— Au plaisir de vous revoir, commissaire ; et… bonne chasse !
Il s’éloigne en balançant sa canne.
La cabane part en digue-digue. Elle est effondrée partiellement du côté qui fait face à l’océan. Son toit a un affaissement dangereux et l’eau des pluies doit entrer dans cette masure sans trop de problèmes.
J’aperçois la roue arrière d’un vélo qui dépasse l’angle de la petite construction. Intrigué, je m’approche de la porte. Elle ne comporte pas de serrure, simplement un trou à mi-hauteur d’où pend un morceau de corde de chanvre terminé par une cheville de bois patinée par l’usage et le temps.
Comme je vais m’en saisir, la porte s’entrouvre en grinçant désespérément. Tout est noir. Odeur de paille moisie, de varech séché, de bois vermoulu.
Je fais un pas dans la masure, avec la confuse appréhension de morfler du contondant sur la nuque. Mais rien de tel ne se passe.
Je me tourne côté gonds. Une silhouette est là, immobile. Féminine. Parfum capiteux. Imperméable jaune, fichu sur les cheveux.
J’attends. Mes yeux s’habituant à la pénombre, je finis par identifier Lucette Clabote. Alors mon palpitant réussit un quadruple axel. Un flot de sang envahit mon cerveau.
Je croise en Dieu.
LE BONHEUR EXISTE, JE L’AI RENCONTRÉ
Cette épouse d’ami qui m’a traumatisé la chair et l’âme, comme l’écrit avec sa délicatesse coutumière M. Maurice Schumann, de l’Acadmie française par contumace, cette femme-vision, cet elfe gracieux, cette lumière matérialisée à laquelle, pauvre et misérable pécheur, fornicateur honteux, j’ai renoncé après l’avoir cruellement déçue, oui, cette image de grâce, de beauté, d’harmonie pure m’a mandé et m’accueille en un rendez-vous secret qui me fouaille les sens jusqu’au plus léger poil follet autant que périphérique.
Je suis interloqué, médusé, abasourdi (veuillez déposer en bas de page les synonymes qui vous viendraient à l’esprit, merci) ; j’en tremble. Mon regard bredouille, ma gorge se déshydrate, mon rectum se crispe, mon gland se contracte, mon sang ne fait qu’un tour (mais de toute beauté).
— Lucette ! parviens-je néanmoins à articuler.
Elle se coule contre le vantail afin de le refermer, s’y adosse. Un rai occulte venu d’une lézarde éclaire partiellement son visage de madone.
— Vous, enfin ! soupire-t-elle.
Elle déboutonne son ciré breton. O indiciblité ! O émerveillance ! O ravissement absolu ! Elle est nue dessous. Enfin, presque ! Mieux que totalement nue puisqu’elle est attifée d’un porte-jarretelles et de bas. ET C’EST TOUT !
Pour dire de ne pas te faire languir, je te raconte tout de suite sa chatte ? On ne voit qu’elle dans cet éclairage à la Rembrandt. Une touffe d’or mousseuse sur une peau mate. Tu croirais une apparition. Oh, pas céleste, je ne suis pas blasphémateur. Et moins encore infernale, mais je dirais une apparition de nature ! Une apparition de beauté accomplie. Sous la toison couleur de jeune blé au soleil, on distingue la mimique heureuse des lèvres roses. Et c’est féerique (d’art).
Jamais, chez les Plantagenêt, les Windsor, les Guise, les Kennedy, les Rothschild, les Fratellini, les Rivoire et Carret on n’a enregistré chatte de cette eau, de cette pureté. Le diamant fait con ! La moule à l’état pur. Le prototype du frifri absolu, de la figue à son apogée. La babasse reine !
C’est si tant éperdument émouvant, si formidablement confondant que je tombe à genoux devant la merveille.
Comment a-t-elle dit, y a un instant ?
« Vous, enfin ! »
Une pareille phrase d’accueil, tu peux tout te permettre, y en aura jamais suffisamment.
— Toi ! Est-ce possible ! réponds-je en classe éco, usant de cette sobriété de ton utilisée dans la première phrase des méthodes Assimil.
