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« Il court après les putes, tu dis ?

— Oui, fit Herkus.

— Tu crois qu’il a quelque chose à voir avec cette fille qui a descendu ton gars Tomas ?

— Oui. »

Maxwell se leva et s’approcha d’une petite photocopieuse. « Je peux ? »

Herkus haussa les épaules.

Maxwell glissa l’enveloppe sur la vitre et en tira une copie. « Je vais faire circuler ça parmi mes chauffeurs, pour voir si ça leur évoque quelque chose. D’accord ? »

Herkus hocha la tête.

« Et fais gaffe avec ce flingue, reprit Maxwell. Si on te chope, c’est pas de moi que tu tiens ni les cartouches ni la coke, vu ?

— Vu », acquiesça Herkus.

Il se leva, alla ouvrir la porte, et était déjà sorti quand Maxwell le rappela.

« Si je te dégotte ce type, je touche combien ? »

Herkus s’immobilisa et regarda en arrière. « Un paquet. De quoi t’acheter une chemise à ta taille. »

31

Galya l’avait écouté chanter pendant au moins une heure quand elle s’endormit à nouveau. Des mots comme « Jésus », « Sauveur », et « Tout-Puissant » lui parvenaient à travers le plancher, tandis que de temps à autre, à l’étage, l’autre voix lançait sa plainte animale en un douloureux contrepoint.

Elle s’était réfugiée dans le lit en rabattant les couvertures sur elle, et priait Mama. Le sommeil l’emporta alors qu’elle murmurait encore contre l’oreiller.

Brusquement, elle s’éveilla : une porte avait claqué. Elle se dressa sur son séant et tendit l’oreille. Le cliquetis métallique d’une serrure. Fermant les yeux, elle mobilisa toute sa concentration pour écouter. Là, peut-être, un moteur qui démarrait et se fondait aussitôt dans le silence.

Le son avait été si ténu, si rapide qu’elle se demanda si elle avait vraiment entendu quelque chose, hormis la porte. Ou bien n’était-ce que le fruit de son imagination au sortir du sommeil ?

La fenêtre peinte ne laissait entrer que de minces rais de lumière, mais, au mouvement des ombres, Galya devina qu’un certain temps s’était écoulé. Le sang battait à ses tempes, sa langue était râpeuse contre son palais. Quand elle repoussa les couvertures, l’air froid et humide s’abattit sur elle. Sa respiration s’échappait en buée. Elle sentit l’odeur du sang sur ses vêtements, une odeur de métal et de viande avariée.

La plainte au-dessus avait cessé. L’endroit était plongé dans un silence pesant, le monde entier semblait se taire. Était-elle seule dans cette maison ? Billy Crawford, si c’était vraiment son nom, l’avait-il abandonnée ici ?

Elle se leva, et, posant précautionneusement les pieds entre les restes du tiroir, elle alla encore une fois coller son oreille à la porte et écouta.

Le front appuyé contre la surface lisse du battant, elle se donna des ordres. Réfléchir. Ne pas paniquer, pas comme elle venait de le faire, ne pas pleurer parce qu’elle avait peur, mais réfléchir, jusqu’à ce qu’elle trouve un moyen de se sauver.

Elle recula et se livra à un examen de la chambre. Le lit, la commode, un placard dans le coin, une vilaine moquette. Rien d’autre. Elle fit le tour de la pièce en tapotant les murs avec ses phalanges. Tout était dense et plein.

Les morceaux du tiroir gisaient épars à ses pieds. Elle se mit à genoux et regarda sous le lit. La poussière lui irrita les poumons et les fosses nasales. Elle attrapa le panneau avant du tiroir où la poignée demeurait vissée, éprouva sa solidité entre ses mains, puis se releva et le posa sur le lit.

Elle alla ouvrir la porte du placard. Vide, hormis quelques araignées et leurs toiles. Le réduit, soixante centimètres de large environ, et d’une profondeur identique, comportait un plancher nu. Elle y entra, sentit le contact du bois rugueux sous ses pieds.

