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— Il a des tueurs ?

Elle évita un camion qui tenait le milieu de l’étroite chaussée.

— Quelques anciens mercenaires qui ont pris leur retraite ici. Sous la houlette du vieux Guy Hamilton. Lui vide sa cave, eux jouent au golf et, de temps en temps, effectuent un petit travail. Le propriétaire de l’hôtel Ang’s avait arnaqué un des frères du Sultan et s’était enfui à Singapour. On l’a retrouvé dans un ascenseur de l’hôtel Good Wood, cloué à la paroi par un poignard de trente centimètres… Ces types-là s’ennuient, alors ils deviennent vite féroces. On leur jette les putes philippines quand les princes et leurs amis s’en sont servis…

Un vrombissement grandit derrière eux, suivi d’un hurlement de klaxon. Angelina Fraser fit un brusque écart sur la droite. Malko eut le temps de voir passer une Ferrari grise qui filait aux alentours de 200 à l’heure. A son approche les autres voitures se jetaient littéralement dans le fossé ! Angelina Fraser eut un rire indulgent.

— C’est le Pengiran[11] Al Mutadee Hadj Ali, le Premier aide de camp du Sultan. Je le connais très bien ! Il va jouer au golf.

La Ferrari disparue, la circulation redevenait normale sur la route étroite bordée des deux côtés par la jungle. Angelina tourna à gauche et franchit un portail, pénétrant dans une propriété entourée de barrières blanches.

Une plaque de cuivre annonçait : Jerudong Park. Private grounds. Malko aperçut des pelouses immenses, des écuries, un terrain de polo, plus un Country Club. Superbe domaine. Ils longèrent un manège couvert où tournaient quelques cavaliers.

Angelina Fraser s’arrêta et l’un d’eux descendit de cheval, un bel homme qui se pencha et lui baisa la main. A quelque chose d’imperceptible, Malko sut que c’était un de ses amants.

— Tu viens monter ?

— Pas tout de suite, fit Angelina.

Elle repartit pour se garer devant le Country Club, une sorte de gros chalet avec une charpente de bois. Une piscine le jouxtait, entourée de bungalows. Des Occidentaux buvaient au bar, mêlés à quelques calots noirs malais. Un homme se détacha du groupe en voyant Angelina. Un Malais nu-tête, le front dégarni, les yeux protégés par des Ray-ban, une fine moustache noire au-dessus d’un sourire avenant, ne mesurant pas plus de 1,65 m. Angelina Fraser fit les présentations.

— Mr Malko Linge. Le Pengiran Sougamar Mutadee Hadj Ali. Premier aide de camp de Majesté le Sultan.

Les deux hommes échangèrent une poignée de mains. C’était donc celui qui accusait John Sanborn Il avait l’air d’un jeune homme bien sage, sauf quand son regard se posait sur Angelina. La poitrine aiguë moulée par le haut blanc paraissait le fasciner.

— Mrs Fraser, fit-il, je voulais justement inviter à la soirée qui suivra le match de vendredi prochain. (Il se tourna vers Malko.) Vous aussi, bien entendu...

— Merci, dit Malko. Avec plaisir

Le garçon s’approcha et le Premier aide de camp demanda en souriant à Malko

— Voulez-vous un « malaysian champagne » ? C’est notre boisson favorite.

— Pourquoi pas ?

Discrètement le barman mélangea le contenu d’une bouteille de Moët cachée sous le comptoir avec du jus d’orange. Les Brunéiens n’avaient pas le droit de boire de l’alcool en public. Ils échangèrent quelques banalités, puis Hadj Ali leur faussa compagnie.

— Vous semblez beaucoup lui plaire, remarqua Malko.

— Vraiment ! fit Angelina. C’est peut-être pour cela qu’il m’invite tout le temps.

Ils longèrent la piscine et Angelina ouvrit la porte d’un des bungalows.

Une grande baie donnait sur le golf, un grand lit très bas occupait toute la place, avec une télé et un magnétoscope Samsung. Angelina er eut un sourire coquin.

Ces chambres sont à la disposition des membres du club de polo. Cela permet à l’entourage du Sultan de satisfaire discrètement quelques envies après les soirées.

