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— Cet homme a commis une grave escroquerie au détriment de Sa Majesté, protesta-t-il. Je viens d’en avoir la preuve et je l’emmène en détention.

— C’est faux, s’insurgea Malko. Hodges vient d’assassiner sous mes yeux un de mes amis chinois, le banquier Lim Soon. Son corps a été jeté dans la rivière. Ici. On peut le retrouver.

Le Malais au pistolet n’avait visiblement pas envie de se lancer dans la discussion. Il contourna le mercenaire, sans cesser de le menacer et se plaça derrière Malko. Il défit alors ses liens ; d’abord les pieds, ensuite les poignets. Malko crut que Hodges allait lui sauter à la gorge. Mais il ne bougea pas, paralysé par la présence proche de la

Azizah. Malko détaché, le Malais lui donna une petite amicale sur l’épaule.

— Venez.

— Attendez ! protesta Malko. Michael Hodges m’a volé des papiers. Je dois les récupérer.

Avec un rictus haineux, le mercenaire pêcha nouveau son poignard dans son Ranger. Le tenant à l’horizontale, il lança à Malko.

— Venez donc les chercher.

Le Malais secoua la tête et cette fois, tira énergiquement Malko.

— Venez. Je n’ai pas d’ordres pour cela. Malko dut s’incliner, rentrant sa rage et son de vengeance.

Il s’engagea dans le sentier, suivi du Malais marchait à reculons, pour garder les trois tueurs le feu de son arme.

En arrivant sur la berge, Malko aperçut d’a drapeau jaune et rouge, puis la coque blanche du motor-boat. Azizah fumait une cigarette, très le pilote à côté d’elle. Lui aussi était armé, courte mini-Uzi… Malko, d’un bond, sauta à bord et s’inclina devant elle.

— Vous m’avez sauvé la vie…, dit-il.

— Que s’est-il passé ? demanda la princesse.

— Le pilote de mon bateau avait été soudoyé Michael Hodges. Il m’a mené droit dans une embuscade. Hodges a assassiné sous mes yeux le qui se trouvait avec moi.

— Quelle horreur ! s’exclama Azizah. Mais pourquoi ?

— Il m’avait procuré des preuves de la culpabilité de Al Mutadee Hadj Ali. Des photocopies de chèques. Il faudrait que nous retournions là-bas.

Azizah prit l’air lointain.

— Impossible. Je ne veux pas être mêlée à ces histoires. Le Sultan n’aimerait pas.

— Aidez-moi à récupérer ces photocopies de chèques, insista-t-il. Ils ont coûté la vie à Lim Soon… Un grondement se fit entendre. Le Boston-Whaler sursit au détour du chenal, fonçant sur eux !

* * *

Instinctivement, le pilote à côté d’Azizah empoigna son Uzi, prêt à tirer. Mais la petite embarcation passa à plusieurs mètres d’eux, filant vers le fleuve et ils furent seulement secoués par son sillage.

— De toute façon, c’est trop tard ! dit Azizah. Entrons.

Elle donna un ordre en malais à son pilote. Malko se laissa tomber à côté d’elle.

— Je ne sais pas comment vous remercier, dit-il.

— Vous me remercierez à Londres, murmura-t-elle

Malko ne répondit pas, encore sous le choc et asommé par son échec. Il revoyait le sang jaillir de gorge du malheureux Lim Soon. Il se sentait responsable de la mort du Chinois. Il avait perdu la preuve qui lui manquait pour confondre Hadj Ali. Le Premier aide de camp du Sultan saurait dans moins d’une heure que Malko était remonté jusqu’à la banque. L’amie chinoise de Lim Soon risquait de faire les frais de sa fureur et surtout, il détruirait les chèques…

Quant à Malko, son expulsion officieuse ayant écoué, il allait sûrement être victime d’une mesure officielle. Broyant du noir, il regardait défiler les berges. A la rigueur, il se remettrait d’une mission mais Mandy Brown ? Il ne lui restait plus arme pour l’arracher à la beach-house de Long Park. Or, Michael Hodges allait fatalement se venger sur elle… Azizah l’arracha à sa songerie morose.

