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Timbal hésita de nouveau. « Eu égard à vos nombreuses responsabilités du moment et au fait que l’alerte relative à une attaque imminente contre Varandal n’est toujours pas levée, vous êtes dispensé de la correction habituelle qui veut que vous rendiez compte à un supérieur. Je vous ferai savoir quand nous pourrons organiser une réunion. Entre-temps, j’espère que Varandal saura pourvoir à tous les besoins de la flotte. Timbal, terminé. »

Geary fixa le panneau des communications en fronçant les sourcils. « Il ne tient pas à me rencontrer ?

— Il le redoute probablement, affirma Desjani. Il serait sans doute accusé de comploter avec vous pour renverser le gouvernement. À moins qu’il ne craigne que vous lui demandiez son aide dans cette aventure. Ou que vous l’exigiez. Il se pourrait même qu’il vous propose son soutien dans un coup d’État et découvre que la réputation de loyauté de Black Jack envers l’Alliance n’est en rien surfaite. Éviter de vous rencontrer et de vous parler lui semble plus sûr.

— Enfer, après toutes les fois où il m’a fallu traiter avec un amiral quand je n’en avais aucune envie, le seul avec lequel j’ai besoin de m’entretenir refuse de me parler. Timbal est-il l’amiral en chef de Varandal ?

— C’est le seul qui s’y trouve encore, expliqua Desjani. Si vous vous souvenez, les combats d’Atalia et ceux qui se sont déroulés ici avant notre arrivée ont été meurtriers pour les amiraux de la flotte. Tagos est mort à Atalia et Tethys à Varandal. Ne reste que Timbal.

— Tagos, Tethys et Timbal affectés tous les trois à Varandal ? Pourquoi est-ce que je suspecte le personnel du service des Effectifs de se livrer encore à un de ses petits jeux stupides ? C’est toujours le cas ?

— En effet. » Desjani leva les yeux au ciel. « Voilà quelques années, un vaisseau ne cessait de se voir affecter des officiers portant tous le même nom. J’ai rêvé plus d’une fois de lâcher de gros cailloux sur le service des Effectifs en rentrant chez moi, à la fin de la guerre.

— Je vous donnerai un coup de main. »

Desjani montra l’hologramme. « Au moins avez-vous officiellement gagné quelques nouveaux vaisseaux. Les escorteurs rescapés ne sont pas nombreux parmi les défenseurs de Varandal, mais vous vous retrouvez à la tête de deux autres cuirassés et d’un croiseur de combat. L’Intrépide, le Fiable et l’Intempérant ont tous été lourdement pilonnés, mais ça veut seulement dire qu’ils s’harmoniseront avec le reste de la flotte.

— Ouais, j’imagine. Si je ne peux pas m’entretenir avec les amiraux, ces ordres auront au moins le mérite de nous permettre de ramener la flotte le plus tôt possible et en bon état. Puis-je le vérifier avec les systèmes automatisés disponibles ? »

Desjani secoua la tête. « Trop de vers grouillant dans tous les sens. Il sera déjà fichtrement épineux de surveiller les réparations à effectuer sur les gros vaisseaux. Contrôler l’avancée des travaux sur les destroyers risque d’être cauchemardesque, compte tenu de leur nombre et du peu de temps qui nous est imparti. Même si nous disposions de l’assistance d’un système automatisé, vous n’en auriez pas moins besoin de l’aide d’un personnel humain. Je recommande le recours à quelques-uns des ingénieurs des auxiliaires, mais, dans la mesure où l’Indomptable n’est plus confronté à la perspective d’un combat imminent, je peux vous fournir quelques-uns de ses officiers pour vous seconder.

— Ça ne posera pas de problèmes ?

— Aucun, capitaine. Mes jeunes officiers adorent les défis. » Ses lèvres frémirent légèrement, mais elle réussit à réprimer un sourire.

« Je l’aurais parié. » Geary fixait les étoiles en s’efforçant de se concentrer sur toutes les mesures à prendre. « Autre chose ?

— Nous avons reçu la confirmation qu’un modèle basique du dispositif de sauvegarde du capitaine Cresida avait été installé sur le portail de ce système. Une version plus sophistiquée est en chantier. Nous ne pouvons pas encore savoir quel accueil reçoit dans les autres systèmes stellaires le paquet d’informations mis au point par Cresida, mais la réaction rapide de celui-ci est de bon augure. Le dispositif de sauvegarde devrait se répandre de façon exponentielle dans tout l’hypernet et, à ce que nous avons pu constater par les sources officielles de Varandal, les images de Lakota fichent une trouille bleue aux gens.

— Bien. Parfait. Qu’en est-il de la clé de l’hypernet syndic ?

— Elle ne se trouve plus à bord de l’Indomptable et elle a été livrée à une installation spécialisée dans leur fabrication, sur une des planètes habitées de Varandal. Elle doit être en train de la dupliquer. »

Geary secoua la tête. « Je ne parviens toujours pas à me faire à l’idée que nous ayons pu l’amener jusqu’ici. Mais nous aurons besoin de cette clé.

— Raison pour laquelle nous allons la récupérer, ajouta Desjani, ce qui lui valut un regard approbateur de Geary. Dès que toutes les données relatives à sa fabrication auront été confirmées, cette installation la rendra à l’Indomptable. Dans un délai estimé à trente-six heures. Nous n’aurons plus besoin de garder secrète sa présence à notre bord puisque l’Alliance pourra fabriquer autant de copies qu’elle le jugera nécessaire. Mais nous aurons l’original.

— Super. Je craignais de devoir soulever des montagnes pour la récupérer. » Il baissa les yeux et s’arma de courage pour la question suivante. « Pas d’autres messages pour moi ?

— Non, capitaine. Les seuls que nous ayons reçus de l’Intrépide étaient des mises à jour officielles de son état. » Geary lui jeta un regard en biais. « Il lui faut du temps, capitaine. Jane Geary devra s’adapter à la situation. Elle répondra alors à vos messages personnels. »

Geary ferma brièvement les yeux. « Nous n’aurons peut-être pas beaucoup de temps.

— Tout le monde en est conscient et elle aussi. N’oubliez pas que Michael Geary a disposé de plusieurs semaines, avant vos premiers échanges de paroles, pour s’habituer au fait que vous aviez survécu. »

Il rouvrit les yeux mais continua de fixer les étoiles. « Et il me haïssait toujours.

— Pas à la fin ! Vous me l’avez dit vous-même. J’ai réussi à capter des communications de l’Intrépide par des moyens… détournés, et je sais que son commandant a contacté certains officiers de la flotte de sa connaissance. Des officiers qui vous connaissent. Ils lui parleront de vous, de l’homme que vous êtes réellement. Laissez-lui le temps et elle vous contactera.

— Ces autres officiers lui apprendront que j’ai abandonné son frère dans le système mère syndic et qu’il y a sans doute trouvé la mort. »

Desjani se rapprocha d’un pas. « Jane Geary est un officier de la flotte, répliqua-t-elle d’une voix plus tranchante. Elle connaît aussi bien que nous les risques que nous encourons. Elle ne peut pas vous reprocher la mort de son frère au combat, si du moins elle s’est bien produite. »

Il eut un bref rire contrit. « Vous présumez qu’elle réagira rationnellement.

— Et que les vivantes étoiles nous préservent de Geary qui réagiraient rationnellement. » Desjani secoua la tête. « Vous êtes plus jeune qu’elle biologiquement parlant, même si vous êtes son arrière-grand-oncle. Vous êtes la montagne qui lui a fait de l’ombre toute sa vie durant. Laissez-lui le temps.