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Il pleurait, oui ! Mais pour la première fois, il pleurait de compréhension et reconnaissance, d'émotion et de joie...

Il s'est souvenu de ceux qui avaient blessé son cœur pendant sa vie, et comme s'il se réconciliait avec lui-même, à tous il envoya des pensées d'une paix jubilante ...

Les quelques pas sur le chemin rédempteur, parcourus sur quelques mètres étaient, cependant, accomplis...

Se soutenant à Marcelin, il a entendu les cris sauvages des spectateurs qui se serraient sur les sièges des podiums et des ménianes, dans les galeries, sur les plates-formes, dans les vomitoires et sur les marches des escaliers.

Des milliers et des milliers de voix exigeaient en chœur bestialement :

Les fauves ! Les fauves !...

Cependant, intimement transformé, Tatien souriait...

Après avoir rapidement balayé du regard l'enceinte, Éraste trouva le poteau où Celse avait été attaché pour le sacrifice, il accomplit sa promesse rapprochant le père et le fils pour l'instant suprême.

Mon fils ! Mon fils !... — sanglotait Tatien, heureux, tâtonnant le corps de Celse dont les mains de chair ne pouvaient plus le caresser —j'ai senti le pouvoir du Christ en moi!... maintenant, moi aussi je suis chrétien !...

Exultant de contentement intérieur pour avoir atteint la réalisation du plus grand et du plus beau rêve de sa vie, Celse s'est écrié :

Que des louanges soient entonnées à Dieu, mon père ! Vive Jésus !...

À ce même instant, des soldats ivres ont mis le feu aux rondins de bois qui se sont facilement enflammés.

Des gémissements, des appels discrets, des demandes d'aide et des prières étouffées montant de toutes parts se firent entendre parmi les flammes grandissantes qui, aux crépitements du bois se multipliaient dans l'air comme des serpents inquiets proclamant la victoire de l'iniquité, alors que des lions, des panthères et des taureaux sauvages pénétraient dans la grande arène, stimulant la fureur de la foule assoiffée de sensation et de sang.

Agenouillé devant Celse Quint qui le regardait en extase, l'aveugle a compris que la fin était proche et a supplié :

Mon fils, apprends-moi à prier !...

Les flammes, néanmoins, gagnaient le corps du jeune garçon qui se tordait.

Et tout en réprimant sa propre douleur, Celse dit, calme, baigné de paix :

Mon père, faisons la prière de Jésus que Blandine aimait à prononcer !... Notre Père qui êtes aux deux... prions à voix haute...

Les fauves affamés engloutissaient les corps et déchiraient les viscères humains, ici et là, mais comme s'il vivait maintenant rien que pour la foi qui l'illuminait à cette dernière heure, Tatien agenouillé répétait cette émouvante prière :

Notre Père qui es aux deux, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre nous du mal, car ceci est ton Règne, ta Puissance et ta Gloire pour des siècles et des siècles. Ainsi soit-il.

Le Romain converti n'entendit plus les paroles de son fils.

La tête de Celse se renversa en avant désarticulée...

Tatien allait lever la voix quand des pattes le tirèrent irrésistiblement sur le sable argenté de l'arène.

Son cerveau s'est troublé, puis après un choc soudain, comme si le Christ envoyait une clarté miraculeuse à ses pupilles éteintes, il a récupéré la vision et s'est vu à côté de son propre corps qui gisait immobile dans une flaque de sable ensanglanté.

Il a cherché Celse Quint, mais, oh ! Divin bonheur !... Il vit que du poteau de martyre émergeait non pas son fils adoptif mais son propre père, Varrus Quint qui lui tendait les bras en murmurant :

— Tatien, mon fils, maintenant nous pourrons travailler en louant Jésus pour toujours!...

Éblouit, il remarqua que les âmes des héros abandonnaient leurs restes enveloppés par des tuniques de lumière portées par des entités qui ressemblaient davantage à de beaux archanges aériens.

