Выбрать главу

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda le cavalier.

— On nous tire dessus ! expliqua la jeune femme, un fou…

Elle courut au coffre et l’ouvrit. Malko se déplia et en sortit. L’Argentin le regarda, les yeux ronds. Puis prit le parti de sourire.

— Vous jouez à quoi ?

— C’est une histoire de bonne femme, expliqua hâtivement Angelina. Mon ami a dragué la copine de « Sex-Machine », il nous poursuit…

L’Argentin éclata de rire.

C’est un fou furieux. L’autre jour au tir aux pigeons il s’est servi d’un FM… N’ayez pas peur, ici, il ne fera rien. Nous sommes chez le Sultan qui n’apprécie pas ses plaisanteries.

La Range-Rover avait disparu, mais Michael Hodges était à coup sûr embusqué dans les allées du terrain de polo. Ils ne seraient en sécurité que de retour à Bandar Sen Begawan. L’Argentin comprit leur, problème.

— Attendez quelques minutes, proposa-t-il. Nous repartirons tous ensemble. Cela m’étonnerait que « Sex-Machine » se risque à me tirer dessus. Je suis le meilleur joueur de polo de l’équipe de Brunei…

Dans cet univers de folie, c’était un argument de choc… Tandis que l’Argentin s’éloignait, Malko se rapprocha d’Angelina…

— Que s’est-il passé ?

Elle le lui dit. Malko était effondré. Non seulement il n’avait pas récupéré Peggy, mais maintenant, ses adversaires savaient que Mandy Brown était de son côté. Il avait acquis la certitude qu’en dépit de ses dénégations, Peggy avait été complice des assassins de John Sanborn. Mais il restait Mandy. A sauver coûte que coûte.

* * *

Michael Hodges sauta à terre, laissant sa carabine dans la Range-Rover. Ivre de rage. Cette petite salope d’Angelina Fraser l’avait bien eu ! En plus, il ne pouvait rien contre elle à cause de ses liens avec Al Mutadee Hadj Ali. Il passa sa fureur sur le gurkah au garde-à-vous, qui avait attendu que la voiture soit partie pour lui signaler l’incident du coffre… Maintenant, à cause de ce crétin, il devait affronter une situation entièrement nouvelle. Et il avait peu de temps pour la résoudre… Tous les soirs, le prince Mahmoud débarquait à la beach-house.

Il s’enferma dans le petit poste de garde et composa le numéro de la ligne directe de Al Mutadee Hadj Ali. Ce dernier décrocha lui-même.

— Nous avons un problème nouveau, annonça sobrement Michael Hodges.

Maintenant, il regrettait d’avoir obéi aveuglément aux ordres du Premier aide de camp et se rendait compte de l’inexpérience de ce dernier. Car il était en train de marcher sur les plates-bandes du Sultan, ce qui à Brunei n’était pas une situation d’avenir… Il résuma les faits à son interlocuteur. Il y eut un long silence au téléphone, puis le Brunéien lança d’une voix calme

— Liquidez-les tous les trois. Le plus vite possible. Les filles d’abord.

Pour éviter toute question supplémentaire, il raccrocha brutalement, laissant Michael Hodges un peu hébété. Tuer, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. A condition qu’il soit couvert. Seulement, sa couverture devenait de plus en plus fragile et il était sans illusion : si un fusible devait sauter dans cette affaire, ce serait lui. Seulement, au stade où il en était, il ne pouvait pas s’arrêter.

* * *

Peggy Mei-Ling fumait nerveusement, assise au bord de son lit, quand Michael Hodges ouvrit la porte de sa chambre. Elle le fixa, les yeux agrandis de terreur et il tenta de la calmer d’un sourire.

— Peggy, il faut que je te parle. Viens.

— Pourquoi pas ici ?

II désigna du doigt le plafond, d’un geste éloquent.