Je suis le desservant d’un culte d’amour (j’ai le culte de l’amour et l’amour du cul). Mes mains de reconnaissance se tendent avec un écartement d’environ trente-cinq centimètres. Elles sont légèrement incurvées, en conque, pour préciser. Elles se posent sur l’exquis fessier de l’épouse de mon ami. Ah ! combien j’ai de tendresse pour Alexis, en cet instant. C’est désormais, entre nous, à la vie à l’amour ! Contact suave, à la fois ferme et doux. Mes doigts d’imploration doivent émettre des ondes qui la font se cambrer. O l’adorable cul, si réservé, mais si ardent !
Ma bouche s’approche de ses lèvres. Une exquise chaleur de nid s’exhale qui met sur mon visage un souffle de printemps tiède dans les jardins fleuris des îles Borromées. Je prends langue avec elles. Sans hâte, d’un frétillement imperceptible. Le miracle s’opère. Insensiblement, ses cuisses se séparent permettant un fouissement plus complet. La chérie ! Elle saisit mon visage à deux mains. Tu imagines la scène, Arsène ? Mes pattounes sur ses miches, les siennes tenant ma gueule comme si je venais de subir une décollation et qu’elle la veuille contempler une ultime fois. Ma bouche vorace rampe dans ce bonheur.
La pauvrette, saisie d’une faiblesse consécutive à un trop grand désir (je fais simple), glisse légèrement contre le rugueux vantail. Mais c’est tout bénéfice pour ma tyrolienne de cresson. La souplesse permet l’audace. Une liberté accrue autorise des initiatives plus poussées. Ma dextre quitte sa fesse gauche afin de lui mandoliner le pourtour. Si tu as besoin d’une démonstration, madame, une seule adresse : la mienne ! Viens avec ton mec, je lui expliquerai le topo. Comment, pendant que le lingual s’exprime dans la zone du clito, mon auriculaire, mon annulaire et mon médius s’inscrivent voluptueusement à l’arrière-plan, montant et descendant comme sur les cordes tendues d’un instrument, alors que le petit inquisiteur de service, à savoir mon cher index fureteur, caresse en s’y vrillant l’œil de bronze.
Veux-tu que je te dise, Denise ? Cette merveilleuse, c’est la première fois qu’on lui bricole une gâterie de cette ampleur. On sent qu’il y a de la découverte dans sa pâmade menue. Ils sont exclamatoires, ses petits cris de plaisir. Cette fois, je suis en plein contrôle de la situation. Je vais l’essorer une première fois à la généreuse. Altruiste, le commissaire. Chevaleresque. Galanterie française pas naze le moindre !
Elle pantelle presque, Lucette. M’a lâché la frime pour prendre appui sur mes épaules. Ça me dérobe un tantinet sa case trésor, mais ma sinistre demeurée en faction sur sa meule droite est là pour pallier la reculade, maintenir l’instrument en bonne position. Je lui joue « Laisse aller » avec une telle virtuosité que, franchement à côté de moi, Menuhin a l’air de jouer de la grosse caisse dans la fanfare du village. Moi, dans ces cas-là, ce qui fait ma force, c’est ma capacité respiratoire.
Faut du souffle pour se lancer à l’assaut d’une gerce sans l’interrompre une seconde. Et je parle pas de la menteuse qui fatigue. Chez certains sujets, elle se paralyse pour de bon. Ils sont là avec une vraie langue de bœuf tirée qu’ils savent même plus rentrer dans leur clape. Ils font des « Heeee ve m’efcufffe » à leur partenaire dont le bijou étincelle dans la rosée du matin. La pauvrette ose pas se terminer à la mano et ça lui chamboule le sensoriel ; elle serait partante pour enquiller n’importe quoi d’oblong dans la nuisette fourrée : une betterave, un bâton d’agent, l’étui à lunettes de grand-père ! Merde ! c’est la vie, tout ça, faut la comprendre au lieu de cheniller, de glapir au sagouin !
Lisez-moi ça ! Le combien il est dégueulasse, cet Antonio, insane, dépravé de partout ! Bande d’oc ! On les appelait comme ça avec mon pote Léon : la bande d’oc. On les regardait marcher, bouffer, causer. Ça nous mettait presque en colère de les voir si réellement cons, tous. On avait presque envie de s’en prendre au Seigneur pour avoir permis un tel gâchis. On Lui en voulait de ne nous avoir pas faits aussi cons que les autres, qu’on puisse unissonner. Les minorités, quand elles sont par trop minoritaires, se font chier à la longue !