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Menandros rentra le quatrième jour. Faustus aperçut sa litière qui traversait le Palatin et n’hésita pas à se précipiter à sa rencontre devant le palais Séverin. Menandros avait peut-être un message pour lui de la part de Maximilianus.

C’était le cas. Menandros tendit à Faustus un rouleau de parchemin scellé par le cachet royal : « L’empereur m’a donné ceci pour vous. »

Faustus fut tenté de l’ouvrir sur-le-champ, mais ce n’était pas approprié. Il savait qu’il redoutait ce que l’empereur avait à lui dire et ne souhaitait pas lire le message en présence de Menandros.

« Et l’empereur ? demanda Faustus. Comment l’avez-vous trouvé ?

— Très bien. Il ne semble pas du tout perturbé par le poids de sa fonction, pour l’instant. Il s’est parfaitement bien adapté au changement compte tenu des circonstances. Vous vous êtes peut-être trompé sur son compte, mon ami, en disant qu’il n’avait aucune envie de devenir empereur. Je crois que ce rôle a plutôt tendance à lui plaire.

— Il est parfois plein de surprises.

— Vous avez raison. Quoi qu’il en soit, ma tâche ici est terminée. Je vous remercie pour votre charmante compagnie, mon ami Faustus, et aussi de m’avoir permis de gagner l’amitié de celui qu’on appelait César Maximilianus. Ce fut un heureux hasard. Nos journées passées dans les Bas-Fonds ont beaucoup contribué à faciliter les négociations. J’ai pu établir avec lui un traité d’alliance.

— Il y a donc bien un traité ?

— Sans aucun doute. Sa Majesté doit épouser la sœur de l’empereur Justinianus, Sabbatia, à la place de son défunt et regretté frère. Sa Majesté doit aussi offrir une superbe parure à la future épouse ; de magnifiques joyaux, des opales, très pures. Il me les a même montrées. Et il y aura un appui militaire, bien entendu. L’Empire d’Orient enverra ses meilleures légions pour aider votre empereur à écraser les Barbares qui vous causent tant de soucis sur la frontière. » Menandros en avait les joues rouges de plaisir. « Tout s’est passé pour le mieux, je dirais. Je dois partir demain. Vous ne manquerez pas de m’envoyer de ce vin noble de la Gaule transalpine que nous avons partagé le premier jour de mon arrivée à Rome, j’espère ? J’aurai moi aussi des cadeaux pour vous, mon ami. Je vous suis reconnaissant pour tout ce que vous avez fait. En particulier… au temple de Priape et dans le bassin du Baptai, hein, mon ami Faustus ? » Il appuya sa dernière phrase d’un clin d’œil.

Faustus ne perdit pas une seconde pour décacheter la lettre de l’empereur une fois Menandros parti.

L’autre jour au marché des sorciers, Faustus, tu m’as dit que l’époque de notre grandeur était révolue. Mais, cher Faustus, tu te trompais. Elle n’est absolument pas révolue. Elle ne fait que commencer. Nous sommes à l’aube d’un jour nouveau.

M.

Et là, sous cette initiale négligemment posée, se trouvait le sceau royal dans toute sa splendeur, Maximilianus Tiberius Antoninus César Augustus Imperator.

La pension de Faustus était plutôt généreuse, et lorsque lui et Maximilianus se rencontraient, comme ils le firent les premiers mois de son règne, l’empereur se montrait plutôt affable, avec toujours un mot aimable, bien qu’ils ne fussent plus aussi intimes qu’avant. Et au cours de la deuxième année de son règne, Maximilianus alla sur la frontière, où les légions de son collègue royal, Justinianus, s’était regroupées pour se joindre à lui. Il s’y installa pour combattre les Barbares, pendant sept années, qui devaient être les dernières de la vie de Faustus.

Les guerres nordiques de Maximilianus III se soldèrent par un franc succès. Rome n’aurait plus jamais à se soucier d’invasions barbares à l’avenir. Ce fut un tournant majeur de l’histoire de l’Empire, qui entrait maintenant dans une ère de prospérité et d’abondance qu’il n’avait guère connue que sous les règnes de Trajan, Hadrianus et Antonius Pius, quatre siècles plus tôt. Il y avait eu deux autres empereurs Maximilianus avant lui, mais l’humanité ne devait plus appeler le troisième que du nom de Maximilianus le Grand.