— Vous avez l’air de bien connaître les usages, remarqua Malko souriant.

Brusquement, l’air se chargea d’électricité. Une botte sur le couvre-lit, sa cravache à la main, Ange-lima Fraser le fixait avec une expression trouble, le visage levé vers lui.

— Qu’est-ce qui vous fait croire ça ?

Elle le provoquait ouvertement. Il s’approcha à la frôler. D’un mouvement vif, elle se pencha en avant, frottant les pointes de ses seins érigées contre la chemise de voile. Elle ferma les yeux, émit un son qui ressemblait à un ronronnement et dit d’une voix rauque :

— C’est trop bon, arrêtez !

Il emprisonna les petits seins dans ses paumes et elle se colla aussitôt à lui, haletante. Ils échangèrent un baiser long et violent, puis elle l’écarta, essoufflée, une lueur amusée dans ses yeux noirs.

— Ne restons pas ici, si Hadj Ali nous trouve, il va en faire une maladie. Nous ne faisons pourtant rien de mal, n’est-ce pas…

Un peu déhanchée, elle fouettait sa botte de sa cravache. Plus allumeuse, tu meurs, se dit Malko.

— C’est votre amant ?

— Vous êtes bien curieux ! Un ami.

— Vous savez que John Sanborn le soupçonnait ?

— De quoi ?

— D’avoir escroqué les vingt millions de dollars.

— Ridicule. Venez. En plus, mon mari va peut-être nous rejoindre pour le déjeuner.

Le pourtour de la piscine était désert.

— La fameuse Peggy Mei-Ling s’ébat ici ? demanda-t-il.

— Non, elle a droit à la beach-house du prince Mahmoud. C’est à sept cents mètres d’ici, au bord la plage. Protégée jour et nuit par des gurkahs. C’est là que « Sex-Machine » amène ses proies. C’est un endroit assez étonnant.

— Vous le connaissez bien ? demanda Malko, figue, mi-raisin…

Elle ne fuit pas son regard.

— Hadj Ali m’a fait visiter, un jour où Mahmoud était absent. C’est assez dément. Des glaces sans tain, des caméras partout, des circuits vidéo, des water-beds. Venez, allons déjeuner.

* * *

Son café avalé, Malko demanda avec un sourire

— On pourrait visiter cette beach-house ?

— Essayons, fit Angelina mais si Mahmoud est là, pas question.

Ils regagnèrent la Volvo et pendant qu’Angelina sinuait entre les pelouses, Malko posa la main sur son jodhpurs, très haut sur la cuisse. Angelina gloussa.

— Arrêtez, vous allez me faire sortir de la route !

Il massait doucement l’épais tissu entre les jambes. La jeune femme ouvrit les cuisses et se mordit les lèvres.

— Vous devez être un sacré coup ! murmura-t-elle.

J’ai hâte de faire l’amour avec vous. Regardez là-bas, c’est le palais de la Seconde épouse… L’ex-hôtesse de l’air.

Elle lui désignait une grande grille derrière laquelle on apercevait un immense bâtiment gris. Ils passèrent devant, filant vers la mer à travers le golf. Un peu plus bas, une barrière blanche barrait la route. Une demi-douzaine d’hommes tapait des balles à un practice de golf. Tous semblaient jeunes, sportifs d’allure très britannique. Angelina Fraser donna un coup de klaxon et l’un d’eux se détacha du groupe nonchalamment pour s’approcher, son club de golf à la main.

Bonjour, dit Angelina avec un sourire à damner Churchill, je voudrais montrer à mon ami la beach-house.

C’était l’inconnu que Malko avait vu en train de réparer sa roue près de chez John Sanborn.

— Vous avez une autorisation ?

L’homme avait une voix froide avec un accent cockney. Un gros Motorola émergeait de sa poche arrière. Il ne souriait pas en dépit de l’attitude provocante d’Angelina.

— Vous me connaissez, Michael, insista-t-elle d’une voix à faire bander un mort. Le Pengiran Al Mutadee Hadj Ali que je quitte m’a permis de visiter les lieux.

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11

Altesse.