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Les épîtres envoyées d'Asie éclairaient son chemin.

De ce fait, c'était le centre d'études théologiques permanentes dans le champ des interprétations.

Irénée, qui s'était consacré aux minutieux commentaires des Écritures, pratiquait le grec et le latin avec une grande maîtrise. Il avait écrit des travaux remarquables, réfutant les adversaires de la Bonne Nouvelle et préservant les traditions apostoliques tout en guidant les différents services de la construction chrétienne.

Mais la collectivité ne se distinguait pas seulement par des réalisations intellectuelles.

Elle faisait du sanctuaire consacré à Saint-Jean, le centre de ses travaux d'ordre général, l'église primait par ses oeuvres d'assistance.

À la lumière des siècles passant, on pourra difficilement percevoir avec exactitude toute la sublimité du christianisme primitif.

Éprouvés par la douleur, les frères dans la foi s'aimaient conformément aux exemples du Seigneur.

De toutes parts, l'organisation évangélique priait pour servir et pour donner, au lieu de prier pour être servie et pour recevoir.

Les chrétiens étaient connus pour leur capacité à se sacrifier personnellement pour le bien de tous, pour leur bonne volonté, pour leur sincère humilité, pour leur coopération fraternelle et pour leur disposition à s'améliorer eux-mêmes.

Ils s'aimaient réciproquement, répandant les rayons de leur abnégation affective à tous les noyaux de la lutte humaine, ne trahissant jamais leur vocation d'aider sans la moindre récompense, et cela même face aux bourreaux les plus obstinés.

Plutôt que de fomenter la discorde et la révolte chez les compagnons soustraits au joug de l'esclavage, ils honoraient le travail dignement accompli comme étant le meilleur moyen d'arriver à leur libération.

Ils savaient faire taire les tentations de l'égoïsme pour abriter sous leur propre toit, ceux qui avaient souffert des persécutions.

Enflammés par la foi en l'immortalité de l'âme, ils ne craignaient pas la mort. Comme des soldats de Jésus dont les familles qu'ils devaient protéger et éduquer restaient en arrière, les compagnons martyrisés partaient.

C'est ainsi que la communauté de Lyon conservait sous sa bonne garde des centaines de vieillards, des malades, des mutilés, des femmes, des jeunes et des enfants leur offrant tout son amour.

L'église Saint-Jean était donc avant tout, une école de foi et de solidarité qui rayonnait dans différents secteurs de l'assistance.

Pour répandre les pratiques apostoliques, le culte réunissait les adeptes à la prière en commun, alors que les foyers de fraternité se multipliaient répondant au besoin de l'œuvre spirituelle en construction.

De nombreux logis prenaient à leur compte la garde d'orphelins et les soins envers les malades ; mais même ainsi, le nombre de nécessiteux allait chaque fois grandissant.

La ville avait toujours été un point de convergence pour les étrangers. Persécutés de partout, ils frappaient aux portes de l'église implorant de l'aide et un asile.

L'autorité de la foi dont les frères étaient les plus vieux et les plus expérimentés, désignait des diacres dans différents domaines d'activités.

Les services de soutien et d'éducation à l'enfance, de réconfort aux personnes âgées abandonnées, de secours aux malades, de traitement des aliénés, se partageaient des départements spéciaux, se développant ainsi sur des modèles plus complets que ceux de l'organisation apostolique primitive de Jérusalem dont les œuvres d'amour du Christ auprès des paralytiques et des aveugles, des lépreux et des névrosés trouvaient leur meilleur exemple de continuité.

Dans cet effort pour l'institution, tous les frères étaient partagés entre le travail professionnel qui répondait à leur devoir au côté de leur famille et les activités évangéliques qui démontraient leur obligation de disciples de la Bonne Nouvelle, auprès de l'humanité.

Par un crépuscule d'une harmonieuse beauté, Varrus Quint, maintenant transformé en « frère Corvinus », est arrivé dans la salle étroite et pauvre destinée à la prière dans l'église Saint-Jean, où, selon des informations obtenues, il trouverait Horace Niger conformément à ce qui avait été entendu.

