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— Malko, Malko !

Stanley Parker agitait les bras désespérément. Il récupéra Malko au bas du premier toboggan avant, le secouant comme un prunier.

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

Malko le lui expliqua au milieu des gens qui s’enfuyaient dans tous les sens, pieds nus, affolés. Courant vers l’aérogare. Des policiers se ruèrent sur une passerelle et s’emparèrent du terroriste. Stanley Parker était partagé entre la fureur et la stupéfaction.

— Mais comment a-t-on pu cacher une arme et des explosifs à bord de cet avion ? Il est fouillé de fond en comble à chaque escale. Y compris tous les placards des toilettes.

— C’était dissimulé dans un gilet de sauvetage, expliqua Malko. Il y en a 320 à bord. Impossible de les défaire tous à chaque examen de l’appareil. Cela suppose une coordination parfaite entre les bases terroristes de Sierra Leone et d’Abidjan. Une place avait été retenue au nom de ce terroriste, en précisant le rang et le numéro.

— Mais, même à Longi Airport, cet appareil est sous la protection des services de sécurité.

— N’oubliez pas que Karemba en faisait partie, lui rappela Malko. Pour lui, c’était facile de monter à bord et de dissimuler l’explosif et l’arme dans le gilet de sauvetage désigné.

— Il faudra s’en souvenir, fit l’Américain. Si vous n’aviez pas été à bord, le détournement réussissait probablement.

Malko comprenait maintenant parfaitement le choix de la Sierra Leone qui l’avait intrigué depuis le début. Il donnait aux Iraniens la possibilité de placer l’explosif et les armes à bord du DC 10 ; les terroristes pouvaient s’y procurer de faux papiers, faisant attribuer l’attentat à la communauté chiite locale, détournant les soupçons de l’Iran et ensuite s’infiltrer dans le pays où ils allaient agir, la Côte d’ivoire. Avec beaucoup plus de facilité que s’ils arrivaient directement de Beyrouth…

Ils s’approchèrent du terroriste auquel on avait passé les menottes… Il cracha dans la direction de Malko, se débattant encore. Impossible de lui tirer un mot… Les derniers passagers s’enfuyaient. Ne restait à bord que l’équipage… Malko tamponnait son arcade sourcilière ruisselante de sang.

Le Chiite fixait le DC 10, comme si son regard avait pu le détruire. Résistant aux hommes qui voulaient l’entraîner. Intrigué, Malko l’observa, déchaînant sa rage de nouveau. Il allait ouvrir la bouche pour le questionner quand une terrible explosion les fit tous sursauter.

Une gerbe de feu s’éleva de l’arrière du DC 10 à la hauteur de la soute, enveloppant aussitôt l’appareil. En quelques instants, ce fut un brasier, gagnant les ailes et l’avant.

— Holy Cow ! s’exclama Stanley Parker, abasourdi.

Avec des hurlements sinistres, les voitures de pompiers revenaient à toute vitesse. Des jets de neige carbonique attaquèrent le brasier, sans parvenir à l’éteindre.

Les membres de l’équipage apparurent en haut de la passerelle et se jetèrent vers le sol. Tout le monde reculait devant la chaleur terrifiante.

Stanley Parker se tourna vers Malko.

— C’est la grenade ?

— Non, elle était beaucoup plus vers l’avant…

— Quoi, alors ?

— Ce terroriste, celui que nous appelons Mansour Kadar. Il y avait sûrement des explosifs dans sa valise…

— Mais c’était du suicide… s’exclama l’Américain.

— Il y a deux hypothèses, fit Malko. Ou bien il était au courant et la présence de ces explosifs, une fois l’appareil posé dans le lieu de son choix aurait donné encore plus de poids à ses exigences. Ou bien, on les a mis à son insu. Pour être certain de réussir une action terroriste d’envergure. Je pense que son interrogatoire nous éclairera.

Diabolique.

C’était le seul cas de figure qu’on ne pouvait contrer totalement : une action suicide. Il était matériellement impossible de fouiller tous les bagages de soute. Certains explosifs étaient indétectables. Dieu merci, c’était un cas rarissime.

Ils reculèrent encore, incommodés par la chaleur. Il y eut soudain une bousculade et ils virent le terroriste chiite échapper à ses gardiens et s’enfuir en courant vers l’appareil en flammes. Il passa tout près de Malko et ce dernier put voir ses yeux fous, son expression hallucinée. Des coups de feu claquèrent, il trébucha et tomba, n’arrivant pas au brasier. Dans le concert des sirènes de police et des hurlements de pompiers, on remarqua à peine son geste…

L’ambassadeur des États-Unis passa une main sur son visage, la mâchoire tremblante.

— Que Dieu nous préserve de ces fous ! murmura-t-il.

Les flammes atteignirent le corps du terroriste qui s’enflamma aussitôt, petit brasier à côté du grand. Sans un mot, Malko et Stanley Parker gagnèrent la voiture de la CIA. Sachant que le combat ne serait jamais fini.