Peggy Mei-Ling écrasa sa cigarette dans le cendrier et se leva. Galant, Michael Hodges lui tint la porte. De gros nuages couraient dans le ciel, mais il ne pleuvait pas encore. Le Britannique lui prit le bras, avec douceur cette fois et l’entraîna vers le sentier menant à la plage. Celle-ci était close de barbelés aux deux extrémités et des gurkahs veillaient dans les broussailles. La mer de Chine était calme et le bruit du ressac lénifiant. Michael et Peggy s’éloignèrent de la beach-house, marchant à quelques mètres des vagues qui venaient mourir sur le sable, contournant un bosquet de bambous géants.

— Tu as été imprudente, dit Michael quand ils furent hors de vue de la maison. Il ne fallait pas parler à cet homme.

— Quel homme ?

— Celui qui était dans le coffre de la voiture d’Angelina Fraser.

La Chinoise sentit le sang se retirer de son visage. Elle essaya d’affronter le regard impitoyable du mercenaire, mais dut baisser les yeux. Impossible de nier. Elle balbutia

— Je n’ai rien fait, je ne voulais pas. C’est Angelina qui l’a ramené. Il connaît la nouvelle aussi. L’Américaine…

Michael Hodges passa un bras autour de ses épaules.

— Tu lui as tout raconté ?

Sans oser parler, elle hocha la tête négativement.

— OK, c’est bien, fit-il. On va te renvoyer à Hong-Kong, mais il faut que tu me jures de ne jamais rien dire à personne.

II sentit le corps crispé de la jeune Chinoise se détendre.

— Oui, je te jure, fit-elle.

— Bien.

D’un brutal coup de pied, il lui balaya les deux jambes et elle tomba comme une masse sur le sable humide. Son cri fut étouffé par les vagues.

Michael Hodges était déjà sur elle. La prenant par le cou, il la tira jusqu’au ressac. Peggy se débattait mais il lui comprimait les carotides de façon à la maintenir au bord de la syncope. Un vieux truc de commando. Presque sans résistance, elle se laissa entraîner. Arrivé dans la mer, il jeta Peggy dans cinquante centimètres d’eau.

Il se baissa et, comme elle ouvrait la bouche, cherchant un peu d’air, il la prit par les épaules et la maintint au fond de l’eau, face à lui.

Peggy Mei-Ling voulut hurler et avala de l’eau. Elle se mit à tousser, à tenter de recracher, essayant désespérément de se redresser, clouée par la poigne du Britannique. Ses yeux agrandis le fixaient, remplis de terreur. Les siens étaient inexpressifs. Comme s’il avait noyé une portée de petits chats… Cela dura trois minutes environ. Peggy Mei-Ling cessa de lutter, ses yeux devinrent vitreux et sa bouche demeura ouverte, remplie de sable et d’eau de mer.

Michael Hodges la tira alors au sec et entreprit de la déshabiller sans la moindre émotion. Dès qu’elle fut nue, il prit ses vêtements et s’éloigna d’un pas pressé, serrant son sinistre baluchon. Au passage, il jeta le tout dans sa voiture et gagna la chambre de la Chinoise. Il ne lui fallut que quelques secondes pour trouver un maillot deux pièces avec lequel il repartit. Peggy avait l’habitude de faire trempette la nuit tombée pour échapper aux regards des gurkahs. Personne ne s’étonnerait d’un accident. Il eut du mal à lui passer le slip mais ce fut plus facile pour le soutien-gorge.

Il restait l’Américaine. Peggy pouvait très bien l’avoir entraînée à la baignade nocturne.

Evidemment, le prince Mahmoud allait être furieux d’être privé de deux de ses plus beaux jouets, mais il suffisait de lui en procurer d’autres. Une double noyade accidentelle était toujours possible. Michael Hodges regarda sa montre : en un quart d’heure le second problème pouvait être réglé. Il n’y aurait plus ensuite qu’à éliminer discrètement l’envoyé de la CIA.

Chapitre XIII

Mandy Brown avait perdu sa belle assurance. Depuis qu’elle avait regagné sa chambre, elle guettait anxieusement les bruits de la maison. L’irruption de l’homme à la Range-Rover ne lui disait rien de bon. Il était venu vérifier qu’elle était bien retournée dans sa chambre, sans oublier de refermer soigneusement la porte derrière lui. Ses yeux bleus étaient ceux d’un tueur. Elle s’y connaissait…