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— Pas question, Pham. C’est toi qui t’es mis dans ce pétrin, et tu t’en sortiras pas comme ça.

Des ATH que Pham chiffonnait dans sa main droite montait l’écho étouffé d’exclamations de colère. Il y eut un dernier couac ! et la porte de la réserve s’ouvrit brusquement.

— Qu’est-ce qui vous prend, Silipan ? Je vous ai dit de…

Anne Reynolt se glissa dans la pièce. Elle avait instantanément compris le sens de la scène, mais elle n’avait rien sur quoi prendre son élan.

Et Pham fut tout aussi rapide qu’elle. Sa main pivota, le petit pistolet cracha sa fléchette et Reynolt se plia en deux sous la douleur ; un instant plus tard, une insolite détonation amortie ébranla son corps. Pham se retourna vers Trud avec un large sourire.

— Fléchettes explosives. Tu connais ? Ça te rentre dedans, et puis, boum ! tes tripes passent à la moulinette.

Le teint de Silipan vira au blanc terreux.

— Euh… hummm.

Il contempla le cadavre de sa zombie de patronne. Il avait l’air prêt à dégueuler.

Pham tapota la poitrine de Silipan avec le mignon pistolet. Trud baissa les yeux, pétrifié d’horreur, et regarda le canon de l’arme.

— Trud, mon ami, pourquoi cet air morose ? Tu es un bon Émergent. Reynolt n’était qu’une zombie, elle faisait partie des meubles.

Il désigna le corps de Reynolt, dont les convulsions s’atténuaient. Ce serait bientôt une masse flasque, un cadavre tout frais.

— On va donc se débarrasser de ce déchet, le ranger quelque part, et ensuite tu pourras me montrer comment déconnecter les zombies.

Il recula avec un sourire salace et récupéra le corps. Trud tremblait visiblement lorsqu’il se dirigea vers la porte.

Dès que Silipan lui tourna le dos, l’étreinte négligente de Pham sur le corps d’Anne se fit prévenante, attentionnée. Seigneur, ce machin sonnait comme un vrai engin de mort, pas comme un pistolet paralysant avec détonation simulée. Il y avait une éternité – la moitié de sa vie – qu’il n’avait pas touché cet accessoire de théâtre ; et s’il avait raté son coup ? Pour la première fois depuis son passage à l’action, la panique s’infiltra dans le flux d’adrénaline. Il glissa la main sous la carotide de la jeune femme… et détecta un pouls puissant et régulier. Anne était probablement étourdie, rien de plus.

Pham afficha à nouveau son sourire de prédateur et suivit Trud dans la salle de groupe des zombies.

Cinquante-quatre

Les agences de presse eurent quand même le dernier mot. Les services de sécurité de l’Accord avaient censuré l’image de maman en train de descendre du poignard volant. Qu’à cela ne tienne ! Quelques minutes plus tard, elle était en territoire terresudien… et les agences de presse locales ne demandaient pas mieux que de montrer Victory Smith et tous les membres de son entourage. Pendant quelques minutes, les caméras étaient si proches que Viki put voir l’expression interne des mains nourricières de la générale. Maman avait l’air plus sereine et plus militaire que jamais… or, pendant ces quelques minutes, Victory Lighthill eut l’impression d’être un petit enfant plutôt que lieutenant des Renseignements. C’était aussi grave que le jour où Gokna était morte. Maman, pourquoi prendre ce risque ? Mais Viki connaissait la réponse à cette question. La générale n’était plus indispensable à la grandiose contre-écoute qu’elle et papa avaient mise au point ; elle pouvait maintenant aider les gens auxquels elle avait fait courir le plus de risques.

Le club des sous-officiers était bondé, rempli de faucheux qui normalement auraient dû être en train de dormir entre deux périodes de service ou de s’adonner à d’autres distractions. C’était l’endroit qui leur évoquait le plus la reprise du travail. Et, pour une fois, le « travail » était manifestement l’activité la plus importante pour le tout-venant des militaires.

Victory se promena d’une console de jeux à l’autre, signalant discrètement à ses gens que tout baignait. Finalement, elle grimpa sur un perchoir à côté de Brent. Son frère n’avait pas retiré son casque. Ses mains s’agitaient constamment au-dessus de la console. Elle lui tapa sur l’épaule.

— Maman va parler d’une seconde à l’autre, dit-elle doucement.

— Je sais, dit Brent, l’esprit ailleurs. L’entité numéro neuf nous voit en pleine action, mais elle n’a pas encore pigé. Elle croit que le problème est local.

Viki faillit lui arracher son casque. Zut. C’est comme si j’étais sourde et aveugle moi aussi ? Mais elle tira un téléphone de sa veste et composa un numéro.

— C’est toi, papa ? Maman a commencé de parler.

Le discours fut bref. Et efficace. Il neutralisait la menace venant du Sud. Oui, mais… aller là-bas, c’était encore prendre trop de risques. Sur les écrans au-dessus du fizz-bar, Viki voyait la générale remettre à Tim le texte officiel de sa proposition pour qu’il le transmette au Parlement. Peut-être les choses s’arrangeraient-elles de ce côté. Peut-être le déplacement était-il justifié. Plusieurs minutes s’écoulèrent. Les caméras balayaient l’amphithéâtre, révélant un tumulte grandissant. Maman avait quitté la plate-forme avec l’oncle Hrunk. Une minable petite créature vêtue de sombre les aborda. Pedure. Ils se disputaient…

Et puis tout cela n’avait plus d’importance. Brent s’ébroua tout contre elle.

— Mauvaise nouvelle, dit-il, le casque toujours sur la tête. Je les ai tous perdus. Même notre vieil ami.

Lighthill sauta du perchoir de sa console et fit signe à son équipe. Ce geste aurait pu être un coup de sifflet strident, car tous se relevèrent, sanglèrent leurs sacoches et se dirigèrent vers la porte. Brent arracha son casque et se précipita dehors, juste devant Lighthill.

Derrière eux, elle vit des regards curieux, mais la plupart des clients du club étaient trop accaparés par la télévision pour leur prêter beaucoup d’attention.

L’équipe avait dévalé deux étages lorsque les sirènes d’alarme commencèrent à hurler.

— Que voulez-vous dire ? Nous avons perdu le soutien zombie ? La liaison à fibres optiques a été coupée ?

Trinli aurait-il mis la main sur l’ensemble du réseau optique ?

— N… non, monsieur. Du moins, je ne le crois pas.

Le caporal Marli était assez compétent, mais ce n’était pas Kal Omo.

— Nous pouvons toujours envoyer des impulsions, mais les canaux de commande ne répondent plus. Monsieur… c’est comme si quelqu’un avait carrément déconnecté les zombies.

— Hum. Ouais.

Ce pouvait être encore une surprise signée Trinli, ou alors il y avait peut-être un autre traître dans les Combles. Quoi qu’il en soit… Nau considéra Ezr Vinh, de l’autre côté de la pièce… Le regard vitreux, le Fourgueur souffrait en silence. Des secrets importants se cachaient derrière ce regard, mais Vinh était aussi résistant que tous ceux que lui-même ou Ritser avaient interrogés jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il faudrait soit du temps, soit un moyen de pression particulier pour tirer de lui des informations valables. Du temps, ils n’en avaient plus. Il se retourna vers Marli.

— Je peux encore parler à Ritser ?

— Je crois. Nous avons la liaison à fibres optiques avec la station laser à l’extérieur.

Il pianota maladroitement sur sa console. Nau se retint de manifester sa colère. Mais sans le soutien des zombies, tout le monde était maladroit. C’est comme si nous étions des Qeng Ho.