— Baise-moi, par terre, comme une salope…
Les jambes ouvertes, les mains sous ses reins pour se soulever, elle rugit quand Malko plongea son sexe d’un seul trait au fond de son ventre. Il s’immobilisa, bien abuté, imprimant à son membre un mouvement circulaire. Aisha râlait comme une mourante, jouissant sans arrêt, le corps secoué de spasmes.
Malko se retira alors doucement et aida la jeune femme à se retourner. À peine fut-elle à plat ventre sur la moquette épaisse qu’elle se cambra comme une chatte qui veut se faire saillir, les bras en croix, les ongles dans la moquette. Superbement érotique dans sa guêpière et ses bas.
Malko prit son temps, bien que tendu à exploser. Il se plaça au-dessus d’Aisha. Dès qu’elle sentit le sexe raide l’effleurer, elle ramena ses mains en arrière, écartant les globes cambrés de sa croupe, afin de s’offrir encore mieux.
Un geste d’une obscénité absolue.
Malko appuya légèrement l’extrémité de son sexe sur la corolle brune, puis se laissa tomber d’un seul coup de tout son poids. Verticalement, son membre s’enfonça dans les reins d’Aisha jusqu’à la garde. La jeune femme poussa un hurlement de folie. Tout son corps tremblait, comme si elle avait reçu une décharge électrique. Déjà, Malko se retirait avec une lenteur calculée, pour se laisser retomber avec la même violence. Aisha s’agitait comme un papillon cloué sur une planche anatomique, se soulevant pour mieux l’enfoncer en elle.
— Tu me violes ! râla-t-elle. Tu me fais mal…
Ce qui était totalement faux, mais elle avait besoin de se passer un film…
Ivre de plaisir, Malko ne se lassait pas de perforer cette croupe magnifique, avec une régularité de métronome.
*
* *
Était-ce la vodka ou l’excitation trop forte ? Il n’arrivait plus à jouir, pourtant raide comme un manche de pioche, et Aisha ne semblait pas vouloir arrêter. Inondé de sueur, en traction au-dessus du corps de la jeune femme, il se laissait tomber de plus en plus lourdement, arrachant chaque fois un cri à sa partenaire. Il eut soudain l’idée de réunir les jambes largement écartées d’Aisha. La sensation fut si intense qu’il sentit enfin la semence jaillir de ses reins.
Aisha hurla lorsqu’il se vida en elle. Assouvi, il bascula sur le dos, afin de reprendre son souffle, arrachant des reins violés un membre toujours raide. Aussitôt, Aisha roula sur elle-même et vint prendre son sexe dans sa bouche, comme pour en extraire les dernières gouttes de sperme. Enfin, elle se laissa aller en arrière, les bras en croix, et Malko gagna la salle de bains, épuisé, pour se jeter sous la douche.
Il regagna la chambre, drapé dans une serviette. Il sentit tout de suite qu’il y avait un problème. Aisha avait remis sa jupe et rentré ses seins dans sa guêpière. Le regard noir, elle brandit dans sa main droite un billet d’avion.
— Pourquoi me mens-tu ? lança-t-elle d’une voix furibonde. Tu pars au Pakistan, dans mon pays. Pour quoi faire ?
Malko réalisa la vérité en une fraction de seconde : elle avait trouvé son billet d’avion posé sur le bureau. Ne prévoyant pas sa venue, il ne l’avait pas mis en sûreté. Il mit quelques secondes à redescendre de son petit nuage érotique. Maudissant ce contretemps…
— Je ne voulais pas que tu me poses de questions, expliqua-t-il. Mon voyage n’a rien à voir avec toi.
— Tu me mens !
— Non, j’ai des gens à voir à Islamabad. Des investisseurs. Je ne mélange jamais mes affaires avec ma vie privée. Mais, que j’aille à Islamabad ou à New York, cela ne change rien. Je serai de retour dans quelques jours.
Aisha Mokhtar le fixait, se posant visiblement beaucoup de questions. Elle lança soudain :
— Tu connais un homme qui s’appelle Sultan Hafiz Mahmood ?
