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— Parfait ! dit Malko.

Un peu en contrebas, ils étaient protégés de la vue des Palestiniens. L’hélicoptère commença à s’élever dans un rugissement de tonnerre, soulevant un nuage de poussière rougeâtre. Les Palestiniens se détournèrent pour ne pas être asphyxiés.

Malko, Bill Hodges et Bambé descendirent. Le chauffeur démarrait déjà, faisant demi-tour en face du garage pour ressortir. Une douzaine de Mercedes s’alignaient dans la cour, ainsi qu’un gros camion. Malko essaya la porte. Fermée. Impossible de la forcer, elle était blindée. Il aurait fallu un bazooka…

Il appuya sur la sonnette. S’ils n’entraient pas, les Palestiniens allaient venir leur poser des questions et les ennuis commenceraient… Il attendit, le cœur battant. Le ronflement de l’hélicoptère s’éloignait au-dessus de la mer. Le chauffeur donna un coup de klaxon pour se faire ouvrir la grille. Sans se presser, un des Palestiniens s’approcha, lui fit signe de descendre sa glace et se pencha pour lui parler. Malko était trop loin pour entendre ce qu’ils disaient, mais ils étaient sur le fil du rasoir…

La porte s’ouvrit sans qu’il ait rien entendu. Il aperçut dans la pénombre deux yeux noirs, un visage mal rasé et une voix demanda en anglais :

— Qui êtes-vous ?

Un Libanais, élégant dans une chemise mexicaine, l’air soupçonneux, les cheveux calamistrés. Malko aperçut derrière lui un somptueux hall en marbre de Carrare, deux grandes consoles en bois précieux de style Louis XIV faisaient face à deux sofas recouvert de soie bleue. Le tout étant visiblement l’œuvre de celui qui avait décoré le reste de la résidence Claude Dalle.

— J’ai rendez-vous avec Karim Labaki, fit Malko.

Le Libanais le toisa.

— Cela m’étonnerait ! Je suis son secrétaire particulier et je n’ai pris aucun rendez-vous ce matin. D’ailleurs Mr Labaki n’est pas là… Qui vous a laissé entrer ?

Il fit un pas en avant, passant devant Malko, afin d’alerter les hommes de garde.

Juste pour se heurter au canon du riot-gun de Bill Hodges, appliqué contre son oreille. Ce qui le repoussa à l’intérieur. Il blêmit, soudain muet. Malko entra, entraînant Bambé et referma la porte, grâce à un énorme verrou.

— Qui, que voul…

Le Libanais ne s’attendait visiblement pas à cette attaque brutale.

— Voir Mr Labaki, fit Malko. Vite.

À son tour, il avait tiré le Colt 45 de sa sacoche, ignorant combien de personnes se trouvaient dans la maison. Le Libanais regarda les deux armes, secoua la tête et dit d’une voix blanche :

— Mais vous êtes fous ! Que voulez-vous ? Il n’y a rien à voler ici…

D’un revers, Bill Hodges le frappa à toute volée avec la crosse du riot-gun. Projeté contre une console dorée, le Libanais, la joue ouverte, glissa le long du mur, du sang dégoulinant sur toute sa mâchoire. Bill le releva et le colla au mur, le riot-gun sur la gorge.

— Où est-il ?

— Dans… Dans sa salle de bains…

— Conduis-nous.

— Combien y a-t-il de gardes dans la maison ? interrogea Malko.

Le Libanais, tamponnant sa joue, cracha un peu de sang et balbutia :

— Personne, ils sont dehors. Il n’y a que moi et la masseuse. Et puis le personnel africain…

— Dépêchons-nous, dit Malko.

Comme un automate, le secrétaire les guida dans un couloir aux murs couverts de tableaux. Au bout du troisième coude, ils s’arrêtèrent devant une porte blanche, close.

— C’est là.

Malko tourna le bouton de la porte qui s’ouvrit sur une salle de bains en marbre bleu, absolument splendide, avec des glaces partout. L’une d’elles lui renvoya l’image d’un homme plongé dans un bain de mousse, au fond d’une baignoire dorée. Seule sa tête et le bras gauche dépassaient de la baignoire. Une jeune Noire, assise sur un tabouret, était en train de lui faire les ongles. Vêtue d’une blouse transparente qui laissait deviner un corps admirable…

Karim Labaki se figea. Malko vit son regard aller du riot-gun à son visage, ses yeux se fermer presque complètement, ses traits se durcir. Puis sa mâchoire avança et il aboya :

— Qu’est-ce que vous foutez ici ?

