En l’honneur de nos ancêtres. Geary, terminé. »