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Bien sûr, de l’argent a été versé par les sociétés, mais de nombreux paramètres entrent en compte lors du paiement d’une rançon. Les modalités d’échange sont variables. Je souhaite être extrêmement prudent afin de ne pas donner envie à des apprentis sorciers de s’inventer une capacité de négociation. En novembre 2013, deux journalistes de RFI au Mali ont été enlevés et exécutés par des sous-traitants d’AQMI que les rumeurs de rançons avaient bêtement poussés à agir. C’est pourquoi je refuse de parler de rançon en tant que telle : souvent, lors d’une négociation avec des ravisseurs, les deux parties tombent d’accord sur des « éléments de négociation » qu’il s’agit ensuite de respecter quelle qu’en soit la nature — médicaments, matériel médical, libération de combattants.

Une rançon a également été versée pour la libération des derniers détenus d’Arlit, elle correspond naturellement à ce que nous avions négocié, mais je ne peux pas prétendre l’avoir vue de mes yeux car nous avons « envoyé » Mohamed Akotey pour livrer la rançon et récupérer les otages. Deux certitudes néanmoins : d’abord, les otages n’ont pas été libérés au prix de 500 000 euros chacun, une somme un temps avancée pour berner les autorités françaises et obtenir le précieux sésame de libération qu’on nous refusait ; ensuite, aucune entreprise privée n’a joué le moindre rôle dans cette opération de récupération et encore moins dans une quelconque négociation parallèle à la nôtre.

J’ai appris au service Action à ne jamais négliger l’ennemi, j’ai pris des dispositions s’il devait m’arriver quelque chose. Le cœur du « club de novembre » n’a pas hésité à laisser pourrir des hommes au fond du désert pour de l’argent, pour toujours plus d’argent… « Ces gens sont dangereux », me murmure-t-on, comme si nous nous trouvions dans les bas-fonds de Chicago à la grande époque d’Eliot Ness. Et alors ? Ne peuvent-ils pas rendre des comptes à la justice républicaine ? Combien d’employés de grands groupes devront-ils une nouvelle fois être pris en otages pour étancher la soif de ces réseaux ?

Mais j’ai gagné, les otages ont tous été libérés, ils sont rentrés chez eux sains et saufs. Areva et Vinci m’on remercié. Xavier Huillard en personne m’a appelé pour me féliciter du résultat et me garantir que « l’avenir est devant nous… ». En guise de reconnaissance, on « oubliera » de m’inviter aux différentes cérémonies de retour des otages et on mettra un terme à tous mes contrats de sûreté industrielle !

Mon obstination se résume dans les mots du très honorable Hélie de Saint Marc : « On peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier ; on ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de se renier, de se parjurer. » Je ne prétends pas avoir sauvé le monde, mais j’ai sauvé la vie de six hommes et d’une femme, au péril de la mienne. La reconnaissance de mon action ainsi que de celle de mes amis touaregs reste mon dernier objectif. Aujourd’hui, ce livre raconte ma vérité. La confrontation des versions aura lieu prochainement. Je suis prêt.

Mais cela est une autre histoire…

Remerciements

Jean-Marc Gadoullet :

À mes parents qui m’ont élevé dans un cadre honorable, en me laissant découvrir la valeur de l’humain ; à ma mère qui m’a protégé ; à mon père qui m’a forgé.

À ma famille qui a supporté ma carrière en silence et dans la crainte permanente.

À tous ceux qui ne m’ont pas tourné le dos lorsque j’étais exposé à l’adversité.

Aux combattants spécialisés qui ont refusé de croire l’impensable.

Matthieu Pelloli :

À Mélissa, ma compagne, pour le bonheur dont elle emplit ma vie. Pour sa patience et son soutien pendant les longues nuits d’écriture.

À mes parents et à mes professeurs, pour avoir fait de moi un être libre. Pour m’avoir donné les armes pour conquérir ma vie.