— Vous ne pouvez plus rester chez moi, dit-elle. Mais je vais m’arranger pour que le Sheraton vous donne une chambre. Ils ne peuvent pas me refuser.

Le bâtiment sur pilotis dressé au milieu du fleuve, poste de contrôle de tous les bateaux arrivant à Sen Begawan, était en vue. L’ultime course contre la montre commençait.

Le problème était très simple. Il fallait retrouver Yé Yun Gi avant que Michael Hodges ne l’identifie. Si elle avait eu les chèques une fois, elle pouvait recommencer. Oserait-elle, après le meurtre de Lim Soon ?

C’était la seule façon de lui sauver la vie, Malko ne pouvant lui offrir comme autre alternative qu’une fuite en Malaisie. Yé Yun ne serait en sûreté que les coupables confondus.

Malko regarda le building blanc élancé de l’International Brunei Bank, juste en face de l’embarcadère. Il était cinq heures moins le quart, les banques fermaient à cinq heures.

Chapitre XVI

Malko attendait au coin de Jalan Pretty et de Jalan Mac Arthur, juste en face du grand building moitié verre moitié céramique blanche qui abritait l’International Bank of Brunei. D’où il se trouvait, il surveillait l’entrée réservée du personnel de la banque qui venait de fermer ses portes. Déjà une trentaine d’employés étaient sortis. Michael Hodges n’avait pas encore eu le temps de réagir. Il espérait que Yé Yun Gi n’était pas la première suspecte. Vitres ouvertes, Malko transpirait dans la chaleur moite de la fin d’après-midi. Déjà les premières gouttes de pluie tombaient. II avait récupéré sa voiture après que l’embarcation de la princesse l’avait déposé au marché aux poissons, lui évitant de franchir l’immigration.

La nuit tombait rapidement. Il sortit de la voiture. Si seulement il avait su où habitait l’informatrice de Lim Soon. Il avait pensé lui téléphoner, mais c’était courir un risque supplémentaire… Les lignes pouvaient être sur écoute. Il avança jusqu’aux voitures garées en épi devant la banque dans Jalan Roberts. Des employés sortaient encore. Personne ne faisait attention à lui. Il regarda sa montre. Cinq heures vingt déjà. L’angoisse l’étreignit : et si Michael Hodges avait déjà trouvé la Chinoise ? Dix minutes s’écoulèrent encore. Plus personne. Enfin deux employées apparurent. L’une d’elles était Yé Yun Gi. Elle portait J. pantalon noir et un chemisier blanc. Elle se sépara de sa copine en face du Kampong Ayer. Aussitôt, Malko déboula derrière Yé Yun Gi et la rattrapa.

— Yé Yun !

Elle se retourna, muette de surprise, puis esquissa un sourire après un regard effrayé autour d’elle. Heureusement, la nuit était pratiquement tombée

— Comment… Qu’est-ce que vous faites demanda-t-elle.

— Il faut que je vous parle, fit Malko. C’est important. Venez.

Yé Yun Gi semblait clouée sur place. Médusée

— C’est dangereux, fit-elle à voix basse, si on nous voit…

— Bien, fit Malko, rendez-vous en face des British Airways, au coin de Sungai Kianggeh, je vous prendrai là.

Il fit demi-tour. Surtout ne pas effaroucher Ye Yun Gi. Sa dernière chance… Il mit bien cinq minutes pour s’extirper de l’embouteillage en face de l’embarcadère. La pluie commençait à tomber sérieusement… Lorsqu’il atteignit les British Airways, Yé Yun Gi, stoïque, était trempée comme une soupe. La Chinoise se glissa dans la voiture de Malko qui lui demanda aussitôt

— Où habitez-vous ?

— Assez loin, vers l’aéroport, Jalan Tasek Lam. C’est Lim Soon qui vous envoie ? Que se passe-t-il ?

Malko tourna dans Sungai Kianggeh, conduisant très lentement à cause de la pluie qui rendait pare-brise presque opaque. La jeune Chinoise semblait paniquée.

Maintenant, il fallait lui dire la vérité.

— J’étais à Limbang, fit-il et Lim Soon m’a remis les photocopies des chèques.