Dans un coin de l'enceinte, un vieil homme à la longue barbe grisonnante, le visage noble et ridé, écoutait une jeune femme aux traits affligés.

Aimable, il s'est levé pour le recevoir, le fit asseoir à ses côtés sur un banc en pierre et continua son entretien avec la dame sur un ton paternel.

Il s'agissait d'une humble veuve qui venait de Valence et qui implorait de l'aide. Elle avait perdu son mari dans le carnage de 202. Depuis, elle vivait avec son père et un oncle dans la localité mentionnée, mais bien à contrecœur, elle se trouvait impliquée dans un grand malheur.

Pour s'être refusée aux caprices d'un soldat influent, elle avait vu ses deux parents avec lesquels elle résidait, assassinés une nuit d'angoissante mise à l'épreuve.

Décidée à résister mais totalement abandonnée, elle s'était enfuie et cherchait un abri.

Tout en pleurant, elle ajoutait tristement :

— Père Horace, ne m'abandonnez pas... Je ne crains pas le sacrifice pour notre Divin Maître, néanmoins, je ne veux pas me rendre aux vices des légionnaires. Par amour pour Jésus, gardez-moi aux services de l'église...

L'interpelé attentif lui fit observer :

Oui, je ne m'y oppose pas. Cependant, je dois te dire que nous n'avons pas de services rémunérés...

Je ne cherche pas de compensations — a dit la jeune femme —, j'ai besoin d'aide.

Alors — lui a expliqué son interlocuteur satisfait —, tu coopéreras au chevet des vieux patients. Le fait est que tu as perdu un père et un oncle, ici tu trouveras beaucoup d'autres parents pour lesquels le Christ demandera ton affection et ta protection.

L'humble femme a souri tranquillisée et s'est levée.

Le tour du pèlerin romain d'entrer en contact avec l'ancien était arrivé.

Varrus, mesuré et confiant, le mit au courant de tous les événements encourus avec Appius Corvinus depuis sa première rencontre avec l'inoubliable ami poignardé en mer.

Serein et courtois, Horace a écouté son récit sans s'émouvoir face aux nouvelles contraignantes qui lui étaient transmises.

Il semblait endurci par des douleurs plus grandes. Néanmoins, quand le jeune homme eut fini sa confession, ému il a parlé de son ami décédé :

Grand Corvinus !... Qu'il soit heureux parmi les serviteurs glorifiés. Il a été fidèle jusqu'au bout.

Et tout en séchant ses yeux humides, il a ajouté :

Il sera avec nous en esprit. La mort ne nous sépare pas les uns des autres dans l'œuvre du Seigneur.

Ensuite, il s'est rapporté au compagnon disparu avec une immense tendresse. Appius Corvinus avait pris sur lui la charge de pourvoir aux besoins des enfants soutenus par l'église. Pour cela, il se dédiait à l'agriculture et au jardinage, en plus de voyager très souvent en quête de soutien.

Après 177, il était parti pendant un bon temps en Egypte où il avait acquis de précieuses expériences.

Les enfants l'adoraient.

La vieillesse ne lui avait pas fait perdre son enthousiasme pour le travail. Il cultivait le sol avec une joyeuse bande de jeunes à qui il enseignait de précieuses connaissances.

Soucieux, il lui a confessé combien il leur manquerait, mais avant que Varrus n'ait eu le temps de s'offrir pour le remplacer dans la mesure du possible, Horace s'est repris se réjouissant en soulignant :

Excellent rappel. Ici, dans la majorité des cas, les collaborateurs de l'église travaillent conformément aux désajustements spirituels dont ils sont porteurs. Les persécutions constamment nourries provoquent en nous divers types de luttes et de souffrances. Je sais que tu portes en toi un cœur paternel mortifié de nostalgie. Tu travailleras avec les enfants. Nous avons plus de trente petits orphelins. J'en parlerai aux autorités.