Il avait du sang-froid, c’est le moins qu’on puisse dire… Tranquillement, Bill Hodges avança vers la baignoire et plongea le canon du riot-gun dans la mousse à l’endroit approximatif où se trouvait le ventre du Libanais.

— Sois poli ou je te fais sauter les couilles…

L’Africaine se leva avec un petit cri, et Malko la repoussa doucement dans un coin de la pièce, avant de s’approcher de Karim Labaki.

— Mister Labaki, dit-il, je suis venu pour une raison précise. Je veux les deux terroristes que vous hébergez.

— Foutez le camp ! explosa le Libanais, je ne sais pas comment vous êtes entrés ici, mais si vous ne partez pas, je sais comment vous allez en ressortir. Morts.

Son visage de gargouille était convulsé par la rage. Il se hissa à demi hors de la baignoire, découvrant un corps musculeux et empâté, où la mousse s’accrochait à des touffes de poils noirs. Ses petits yeux allaient de Malko à Bill Hodges avec une haine indicible. Au moins égale à celle de l’Irlandais. Ce dernier se pencha en avant.

— Enculé, fit-il, motherfucker d’Arabe. C’est moi qui vais te crever tout de suite. Tu te souviens de Yassira ? C’est moi qui la baise. Et Seti ? La petite que tu as fait tuer ? Je vais te faire sauter la tête.

Il écumait. Malko se rendit compte qu’il ne se contrôlait plus. Et qu’il allait tuer le Libanais. Celui-ci le réalisa aussi et tourna la tête vers Malko.

— Il est fou votre copain ! Calmez-le. Je ne sais pas de quoi il parle.

Sa voix n’était plus qu’un croassement. Il avait peur. Vraiment. Souvent confronté à la violence, il savait la reconnaître… Malko saisit le canon du riot-gun et l’écarta.

— Nous avons à parler, mister Labaki. Allons dans votre bureau.

Sous le regard grinçant de haine de Bill, le Libanais sortit de sa baignoire et s’enveloppa dans un peignoir blanc monogrammé de fils d’or. L’autre porte donnait dans sa chambre, d’un luxe inouï, une moquette haute laine d’un blanc immaculé servait d’écrin à un magnifique lit corolle King Size habillé de soie mauve. Le tout signé Claude Dalle. Dans un coin, un empilement de télés Akaï et de magnétoscopes. Plus une radio émettrice. La moquette épaisse sur laquelle étaient jetés des tapis étouffait le bruit des pas… Malko ferma à clef. Toutes les portes étaient en bois de fer, incrochetables.

Ils pénétrèrent dans le bureau. Somptueux. Des boiseries partout et une grande baie vitrée dominant les collines, avec vue sur la baie de Freetown. Des lampes en cuivre rappelaient le Liban, des photos partout, de Labaki avec tout ce qui comptait en Sierra Leone. Plus une avec Nabil Beri, le leader chiite d’Amal.

— Regardez ! cria l’Irlandais.

Il brandissait une photo de Khomeiny en train de serrer la main de Karim Labaki qui semblait minuscule à côté de lui.

— Salope !

Il jeta la photo à terre et la piétina dans un bruit de verre brisé. Karim Labaki ne broncha pas. Le téléphone sonna et il décrocha, écouta quelques secondes avant de raccrocher. Il se tourna alors vers Malko.

— Ce sont mes gardes. Ils se sont réveillés trop tard et je les punirai. Je sais maintenant comment vous êtes entrés ici. Seulement, la sortie ne sera pas aussi facile. Vous feriez mieux de poser vos armes et de vous rendre… Nous pourrions trouver un terrain d’entente…

Bill Hodges fit un pas vers lui, avant que Malko ne puisse répondre, les yeux fous…

— Il n’y a pas de sortie pour toi, salope…

Karim Labaki tourna la tête vers Malko.

— Je voudrais vous montrer quelque chose.