Выбрать главу

Alarmée, Hélène une nuit a attendu sa fille dans ses appartements privés et notant son arrivée à une heure avancée, elle l'a interpellée sévèrement, lui reprochant son comportement incompréhensible.

Alors que la jeune femme, ivre de joie, se rendait à ses caresses d'un regard languissant, l'audacieux conquérant continuait avec une fascinante inflexion de tendresse :

Qu'importé si nous nous rapprochons plus intimement l'un de l'autre, si nous nous sentons, depuis hier, portés par le même sentiment de confiance et d'affection ? La vie est à peine une minute de bonheur que nous respirons entre les ombres du passé et les ombres de l'avenir... Tout est toujours un « maintenant » merveilleux !... Ma diva céleste, ne tais pas le miraculeux appel de l'amour !

Devant les yeux au supplice du jeune homme, la jeune femme a balbutié, entre la joie et l'appréhension :

Je comprends tes désirs ardents qui sont aussi ceux qui envahissent mon âme... Tu m'apportes quelque chose que j'ai attendu anxieusement ! Cependant, Marcel, ne serait-il pas mieux de laisser faire le temps ?

Ah ! Le vieux Cronos ! — a soupiré le jeune homme contrarié — ma passion ne saura jamais l'écouter !... Tu n'y penserais pas si tu avais découvert en moi l'éblouissement dont ta présence m'enchante...

Ne dis pas cela ! Je te reçois comme le héros de mon premier amour, néanmoins, je t'en prie !... Restons calme ! Ne nous emballons pas ! Faisons appel à l'inspiration des dieux pour guider notre destin !...

Les dieux ? — fit l'aventurier, après avoir pris un autre verre de vin — les dieux sont tout naturellement les bienfaiteurs de notre bonheur... Apollon, le rénovateur de la nature, bénira nos rêves ! Serait-il une plus grande joie aux yeux de Vénus que de contempler et de rivaliser en beauté avec une nymphe comme toi ? Aime-moi, divine ! Réponds à ma soif d'affection ! J'erre depuis longtemps en quête de ton regard qui me parle des étoiles lointaines... Ne ferme pas la porte de la tendresse qui enrichit le cœur du voyageur qui arrive de si loin, fatigué !...

Il l'a enlacée d'une caresse envoûtante et Lucile a frémi en sentant le baiser qu'il avait posé sur sa bouche tremblante et rieuse.

Le lendemain et les nuits suivantes, ils ont scellé des accords secrets dans un angle isolé des jardins de Veturius.

Quatre mois étaient passés et la jeune fille se montrait profondément modifiée. À la demande d'Hélène, Anaclette s'est mise en quête, découvrant les rencontres nocturnes et identifiant le jeune homme.

Elle obtint des informations concernant Marcel, et appris qu'il s'agissait d'un joueur de cirque chanceux, protégé spécial de Claude Licius.

Au nom de sa maîtresse dont elle avait toujours été la gouvernante fidèle de son foyer, elle a voulu rencontrer l'ami lyonnais pour obtenir des explications, mais Claude se trouvait absent, parti en voyage avec sa famille en Espagne.

Alarmée, Hélène une nuit a attendu sa fille dans ses appartements privés et notant son arrivée à une heure avancée, elle l'a interpellée sévèrement, lui reprochant son comportement incompréhensible.

Avant même que ses paroles deviennent plus dures, Anaclette l'a suppliée, affectueuse:

Hélène, contrôle-toi.

Et modifiant le ton de sa voix comme pour lui demander de se rappeler de son propre passé, elle a conseillé :

Qui parmi nous n'est pas passé par de dangereux détours dans la vie ? Taisons- nous pour l'instant. Ne provoque pas la présence de ton père âgé et malade dans cette pièce ! Les phrases dures ne corrigent pas les erreurs commises. Si tu désires soutenir ta fille, ne manque pas de patience. Personne ne peut être secouru avec de l'irritation. Si tu ne peux aider aujourd'hui notre Lucile, remets-en au silence, réfléchis et nous attendrons le temps qu'il faudra. Il se peut que demain nous apporte l'aide souhaitée...

