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Sultan Hafiz Mahmood s’allongea sur son charpoi pour sa sieste quotidienne. Dehors, il faisait plus de 45°. Les étés à Islamabad étaient brûlants.

Bercé par le chuintement de la climatisation, il essaya de trouver le sommeil, sans y parvenir. Obsédé par le compte à rebours qu’il ne maîtrisait pas. Pour des raisons de sécurité, il avait été convenu que le groupe chargé d’acheminer jusqu’à son objectif la petite merveille qu’il avait mise au point n’enverrait aucun message et il savait avoir encore longtemps à attendre.

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Le premier policier du Special Squad s’apprêtait à s’engager dans l’escalier de la mosquée, quand une silhouette surgit sur le palier du premier étage. Un barbu aux vêtements et à la barbe tâchés de sang, brandissant un couteau qui lui parut gigantesque. Le policier braqua sur lui son MP 5 et hurla :

— Stay where you are[27] !

Comme s’il ne l’avait pas entendu, le barbu dévala les marches, son couteau brandi, en vociférant des imprécations incompréhensibles. Le policier attendit la dernière seconde pour appuyer sur la détente de son arme. Une première rafale de cinq projectiles partit, transperçant la poitrine du barbu. Entraîné par son poids, ce dernier continua sa dégringolade et vint heurter le policier. Ils tombèrent tous deux en arrière, mais seul l’homme de Scotland Yard se releva.

Choqué, il dut s’appuyer au mur, tandis que ses collègues se ruaient dans l’escalier. Arrivés au premier, ils commencèrent à ouvrir les portes les unes après les autres. De l’une d’elles, surgit un autre barbu qui eut le temps de plonger son couteau dans le cou d’un policier, avant d’être abattu. Prudents, les hommes du Special Squad continuèrent l’exploration du bâtiment, débusquant un troisième militant islamiste, qui s’enfuit par une échelle jusqu’au grenier.

De là, il se hissa sur le toit et, à moitié dissimulé derrière le panneau annonçant : NEWHAM NORTH ISLAM ASSOCIATION, commença à haranguer la foule massée autour de la mosquée, crachant des injures en anglais et en urdu, criant à la profanation, à la guerre sainte… Plusieurs policiers, utilisant une échelle de pompiers, le rejoignirent sur le toit, lui ordonnèrent de se rendre. Celui-là ne semblait pas armé. Le chef du Special Squad de Scotland Yard s’avança en personne pour le convaincre. Le barbu lui jeta un regard halluciné, hurla Allah o akbar !, courut jusqu’au bord du toit et sauta.

Sa chute fut filmée par une demi-douzaine de caméras de télévision. Toutes les chaînes présentes à Londres convergeaient vers Green Street. Un cri horrifié s’éleva de la foule des badauds lorsque l’homme s’écrasa sur l’asphalte.

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John Gilmore, assisté de plusieurs agents du MI5, dont deux lisaient l’urdu et l’arabe, fouillaient la mosquée dans tous ses recoins. Scotland Yard avait envoyé ses spécialistes de l’antiterrorisme à la recherche d’armes et d’explosifs. Sans rien trouver jusque-là. On avait seulement découvert dans un bureau des documents expliquant comment empoisonner à la ricine un réseau hydraulique. Visiblement, cette mosquée servait de base à des islamistes radicaux, comme celle de Finsbury Park nettoyée quelques mois plus tôt par Scotland Yard… L’agent du MI6 errait de pièce en pièce, furieux et frustré. Le sac de voyage de Chawkat Rauf n’avait rien apporté d’intéressant et le caméscope demeurait introuvable. John Gilmore enrageait, d’autant plus qu’il était désormais certain de sa valeur. Il fallait un enjeu de taille pour que, délibérément, ces militants islamistes aient sacrifié leur couverture pour liquider la taupe du MI6.

John Gilmore allait sortir prendre un café lorsqu’un homme de Scotland Yard, qui avait reçu pour instruction de tout lui remettre, s’approcha, un objet à la main.

