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Debout sur le quai, Sultan Hafiz Mahmood avait l’impression qu’on lui arrachait un morceau de lui-même. Il demeura sur place tant qu’il put apercevoir les feux du boutre s’éloignant vers le sud sous le ciel étoile. En se retournant, il aperçut alors le guerrier baloutche qui attendait toujours, accroupi dans l’ombre.

— Conduis-moi à ton Nawar, ordonna-t-il.

Il tenait à s’excuser pour l’histoire du RPG7. Inutile de se faire gratuitement un ennemi.

À trois ruelles du port, il pénétra dans une petite maison devant laquelle veillaient deux hommes de Jamil Al Bughti. Il frappa et une femme ouvrit, le menant aussitôt dans une pièce au plafond bas, mal éclairée, au sol recouvert de tapis. Dans un coin, devant une grande table basse en cuivre, il découvrit Jamil Al Bughti, appuyé sur des coussins, entouré d’une demi-douzaine de filles très jeunes, en train de le goinfrer de pistaches, de fruits secs et de boulettes de viande épicées. Le plateau de cuivre était encombré de bouteilles de Pepsi et d’eau minérale, mais une bouteille de whisky Defender était posée devant le chef baloutche.

Celui-ci leva son verre pour accueillir Sultan Hafiz Mahmood.

— Viens donc te détendre !

Le contenu de son verre n’avait pas la couleur du lait d’ânesse… Il en remplit un autre, de la bouteille de scotch, que le Pakistanais vida d’un trait. Toute sa tension nerveuse retombée d’un coup, en croisant le regard impertinent et provocant d’une des filles, à peine pubère, il sentit le sang se ruer dans ses artères. Brutalement, il avait envie d’une femme. Celle qui l’avait fixé effrontément se rapprocha de lui et lui tendit une poignée de pistaches.

Jamil Al Bughti lui reversa une rasade d’alcool, qu’il but encore d’un trait, et murmura à son oreille :

— Ici, c’est une bonne maison… Ce sont des vierges qui arrivent d’Oman. Je t’en offre une…

Sultan Hafiz Mahmood se récria et sortit une liasse de billets de sa poche.

— Je t’ai manqué de respect tout à l’heure. C’est moi qui t’invite !

Le Baloutche protesta mais prit quand même les billets. Une des fillettes s’était mise à danser maladroitement sur le grand plateau de cuivre, au son d’un petit lecteur de CD. Sultan Hafiz Mahmood sentit son ventre s’embraser à l’idée d’ouvrir cette jeune vierge déjà délurée.

*

*   *

La bouteille de Defender était vide. Jamil Al Bughti s’était éclipsé dans une pièce voisine avec deux des fillettes. Sultan Hafiz Mahmood, vautré sur les coussins, se laissait tripoter par sa favorite, assise à califourchon sur lui, comme une vraie petite fille. Avec sa longue robe de coton multicolore qui la cachait jusqu’aux chevilles, elle paraissait très pudique, mais son regard audacieux démentait cette apparence trop sage. Soudain, le Pakistanais s’aperçut que, sous couleur de jouer, elle se frottait sournoisement sur lui, le regard un peu flou. Il est vrai qu’il lui avait laissé boire du scotch… Il réalisa aussi que son sexe, sous son charouar, était dur comme un épieu.

D’un geste brusque, il déséquilibra la fillette, libérant un membre massif et raide. Puis, la saisissant par ses hanches minces, il la souleva au-dessus de lui. D’elle-même, elle releva sa longue robe et il aperçut fugitivement le sexe glabre et rose, avant que le tissu retombe. Pendant quelques secondes, Sultan Hafiz Mahmood éprouva une sensation grisante, l’extrémité de son membre niché à l’entrée brûlante de la vulve de cette fillette vierge. Il n’eut pas la patience de prolonger cette sensation délicieuse. Saisissant les hanches étroites à deux mains, il empala la gamine sur lui, enfouissant d’un seul coup la moitié de son sexe. Les yeux agrandis, la bouche ouverte, la petite Omanaise poussa un cri de détresse, ce qui excita encore plus le Pakistanais. Cette fois, il souleva le bassin, en même temps qu’il pesait sur les hanches de la fille.