Ici, l’odeur était différente. Plus propre.

Non, pas plus propre. Plus neuve. La peinture, sans être fraîche, avait été appliquée récemment.

Elle effleura les murs du bout des doigts, discerna les traces presque imperceptibles du pinceau. Alors que tout était vieux et décrépit dans la pièce, pourquoi peindre l’intérieur d’un placard ?

Galya continua son exploration, laissant ses mains courir sur les murs, au-dessus de sa tête, dans l’obscurité. Elle ne pouvait atteindre le plafond, mais ses doigts rencontrèrent un objet froid et dur.

Un crochet.

Levant haut les bras, elle trouva la chaîne qui le reliait au plafond. C’était assez solide pour qu’elle pût s’y suspendre. Elle laissa le bout de ses orteils traîner sur le plancher puis envoya ses genoux dans le mur du fond qui rendit un son creux.

Creux ?

Elle lâcha le crochet et reprit appui sur le sol. De son index replié, elle tapota contre le mur de gauche.

Plein.

Le mur de droite.

Plein.

Le mur du fond.

Creux.

Galya frappa encore, sondant, écoutant. Elle explora toute la paroi de gauche à droite, centimètre par centimètre. Parvenue au milieu du mur, elle rencontra une bande plus dure d’environ cinq centimètres de large où les coups rendaient un son mat, puis, à nouveau, du matériau creux jusqu’au bout.

Ressortant du placard, elle ramassa le panneau du tiroir sur le lit. Les coins qui avaient heurté le verre étaient émoussés, mais c’était tout ce dont elle disposait. Elle revint dans le placard et leva le tiroir à hauteur d’épaule, bascula tout son poids vers l’avant, et le projeta contre le mur du fond.

La plainte animale, déchirante, se fit entendre quelque part à l’étage. Galya ferma les yeux et pria une fois de plus l’esprit de Mama.

Elle envoya de nouveau le tiroir contre le mur, provoquant une coulée de poussière. La voix répondit.

Encore un essai, toute sa force concentrée dans ses épaules, et un éclat de plâtre se détachant pour révéler de minces lattes de bois.

« Merci, Mama », murmura Galya.

32

Lennon trouva Roscoe Patterson en train de jouer au billard dans un club près de Sandy Row. Roscoe ne leva pas les yeux. Il ajusta son tir, empocha la boule violette, et prépara le coup suivant.

« Deux minutes, dit Lennon en secouant la neige de ses chaussures.

— Va te faire foutre », répondit Roscoe. La boule jaune tomba dans le trou.

L’adversaire de Roscoe le foudroya du regard. Reculés dans les coins obscurs du bar, une demi-douzaine de buveurs surveillaient la partie.

« C’est pas très gentil, ça », fit remarquer Lennon, restant aussi aimable que possible, compte tenu de l’environnement. « Allez, juste deux minutes. Après, tu pourras continuer à mettre la pâtée à ton copain. »

Roscoe leva les yeux vers l’autre joueur mais n’accorda pas un regard à Lennon. Il posa sa queue sur le billard et, passant devant Lennon, marcha vers la porte, mâchoires serrées, œil fixe. Il attrapa un manteau sur la patère.

Lennon le rejoignit dehors, sur le carré de terre battue qui tenait lieu de parking.

« Faut pas venir ici, tu le sais bien », dit Roscoe en sortant un paquet de cigarettes de sa poche. Qu’est-ce qui te fait croire que j’aurai quelque chose à te dire ? T’as de la chance que je ne t’aie pas fait exploser ta putain de cervelle la dernière fois que t’es venu poser des questions.

— Aux grands maux les grands remèdes », répliqua Lennon. Il désigna le paquet de cigarettes. « Tu m’en offres une ?

— À toi, non. » Roscoe mit sa main en coupe pour abriter la flamme du briquet.

Lennon lui arracha la cigarette des lèvres et la glissa entre les siennes. Il inhala et sentit la chaleur lui passer dans la gorge.