Il a embrassé les mains paternelles comme s'il assouvissait un désir profond dont il avait terriblement souffert et voulut dire quelque chose, quand Blandine, Basil, Livia et Rufus sont apparus, chantant des hymnes de joie au groupe d'Esprits bienheureux que formaient Corvinus, Lucain, Hortense, Silvain et bien d'autres braves de la foi, qui lui adressaient tous des sourires de confiance et d'amour !

Par-dessus la masse noire de l'amphithéâtre, perçant les ténèbres, des centaines d'âmes rayonnantes tenaient des étendards liliaux où brillait ce salut émouvant et sublime :

Ave, Christ ! Ceux qui vont vivre pour l'éternité te glorifient et te saluent !

*****

Un éblouissant chemin s'est ouvert dans les ci eux...

Ivre de joie, Varrus Quint retenait son fils contre sa poitrine et entouré par la grande assemblée d'amis, il s'est avancé vers les cieux comme un combattant victorieux qui réussit à soustraire du bourbier de l'ombre un diamant épuré par les douleurs de la vie, pour le faire briller en pleine lumière.

*****

Dans le bas, la cruauté criait de réjouissance.

La foule délirait à la vision des corps incendiés, au sinistre banquet du carnage et de la mort, mais au loin, dans le firmament infini dont la paix dessinait l'amour inaltérable de Dieu, les étoiles étincelaient montrant aux hommes de bonne volonté un glorieux avenir...

Francisco Candido Xavier

(2 avril 1910 - 30 juin 2002),

Francisco Candido Xavier (2 avril 1910 - 30 juin 2002), alias Chico Xavier, est le médium brésilien le plus célèbre2 et le plus prolifique du XXesiècle. Sous l'influence des « Esprits », il produisit plus de quatre cent livres de sagesse et de spiritualité, dont une centaine édités dans plusieurs langues. Il popularisa grandement la doctrine spirite au Brésil. Chico Xavier reçu d'innombrables hommages tant du peuple que des organismes publics3. En 1981, le Brésil proposa officiellement Chico Xavier comme candidat au Prix Nobel de la paix. En 2000, il fut élu le « Minéro du XXe siècle », à la suite d'un sondage auprès de la population de l'état fédéré brésilien où il résidait4. Après sa mort, les députés de l'assemblée nationale brésilienne ont officiellement reconnu son rôle dans le développement spirituel du pays5.

Enfance

Francisco Cândido Xavier est né le 2 avril 1910 dans la municipalité de Pedro Leopoldo, dans l'État du Minas Gerais (Brésil). La famille compte neuf enfants, ses parents, tous deux analphabètes, sont vendeurs de billets de loterie pour son père et blanchisseuse pour sa mère. Il raconte que c'est après avoir perdu sa mère, à l'âge de cinq ans, qu'il commence à entendre des voix. Il travaille dès neuf ans, comme tisserand, tout en continuant l'école primaire. À douze ans, il rédige en classe une rédaction remarquable et explique à sa maîtresse que ce texte lui a été dicté par un Esprit qui se tenait près de lui. À la suite de la guérison de l'une de ses sœurs qui souffrait d'obsession, Chico ainsi que toute sa famille adhère aux théories du spiritisme.

Centre spirite 'Luis Gonzala', à pedro leopoldo, en 2008

Chico Xavier étudie la doctrine spirite et fonde le centre spirite « Luiz Gonzaga », le 21 juin 1927. Il s'investit dans son activité de médium et développe ses capacités en psychographie. Il affirme voir, en 1931. son « mentor » spirituel sous la forme d'un Esprit prénommé Emmanuel. Guidé par cet être invisible, Chico publie son premier livre en juillet 1932 : Le Parnasse d'oulre-tombë1, recueil de 60 poèmes attribués à neuf poètes brésiliens, quatre portugais et un anonyme, tous disparus. Cet ouvrage de haute poésie, produit par un modeste caissier, qui le signe du nom d'auteurs décédés provoque l'étonnement général. Le journal O Globo, de Rio dépêche l'un de ses rédacteurs, non spirite, assister pendant plusieurs semaines aux réunions du groupe spirite du centre Luiz Gonzaga. Il s'ensuit une série de reportages qui popularisent le spiritisme au Brésil.