— Sir, annonça-t-il, nous avons trouvé ceci sous le plancher de la salle de prière.

C’était un petit caméscope Sony, un modèle numérique ordinaire, avec une cartouche à l’intérieur. John Gilmore l’aurait embrassé !

— Merci, fit-il. Vous avez fait du bon boulot.

Le caméscope à la main, il regagna sa Rover bleue. La mosquée, fouillée de fond en comble, n’avait plus de secrets à révéler. D’innombrables services techniques de Scotland Yard étaient en train de relever tous les indices. La foule commençait à se disperser et seules restaient les équipes de télévision qui interrogeaient les voisins afin de reconstituer le drame qui avait coûté la vie à cinq personnes dont un policier.

Chose rarissime à Londres, où seuls les hommes veillant sur Scotland Yard, dans Broadway Street, et ceux qui protégeaient l’ambassade américaine de Grosvenor Square étaient munis de pistolets-mitrailleurs.

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Alexandra et Malko étaient en train de préparer le plan de table du dîner en l’honneur d’Aisha Mokhtar, prévu pour la semaine suivante, quand Elko Krisantem vint prévenir Malko qu’il y avait un appel pour lui dans la bibliothèque. Il s’y rendit. C’était Richard Spicer.

— Vous avez regardé la télé aujourd’hui ? demanda le chef de station de la CIA à Londres.

— Non, répliqua Malko, je prépare la venue de votre cible, la belle Aisha Mokhtar. Pourquoi ?

— Il y a eu un incident très grave, dans l’East End, un quartier pakistanais. J’ai pu en savoir plus par mon homologue du « 6 ». Un de ses agents venu de Penshawar a été assassiné par les militants d’une mosquée. Il arrivait avec, paraît-il, des informations précieuses.

— Il y a un lien avec Aisha Mokhtar ?

— À première vue, aucun. Je voulais seulement vous tenir au courant.

— Merci, dit Malko.

Après avoir raccroché, il retrouva Alexandra à qui il avait expliqué que ce dîner était une « commande » de la CIA pour accrocher une « source ». Sans évidemment préciser que ladite source était une bombe sexuelle à laquelle il avait déjà un peu goûté. Après leur première étreinte, suite à leur orgie de Taittinger au Dorchester, il avait revu deux fois Aisha Mokhtar pour dîner. Une fois en compagnie de gentlemen-farmers dont la plupart étaient homosexuels et la seconde fois dans un tête-à-tête qui s’était terminé par une brûlante récréation sexuelle.

Il n’avait appris qu’une chose : Aisha était une dure, fermée comme une huître et, de toute évidence, sur ses gardes. À vouloir la séduire à tout prix, il risquait sa santé sans être sûr de lui extorquer la moindre information.

Alexandra venait de finir le plan de table. Elle leva un regard vaguement soupçonneux sur Malko.

— À propos, tu ne m’as pas vraiment dit à quoi ressemblait ta « source ».

À question directe, réponse directe. Autant gagner du temps.

— Elle a beaucoup de charme, répliqua Malko. Le regard d’Alexandra fonça.

— Tu l’as déjà baisée, ou tu as l’intention de la baiser ?

— Ne dis pas de bêtises, il n’y a que toi que j’aime, jura-t-il.

Sur le moment, c’était vrai… Le regard furibond d’Alexandra l’excita. Il s’approcha et commença à lui caresser la poitrine à travers son cachemire porté à même la peau. Très vite, il le déboutonna, malaxant les seins magnifiques. Lorsqu’il la poussa vers la table de marbre, elle ne résista pas, adorant les pulsions spontanées. Malko, en pénétrant en elle, se dit qu’elle était allongée exactement à la place qu’occuperait Aisha Mokhtar. Leur étreinte fut brève, délicieuse et violente… Lorsque les pieds d’Alexandra reprirent contact avec le sol, elle dit simplement :

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27

Restez où vous êtes !