Non !
Les coups cessent. J’entends un bruit. Un cri. Un autre bruit… Mon étourdissement se dissipe. L’homme à la combinaison gît sur la pelouse, les bras en croix. Le père Perlouze l’a descendu d’un coup de bêche sur la noix.
M’est avis que sa rédemption commence.
CHAPITRE (FATALEMENT) DERNIER[33]
Le Vieux jubile.
Faut dire que le bloc d’anthracite reprend très bonne mine, mes poulettes. Il pâlit. Il brille. Son éclat interne monte comme le soleil à l’horizon. Une véritable aurore.
— Vous avez pu franchir la frontière sans encombre ? demande le Dabe.
— Grâce à Perlouze qui a affrété le transporteur. Nous avons payé les droits de douane sur deux tonnes de charbon.
— Ce gredin ne se doute de rien ?
— Pensez-vous ! Je lui ai seulement dit que je devais rapporter ce bloc d’anthracite comme pièce à conviction. Il ne se doutera jamais que grâce au produit miracle de Mathias il ne s’agissait que d’une mutation passagère.
— Il vous a expliqué sa trahison ?
— Facile, il était l’ami d’un gros diamantaire allemand ; en compagnie duquel je gage qu’il a dû faire bien des combines équivoques. Ce diamantaire est une huile du parti néo-nazi. L’affaire l’a intéressé sur le plan idéologique. Que le parti dispose d’un tel pactole et il était riche à crever ce qui est essentiel pour un parti, non ? Ça valait le coup d’user des grands moyens.
Un silence.
— Tout va bien ? demande Pépère à Mathias.
Le flamboyant hoche la tête.
— Je… Oui, il… il me semble, monsieur le directeur.
— Comment, il vous semble ! Vous n’êtes pas sûr de vous, Mathias ?
— De moi, si. Mais c’est ce diamant, il s’agit d’une pierre dont la structuration et les propriétés physiques différent légèrement de la forme cristalline du carbone que nous appelons diamant. Son indice de réfraction semble moins élevé.
— Bref, ça ne serait pas DU vrai diamant ? coupe l’échevelé.
— Dans un sens, si. Mais d’une qualité très inférieure…
Il règle son microscope pour examiner une particule qu’il a détachée du bloc à l’aide de son seul cure-pipe.
— Extrêmement inférieure, monsieur le directeur !
Le Vioque frappe à plusieurs reprises son poing dans la paume de son autre main (le frapper dans la paume de la main formant poing constituerait un exercice beaucoup plus difficile).
— Deux tonnes, je me disais aussi, marmonne-t-il… Deux tonnes ! Vous pensez… Une pierre dont la nature est si avare… Ç’aurait chamboulé l’échelle des valeurs. Soyons objectifs, messieurs, un diamant, c’est fait pour être petit ! Ou alors, ça signifierait quoi ?
— Il y a des choses encore plus petites qu’un diamant, Patron, dis-je tout à coup.
Il me défrime de son regard délavé.
— Qu’entendez-vous par là, San-Antonio ?
Je sors une boîte d’allumettes de mon gousset. Elle est vide d’allumettes et ne contient qu’un bout de papier de soie que je déplie délicatement.
— J’entends cette micro-pile émettrice que j’avais dans un plombage dentaire, monsieur le directeur, et qui vous renseignait sur mes moindres déplacements. Grâce à elle, vous étiez au courant de toutes mes allées et venues et, par un système de scropouliage-annexé, vous pouviez déterminer à toute heure le lieu précis où je me trouvais. Quand je pense que je me croyais filé et que j’ai démoli la figure de deux pauvres bougres. Vraiment je ne saurai tolérer ce dégradant contrôle, monsieur le directeur. C’est une atteinte à la dignité humaine ! Un viol de la vie privée… Vous être mis en cheville avec mon dentiste pour m’assujettir de la sorte ! Ah, non ! non !
Le Tondu éclate de rire.
— Calmez-vous, San-Antonio, d’accord, le procédé est ignoble, là, vous voyez, je le reconnais. Aussi ne s’agissait-il que d’une expérience temporaire. Je me proposais de vous révéler la chose à votre retour. Mais vous m’avez devancé.
— Pas moi : un coup de poing que j’ai reçu, bougonné-je…
On quitte le labo pour retourner en des lieux plus hospitaliers, loin des diamants de bazar qui déclenchent les basses passions et les dégueulasses instincts.
— Au fait, me demande le Vieux dans l’ascenseur. Et votre dentiste ?
Je lui montre mes jointures écorchées.
— Il est chez son dentiste, monsieur le directeur.
EXCÉDENT DE PROSE
Fournie à titre gracieux, sans majoration de prix
Chair Sana,
Cette carte postable pour t’ dire que moi z’et Berthy, on est venu vacancer en Tathmaziz avec Alfred, le couafeur. J’ai retrouvai le mec qui m’avé vandu cé fruis exzotics don tu te rat-pèle les concécances. J’y é hacheté tou çon stoque. Biscaute le problaime de concervassion, Berthy NOUS s’en fait dé conffitures. Sa peu toujour dépané en ka de maleur. Je tan cerre sinq.
Ton vyeu :