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Il disparut. Aussitôt, Rachel se leva et rejoignit Malko sur le divan.

— Vous avez aimé ? Cela vous a excité ?

Ses yeux avaient une expression incroyablement perverse. Après ce qu’il avait vu, il pouvait s’attendre à tout…

— Pas vraiment, fit-il.

Rachel le fixa longuement, comme si elle méditait sa réponse.

— Non ?

Sans que son regard se détache de lui, ses mains se posèrent sur Malko, commençant à le masser. Comme il esquissait un geste pour l’écarter, elle dit :

— Si vous ne me laissez pas faire, je hurle et je dis à Herbert que vous avez voulu me sauter. Il me croira. Il me croit toujours.

Brutalement, la présence de cette adolescente perverse fit basculer Malko. Il se sentit soudain devenir d’une dureté de fer sous les doigts habiles. Une lueur de triomphe passa dans les yeux écartés de la créole. Elle se pencha sur lui et le prit dans sa bouche, puis le lécha doucement, habilement, jusqu’à ce qu’il tressaille, au bord du plaisir. Elle le laissa, haleta, puis brusquement, se releva, son étrange expression enfantine et amusée dans les yeux, se tortilla pour remonter sa jupe sur ses hanches et se jeta sur lui, se faisant pénétrer avec force.

— Tu me veux maintenant ! murmura-t-elle avec triomphe.

Elle remua un peu le visage enfoui dans la poitrine de Malko, puis fut brutalement secouée de plaisir et jouit avec violence. Ils crièrent tous les deux, et les ongles de Rachel s’enfoncèrent dans la poitrine de Malko. Elle s’affaissa un peu contre lui, comme pour se faire pénétrer encore plus puis se releva, encore moite de plaisir, et sans un mot, regagna son rocking-chair.

Lorsque Herbert Van Mook réapparut quelques minutes plus tard, Rachel fumait une cigarette. La perversité à l’état pur. Malko avait du mal à retrouver sa sérénité. Le Hollandais était-il au courant ? Tout cela faisait-il partie d’un jeu destiné à conditionner Malko ? Ou la créole s’amusait-elle seulement avec un nouvel objet sexuel ? Herbert Van Mook vida une nouvelle rasade de J & B et jeta à Rachel :

— Va te coucher. On a à discuter.

La créole se leva docilement, embrassa son amant sur la bouche et tendit une main molle à Malko. Comme si rien ne s’était passé. Lorsqu’elle eut disparu, Van Mook secoua la tête.

— C’est une sacrée affaire. Le feu au cul. Elle baiserait un crocodile.

Un ange passa, qui avait une tête d’anaconda.

— Bon, fit le Hollandais, j’ai réfléchi. Si vous êtes sûr de votre information, on devrait pouvoir s’en tirer à cinq ou six pour l’attaque de la diligence. Ce genre de transfert est plutôt discret. Ils seront une dizaine au maximum. Vous avez un moyen d’avoir des précisions ?

— Je pense.

— OK. Vous êtes tout à fait sûr qu’ils ne vont pas le trucider à Memre Boekoe ?

— Si c’était le cas, dit Malko, toute l’opération tomberait à l’eau. Mais, encore une fois, j’ai confiance dans nos sources.

— Parfait. Faisons comme si…

Il but de nouveau une rasade de whisky, guettant Malko du coin de l’œil.

— Vous êtes un drôle de type ! lâcha-t-il. Avec les tuyaux que vous avez, on pourrait se payer la banque les doigts dans le nez et se retrouver au Brésil avant le lever du soleil avec deux mille kilos d’or. Et laisser tomber la seconde partie du programme…

En choisissant un homme comme Malko pour cette mission, le colonel de Vries savait ce qu’il faisait. Très peu de chefs de mission pouvaient prendre la responsabilité de cinquante millions de dollars… sans en avoir les mains moites.

— Ce n’est pas ce que je prévois, fit Malko avec froideur.

