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En hommage au mariage de sa première petite-fille, de plus en plus prospère en affaires, le vieillard avait fait de nombreux dons aux pauvres. Des fêtes somptueuses furent organisées pendant plusieurs jours dont la très remarquable naumachie réalisée avec une excessive splendeur dans les jardins de l'exploitation agricole.

Alors que son vieux beau-père redoublait de gentillesses pour se rendre aimable aux yeux de son gendre, à l'inverse d'Hélène imperturbable et heureuse de la réalisation du rêve qui tourmentait son ambition maternelle, Tatien ne savait comment cacher l'inquiétude et la tristesse qui lui torturait l'esprit.

C'est que Blandine maigrissait sans raison justifiée.

Prise d'une incompréhensible mélancolie, la fillette passait parfois des heures et des heures dans sa chambre à penser et penser...

Rien n'y faisait, ni les conseils, ni les avis médicaux. Pâle, apathique, elle donnait l'impression de vivre mentalement à une distance très lointaine.

Elle comparut aux solennités des fiançailles au bras de son père malgré la désapprobation d'Hélène qui, devant son petit visage osseux et pâle, n'avait pas le courage de la forcer à se soumettre à ses décisions.

Percevant sa faiblesse et peut-être pour être agréable à ses enfants, dès que les fiancés se furent absentés se rendant directement à la capitale de l'Empire, le grand-père Veturius proposa un changement temporaire de la famille pour Baies22 dans le golfe merveilleux de Néapolis où il avait une confortable résidence estivale.

(22 ) Aujourd'hui, Baie (Note de l'auteur spirituel).

Le sud de l'Italie faisait des miracles et l'agrément du climat restaurerait les forces de la petite malade. Les excursions sur les plages toutes proches et les visites périodiques qu'ils pourraient faire sur l'île de Capri, lui rendraient certainement ses couleurs.

Ils laisseraient la villa sous la responsabilité de Teodul, puisqu'il partirait aussi avec son gendre et sa fille. Il se sentait las du tumulte citadin. Il avait soif de nature.

Enthousiaste, il a manifesté le souhait que le voyage ne tarde pas trop. Il était convaincu que la santé de sa petite fille demandait des mesures immédiates.

Pour cela même, rien ne put reporter sa réalisation.

Rapidement, une belle galère conduisit la famille sur le site indiqué, à l'époque, l'une des stations thermales les plus appréciées d'Italie.

Le voyage se passa calmement.

Tatien et la petite se réjouissait de voir les paysages sublimes de la nature en chemin mais Hélène, invariablement prodigue de complications et d'inutilités, s'entourait de toute une suite de bonnes, de couturières, de chanteurs et de danseurs qui faisaient fuir l'ennui.

Elle assurait que la beauté de la côte napolitaine n'était qu'ennuyeusement calme et redoublant d'efforts pour satisfaire les caprices de son père et les besoins de sa fille, elle projetait des fêtes et des loisirs pour tuer le temps.

Anaclette qui avait maintenant des cheveux blancs et était visiblement fatiguée, cherchait à l'induire au repos, mais en vain. La matrone qui avait toujours conservé ses enchantements juvéniles grâce aux élixirs et aux crèmes, s'esclaffait et se moquait. Elle croyait que les dieux maintenaient la santé et la joie inaltérables de ceux qui étaient disposés à cultiver l'optimisme et la domination.

La vie — répétait-elle fréquemment — est la propriété des plus forts. Le bonheur était réservé à ceux qui avançaient opprimant les faibles et les ignorants.

Les voyageurs et l'entourage parvinrent au golfe splendide sans fait majeur digne de mention.

La résidence de Veturius à Baies, admirablement soignée par des mains bienveillantes, était un petit palais que des plantes grimpantes fleuries cachaient face à la mer. Là, l'âme et le corps trouvaient de surprenantes ressources de recouvrement. Le spectacle des eaux bleues abritant d'innombrables bateaux de pêcheurs murmurant de mélodieuses cantilènes que le vent soufflait doucement et éparpillait aux alentours, était d'une miraculeuse fraîcheur.

Pour être en contact plus direct avec la nature lors de promenade, Tatien se chargeait de la réparation de deux petits bateaux confortables, pendant qu'Hélène donnait des ordres pour que les véhicules de la résidence fussent dûment rénovés et puissent répondre aux vieilles habitudes d'une vie sociale intensive.

Pour le gendre d'Opilius et pour Blandine, leurs excusions étaient devenues une source d'enchantements. Sur l'île de Capri, ils passèrent plusieurs heures dans le Palais de Tibère (Villa Jovis) tout aussi superbe qu'impressionnant sur les cimes d'Anacapri ou dans d'autres villas construites du temps de célèbres empereurs.

Enthousiastes, ils s'intéressaient aux populations qui vivaient en bordure du golfe, découvrant leurs coutumes et côtoyant leur vie modeste.

D'autres fois, contournant le cap Misène tout en errant sur la côte, ils admiraient les reflets du soleil couchant sur les eaux d'une clarté saphirine ou les scintillations argentées du clair de lune sur les plages balayées par les vagues dentelées de mousse.

Un beau jour, repoussés par le vent fort, ils ont accosté sur une nouvelle plage.

L'agglomération de Néapolis se dressait droite devant eux.

Bien que le firmament fût calme et sans nuages, Tatien jugea plus prudent de débarquer. Le crépuscule ne tarderait pas.

Lui et Blandine pouvaient faire l'effort de marcher plus longtemps.

Le serviteur qui les accompagnait se chargerait de ramener le bateau là où il le laissait d'habitude dès que le vent fort se serait calmé, alors que le père et sa fille ravis se mirent à visiter des marchés et des places, des monuments et des jardins.

Le plaisir de chaque instant retardait leur pas. Ils ont donc décidé de prendre une voiture pour le retour.

S'arrêtant dé-ci, dé-là, tandis que le soleil s'était déjà couché dans un déluge de rayons d'or, ils se sont trouvés devant la boulangerie d'Agrippa.

L'odeur agréable qui montait des fours les interpela au passage et à la demande de Blandine, Tatien a accepté d'entrer dans l'établissement.

Des friandises variées étaient alignées à volonté.

Et pendant qu'Agrippa s'occupait courtoisement des deux excursionnistes, ceux-ci entendirent la douce voix d'un enfant qui, non loin, rompait le silence vespéral en chantant au son d'une harpe harmonieuse:

Étoilesnids de la vie,

Dans les espaces profonds,

Nouveaux foyers, nouveaux mondes,

Couverts d'un voile léger...

Louanges à votre gloire,

Née de l'éternité,

Vous êtes les jardins de l'immensité, Suspendus au bleu du ciel. Vous nous dites que tout est beau, Vous nous dites que tout est saint, Même quand il y a des larmes Dans le rêve qui nous conduit. Vous proclamez à la terre curieuse, Dominée de tristesse, Qu'en tout règne la beauté Vêtue d'amour et de lumière. Et quand la nuit est plus froide Une sinistre douleur nous surprend, Et rompt le lien obscur Qui nous retient à notre cœur, Illuminant l'aube Du paysage d'un nouveau jour, Où le bonheur rayonne

Éternelle résurrection.

Donnez la consolation au pèlerin,

Qui avance au hasard,

Sans toit, sans paix, sans boussole,

Torturé, souffrant..

Temples du soleil infini,

Apportez à l'humanité

La bénédiction divine

Dans les bénédictions de votre amour.

Étoiles — nids de la vie,

Dans les espaces profonds,

Nouveaux foyers, nouveaux mondes,

Couverts d'un voue léger...

Louanges à votre gloire,

Née de l'éternité,