La femme en pleurs a accepté les conseils et s'est retirée, moralement anéantie, alors que la vieille servante accommodait la jeune fille abattue dans son lit, restant auprès d'elle avec dévotion et bonté.

Anaclette semblait comprendre.

Le lendemain matin, Teodul arrivait à la métropole en provenance de Lyon.

Hélène a ressenti un immense soulagement.

Elle avait trouvé le confident en mesure de lui apporter une aide décisive.

Sans perdre de temps, ils ont eu ensemble et en privé un long entretien dans une pièce isolée. Mais, après avoir beaucoup pleuré, mettant son ami au courant de la réelle situation dans la maison, la matrone épouvantée, a entendu ce qu'il avait à dire concernant les événements en cours dans la province.

L'envoyé de Veturius, augmentant tant que possible sa version personnelle des faits, l'informa qu'il ne nourrissait pas le moindre doute sur l'infidélité conjugale de Tatien, assurant que lui et Livia s'aimaient éperdument. Il a dépeint la vie dominée par cette nouvelle femme qui avait conquis, non seulement le cœur de son mari, mais également celui de sa fille puisque Blandine vivait au foyer comme son élève docile. Il a raconté que le vieux philosophe devait être quelque conspirateur déguisé à explorer les dons de la jeune femme, car lui, Teodul, était convaincu que l'intelligent vieillard recevait de larges sommes d'argent de la part de Tatien afin de se taire et d'être d'accord avec la déplorable situation, ajoutant même que le père et la fille n'étaient que des imposteurs de la secte des nazaréens.

Son interlocutrice a noté ces informations avec l'expression d'une lionne blessée.

Elle a levé ses bras vers le ciel en invoquant la malédiction des dieux sur tous ceux qui perturbent sa tranquillité domestique mais se reprenant grâce aux gestes d'affection que son ami lui prodiguait, elle a supplié l'intendant d'Opilius de la guider dans ses décisions.

Premièrement — a-t-il considéré, sagace, il est nécessaire d'avoir des informations complètes sur le séducteur de Lucile. Est-il marié ? Possède-t-il des biens de valeur ? Serait-il en mesure de concourir avec notre Galba dans cette course au mariage? Sentant la délicatesse du sujet, je me propose de l'observer. Je commencerai ma tâche, aujourd'hui même. J'ai des amis à l'amphithéâtre. Le trouver en personne ne sera pas très difficile. Et en le trouvant, j'essayerai de gagner sa confiance, parce qu'après la confiance, le vin fera le reste... Tout naturellement, il parlera de lui-même. Nous verrons, alors, s'il peut être utile d'accepter une alliance avec lui...

Mais s'il n'est qu'un intrus comme je le crois ? S'il s'agit d'un scélérat portant l'habit d'un homme respectable ?

Dans cette hypothèse que souhaiterais-tu faire ? — a demandé Teodul avec un grand sourire.

À ces paroles, les beaux yeux félins d'Hélène n'ont fait qu'un tour dans leur orbite et elle a répondu sèchement :

Ma revanche est la destruction. La mort est le remède aux situations irrémédiables. Je n'hésiterai pas. J'ai beaucoup de poison pour nettoyer le chemin...

Tous deux se sont mis à passer en revue les moindres détails du sinistre plan né de leur conversation et c'est avec de tristes intentions en tête que l'ami inconditionnel de la matrone s'est rendu à l'amphithéâtre sous prétexte d'assister aux exercices de l'école des gladiateurs.

II n'eut pas de difficultés à retrouver d'anciens compagnons parmi lesquels Septime Sabin, un vieux joueur, qui interrogé habilement affirma connaître Marcel et promit de le lui présenter le jour même, un peu plus tard.

Le jeune homme serait à une soirée, chez Aprigia, une danseuse célèbre qui savait rassembler beaucoup d'hommes en un même endroit autour de sa grande beauté.

Et de fait, dans la soirée, Sabin et Teodul parlaient dans le salon illuminé de la résidence de la singulière femme qui était installée au pied du Tibre quand Volusianus est entré le visage contrarié.

Il semblait triste et inquiet.