Il sentit quelque chose céder, son membre glissa encore plus loin et la petite Omanaise, les yeux remplis de larmes, hurla à nouveau. Comme un fou, il se mit à la faire monter et descendre sur lui, jusqu’à ce qu’un violent jet de semence jaillisse de ses reins. Pendant quelques secondes, il éprouva une sensation inoubliable, puis son excitation retomba d’un coup.

Sans ménagement, il écarta la fillette encore empalée, qui retomba sur le côté, dévoilant son sexe et le haut de ses cuisses maculé de sang.

Le tenancier ne les avait pas volés : c’était vraiment une vierge. Dans un réflexe animal, elle s’était recroquevillée en chien de fusil. Un cri aigu jaillit de la pièce voisine : le chef baloutche profitait aussi de ses jeunes proies. Sultan Hafiz Mahmood contempla son sexe encore dur avant de le remettre dans son charouar, puis ferma les yeux, pensant au boutre qui fendait l’océan Indien en direction du sud, portant tous les espoirs de l’oumma.

CHAPITRE III

Des hobbies à l’uniforme impeccable, aidés par les vigiles du Royal Flower Show, canalisaient les visiteurs avec beaucoup de mal, à l’entrée des jardins du Chelsea Royal Hospital, sur Chelsea Embankment, face à la Tamise. Cette Floralie marquait le début de la saison mondaine de Londres et ce 23 mai était le Jour de la Reine, qui daignait venir admirer les jardins reconstitués et les créations des plus grands fleuristes du monde. La souveraine venait juste d’arriver, à deux heures pile, pour une visite qui allait drainer cet après-midi-là tout ce que Londres comptait de VIP et de beautiful people.

— Allons-y ! souffla Richard Spicer à l’oreille de Malko, profitant d’une trouée dans la foule agglutinée devant la grille majestueuse.

Ce dernier fit passer devant lui Gwyneth Robertson, qui, avec ses courts cheveux blonds, son air distingué tempéré par une tenue à la limite de l’indécence – une microjupe en jean, des bottes de cuir collantes et un pull jaune canari extrêmement moulant – ne ressemblait pas à un field officer de la CIA, ce qu’elle était pourtant.

Brandissant leurs trois invitations, Richard Spicer, grand et élégant avec ses cheveux gris rejetés en arrière, s’arrêta à l’entrée de l’immense parc, qui pouvait accueillir près de dix mille personnes. Seules deux journées étaient réservées au public et les places étaient si recherchées qu’on les tirait au sort. Mais, ce lundi, seuls les happy few avaient accès à l’exposition. Malko regarda les gens qui se pressaient autour des jardins reconstitués dans le grand parc, autour des quatre immenses tentes qui accueillaient les Floralies proprement dites.

— Vous avez eu de la chance d’avoir des places ! remarqua-t-il.

Richard Spicer, chef de station de la CIA à Londres, eut un sourire discret.

— Ce n’est pas de la chance, mais de l’organisation, souligna-t-il. J’ai un contact à la Royal Horticultural Society, dont les membres reçoivent évidemment beaucoup d’invitations gratuites. Certains préfèrent les revendre. À prix d’or…

— Dans quelle direction allons-nous ?

— Là-bas, dit l’Américain, montrant une des quatre tentes blanches. La personne que nous cherchons doit venir au stand des roses Delbar, qui est financé par un milliardaire pakistanais, Sir Anwar Berbez. Il a fait fortune dans le prêt-à-porter.

Ils se dirigèrent vers le fond du parc, zigzaguant entre les jardins exposés à l’admiration du public. Il y avait de tout : la copie du jardin du couturier Yves Saint Laurent à Marrakech jouxtait la création des convicts d’une des prisons de sa Très Gracieuse Majesté. Bien que les gens ne soient pas très habillés, à part quelques femmes en capeline qui se croyaient à Ascot, on sentait que tous ceux qui se trouvaient là appartenaient à la même classe sociale : l’upper class. Par de rapides coups d’œil, ils essayaient de situer leur voisin, esquissant au besoin un timide sourire de reconnaissance.