— Non, affirma Malko sans ciller. Pourquoi ? Aisha le fixa longuement, puis détourna les yeux.
Malko fit un pas dans sa direction mais elle l’esquiva.
— Je n’aime pas qu’on me mente, dit-elle. Ne cherche plus à me revoir, à ton retour. C’est dommage.
Sans un mot de plus, elle remit la veste de son tailleur, prit son sac et sortit en claquant la porte. Malko s’assit sur le lit : si le kidnapping de Sultan Hafiz Mahmood réussissait, Aisha lui serait beaucoup moins utile. De toute façon, il connaissait son adresse, possédait ses téléphones. On verrait, à son retour d’Islamabad.
Si retour il y avait…
Ce genre d’opération improvisée se terminait souvent très mal. Et il connaissait la lâcheté des dirigeants de la CIA, qui méritait bien son surnom de CYA : Cover Your Ass…
À la réflexion, la mission qu’on lui avait confiée était complètement folle.
CHAPITRE X
Il n’était que huit heures du matin et la température dépassait déjà 43 °C… Dans sa chambre du Marriott, Malko se remettait d’un voyage pourtant sans histoire. Le 747 de la PIA était arrivé à l’heure – 6 h 10 du matin –, déversant son flot d’expatriés en camiz-charouar et quelques businessmen étrangers. Islamabad, ville jardin complètement artificielle, découpée en carrés comme une cité américaine, n’avait guère changé depuis sa dernière visite, avec ses avenues surdimensionnées pour une circulation squelettique où se mêlaient bus surchargés, rickshaws, petits taxis d’un jaune criard, et de plus en plus de voitures japonaises ou coréennes.
Encore sonné par le long trajet, Malko avait vu défiler d’un œil distrait les somptueux bâtiments abritant les différents organismes officiels du pays, présidence, Cour suprême, Assemblée nationale, alignés le long de Constitution Avenue. Évidemment, ce n’était pas le vrai Pakistan, pouilleux, misérable et rétrograde, avec ses femmes bâchées, ses coolies au regard halluciné de fatigue et sa foule grouillante. La véritable capitale, c’était Rawalpindi, ville jumelle d’Islamabad, construite comme Brasilia à partir du néant. Jadis, les deux villes étaient séparées par un no man’s land où se trouvait l’aéroport. Désormais, un tissu urbain ininterrompu avait grignoté les terres agricoles situées entre elles.
Dans cette ville aux avenues modernes tirées au cordeau, aux coquettes villas noyées dans la verdure, aux bâtiments officiels presque futuristes, on avait du mal à imaginer qu’à une centaine de kilomètres on lapidait encore les femmes adultères.
En sortant de la douche, Malko enfila une chemise de voile, un pantalon léger et se prépara à se mettre au travail. Aucun contact officiel avec William Hancock, le chef de station de la CIA à Islamabad. À Londres, Richard Spicer lui avait promis qu’on le contacterait dès son arrivée pour la liaison avec les autres « kidnappeurs »…
Le Marriott commençait à vieillir sérieusement, mais situé dans Aga Khan Road, à deux pas de Constitution Avenue, il était l’hôtel en vogue depuis vingt ans, avec ses restaurants chinois et indiens, sa piscine pas toujours d’une propreté irréprochable, et ses chambres assez spacieuses.
Le téléphone sonna.
— Mister Linge, your driver is here[36], annonça un employé de la réception.
Comme Malko n’avait rien demandé, c’était donc que le système se mettait en place… Il descendit et aperçut près de la réception un petit bonhomme moustachu et replet, avec d’épaisses lunettes d’écaille, une chemise à carreaux et un pantalon tirebouchonné. En apercevant Malko émerger de l’ascenseur, il s’avança et dit d’une voix timide :
— Good morning, sir, my name is Hassan.
Sûrement un stringer de la CIA, comme la station en comptait quelques-uns. Malko le suivit à l’extérieur, ayant l’impression de recevoir une chape de plomb fondu sur les épaules, et se glissa dans une minuscule Morris verdâtre, d’un âge certain, sans climatisation. Toutes glaces ouvertes, il faisait encore 35° à l’intérieur.