Le Hollandais n’insista pas et laissa seulement tomber :

— J’espère que Cristina ne bavardera pas… Quand elle a quelques scotches dans le nez, elle a tendance à oublier la discrétion. (Il rit). Elle a dû vous dire des horreurs sur moi. Je l’ai sautée quelques fois et je crois qu’elle aurait bien voulu que ça arrive plus souvent…

— Elle peut avoir de bonnes informations ? demanda Malko soucieux de vérifier ses sources sans répondre à sa question.

— Très possible. Elle a baisé avec tellement de types à Paramaribo qu’elle connaît vraiment tout le monde, y compris cette ordure de Bouterse.

— Où allez-vous trouver des hommes pour l’attaque du transfert ? demanda Malko, pour couper court.

— J’ai quelques idées. Comme je vous le disais, on ne va pas se payer une bataille en rase campagne. Nous, c’est plutôt hit and run. Faut pas oublier que tout doit se passer entre minuit et quatre heures du matin. Pour déménager l’or, ça va prendre du temps, même si on a du cœur au ventre.

Il avait du mal à cacher que c’était son principal intérêt.

— Avez-vous pensé à la façon de quitter Paramaribo et de gagner Pokigron ?

Herbert Van Mook inclina la tête.

— Oui. Par la route ça risque d’être délicat. Il n’y en a qu’une vers Pokigron, celle de l’aéroport. Ils vont la boucler immédiatement. Donc, il ne reste que le fleuve. Si je trouve un bateau assez rapide, nous pouvons remonter jusqu’à Carolina en quarante minutes.

— Qu’est-ce que c’est Carolina ?

— Le second bac qui permet de franchir le Surinam, au sud de Paramaribo. Il y a peu de monde, c’est une piste simple. Un camion pourrait nous attendre là-bas. On transborde et on gagne Pokigron par de petites pistes, en contournant l’aéroport.

Malko contemplait le ciel étoilé, tournant les données du problème dans sa tête :

— Si pour une raison quelconque, nous ne pouvions pas atteindre Pokigron, dit-il, y a-t-il une solution de secours ?

Herbert Van Mook n’eut pas à réfléchir longtemps.

— J’en vois pas, fit-il d’un air dégoûté. Vers l’est le bac menant à la route de Guyane française par Albina va être surveillé tout de suite. Vers l’ouest, c’est le même problème avec le bac de Nickerie. Évidemment, on pourrait se cacher chez les planteurs de riz javanais. Mais après ?

— Et la mer ?

— Vous avez un bateau ? Ici, il n’y a rien pour affronter l’Atlantique. Le premier port est à mille kilomètres. En plus, ils ont des patrouilleurs.

— Et on ne peut pas gagner le Venezuela, en traversant la Guyane par la forêt ?

Le Hollandais eut une moue dubitative.

— Il faudrait une véritable expédition. Les pistes sont effroyables. On doit emporter de l’essence et des vivres pour plusieurs semaines. Sans être sûr de pouvoir passer. Il y a de la fièvre jaune, de la malaria, sans compter quelques Indiens parfois méchants. Le seul truc serait de gagner la Guyane française en franchissant le Maroni, à partir de Carolina. Ils ne nous couperont pas en morceaux.

— Pas question, dit Malko, cette opération doit rester complètement fermée.

— OK, accepta Van Mook, alors on s’en tient au plan initial. Retrouvons-nous demain au Parbo Inn, vers la même heure. J’aurai avancé.

— C’est sûr, le Parbo Inn ?

— Oui. Un des rares endroits où il n’y a pas de mouchards. Ayub ne peut pas les voir. Le premier rasta qui se pointe, on lui casse la tête… Mais faites attention, ils traînent partout en ville. Ils ont la phobie des mercenaires.

— Une question. Vous avez l’intention de quitter le Surinam avec nous ?

— Je ne vois pas comment je pourrais faire autrement. Et j’emmène Rachel aussi.

— Et votre ferme ?

Il haussa les épaules.

— Je commence à en avoir marre de mes petites bêtes. Je finirais par me faire amocher. Avec un peu d’or, le Brésil m’accueillera à bras ouverts…

Cela faisait deux personnes de plus à exfiltrer. Van Mook regarda soudain sa montre et sursauta :