Выбрать главу

Le gouvernement britannique appliqua résolument un système colonial complètement opposé à celui des Hollandais. Il supprima, les anciens privilèges des colons, émancipa les : Hottentots, et essaya, à la grande colère des Boërs Hollandais, de mettre les naturels sur le même pied que les blancs. Les Boërs, très nombreux, étaient complètement restés Néerlandais. La colonie sud-africaine, semblait un coin détaché des Pays-Bas, tant le type des premiers colons s’était conservé intact, ainsi que leurs coutumes, leurs habitations et leur langage. L’émancipation des noirs ayant été effectuée en 1838 et 1839, les Boërs, immobilisés dans leurs préjugés séculaires, refusèrent de reconnaître cette mesure, préférèrent émigrer au nombre de cinq mille de l’autre côté du fleuve Orange. Ils se déclarèrent indépendants, fondèrent la colonie de Natal et se mirent sous la protection des Pays-Bas. Ce protectorat platonique ne les sauva pas d’une nouvelle annexion et le Natal fut déclaré colonie anglaise après une lutte sanglante.

Les Boërs vaincus, mais non abattus, ne reculèrent pas devant les éventualités d’un nouvel exode. Conduits par Prétorius, ils remontèrent à l’Est et s’installèrent vers la source du fleuve Orange. L’Angleterre ne voulant pas avoir le dernier mot dans ce duel opiniâtre, annexa le nouveau territoire sous le nom d’Orange-River-Sovereignty (souveraineté du fleuve Orange). Le décret porte la date du 3 janvier 1848. Les Boërs prirent les armes, se battirent avec un courage admirable, mais succombèrent le 29 août 1848 à la mémorable bataille de Boom-Plaats. Leur implacable ténacité devait pourtant triompher des empiètements du Royaume-Uni. Ils émigrèrent encore une fois en masse et se réfugièrent dans le bassin du Waal où ils fondèrent la république du Transwaal.

Mais les Anglais reconnurent bientôt la faute qu’ils avaient commise en s’étendant ainsi au milieu d’une population indigène, éminemment brave, et qui ne supportait qu’à grand-peine la domination des blancs. Les Boërs opposaient aux Cafres et aux Bassoutos une barrière suffisante pour empêcher toute surprise. En politiques habiles, ils mirent des factionnaires à leur porte, c’est-à-dire qu’ils restituèrent aux Boërs du fleuve Orange leur autonomie par le traité signé le 22 février à Bloëm-Fountain.

Indépendamment de leurs guerres avec les colons hollandais, les Anglais soutinrent contre les indigènes des luttes terribles qui plusieurs fois mirent en péril leur possession du Cap. Les Cafres, surtout, se montrèrent de terribles et implacables ennemis. Leur révolte de 1850 à 1853, qui fut une immense insurrection semblable à celle des Indous en 1857, ne fut étouffée qu’avec d’excessives difficultés, et après de sanglantes défaites éprouvées par les Anglais. Celle de 1858, dont l’instigateur fut Mosesh, chef des Bassoutos, fut formidable et la colonie courut un danger plus imminent que jamais.

Quant à la nouvelle et définitive annexion du Transwaal, et la dernière guerre contre les Zoulous, dont nos contemporains connaissent quelques épisodes, nous lui réservons une place toute spéciale dans la suite de notre récit.

La colonie du Cap, après de nombreuses annexions, a fini par englober toute l’Afrique du Sud depuis le fleuve Orange, c’est-à-dire depuis le 29° de latitude Sud, jusqu’à la pointe inférieure du continent. En dépit de toutes ces secousses, sa situation a toujours été prospère. Son climat exceptionnellement sain, ses pâturages, ses produits agricoles, légumes, fruits, céréales, en font un lieu de délices. Ses vins si renommés, sous le nom de vins de Constance, de Schiraz et de Pontac, ont depuis longtemps été pour elle une source de bénéfices.

Riche comme l’Australie jusqu’au moment de la découverte de l’or, elle devint, comme elle, opulente du jour au lendemain par la découverte des mines de diamant.

Ainsi que nous le disions au chapitre précédent, la première mention du diamant remonte au Cap à 1750. La découverte, ayant amené l’exploitation en grand, ne date que de 1867. Un de ces trafiquants qui transportaient dans leurs chariots attelés de vingt à trente bœufs, les objets manufacturés jusqu’au milieu des populations sauvages, en échange de dents d’éléphants, arriva à la ferme d’un Boër nommé Jacob. Il vit les enfants jouer avec de petits cailloux dont l’éclat et la transparence le surprirent. La pensée lui vint que ces cailloux pourraient être des diamants. Un chasseur passant sur ces entrefaites eut la même idée. Cette supposition pouvait, d’ailleurs, être purement erronée, car ni l’un ni l’autre n’en avaient jamais vu. Ils les essayèrent sur des vitres, pratiquèrent des rayures que l’on voit encore aujourd’hui, et conclurent un marché. Le chasseur, nommé O’Reilly, emporta, pour le vendre, un des cailloux, le plus gros et le plus étincelant. Il fut convenu qu’il en partagerait le prix avec le drayman et le Boër.

La pierre était un diamant qui fut vendu cinq cents livres (12 500 francs). Cette nouvelle se répandit dans toute la colonie avec la rapidité de l’éclair et produisit une émotion d’autant plus vive, que la baisse des laines et l’épizootie croissante sur les troupeaux avaient produit sur la place une véritable panique. Ce fut toute une révolution commerciale.

Des diggers amateurs trouvèrent d’autres gemmes, et les Cafres en apportèrent un certain nombre, qu’ils se transmettaient de père en fils, peut-être depuis des siècles, pour trouer leurs meules. C’est ainsi, dit-on, que fut acquise la fameuse « Étoile de l’Afrique du Sud » qui fit à Londres l’admiration des amateurs. Ce diamant, acheté d’abord dix mille francs, fut payé trois cent mille à son acquéreur, M. Libenfeld, qui le céda à lord Dudley pour huit cent cinquante mille francs !

Alors se produisit une agitation extraordinaire, comparable à celle qui se fit sentir en Californie et en Australie au moment de cette crise énergiquement appelée la fièvre de l’or. Cinq mille personnes s’étaient établies à Pniel, deux mois après la découverte du premier diamant. On trouva successivement les gisements de Moonlight, Rush, Hebron, Gougoug, etc. Ces kopjes s’étendent pour la plupart sur la limite de la colonie anglaise et des États libres du fleuve Orange, à environ 1200 kilomètres de Cap-Town par 29° de latitude Sud, et 23° de longitude Est. Ils appartiennent à deux catégories et sont classés en mines sèches et mines de rivières. Les premières fournissent des diamants mêlés aux feldspaths décomposés, granits, tufs, schistes pyriteux, aragonites. Tels les gisements de Bull-Fartein, Old de Beer’s, Du Toit’s Pan, et Beer’s-New-Push. Dans les secondes on trouve les diamants avec les calcédoines, les agates, et les grenats. On en a rencontré de 288, 186, et 180 carats ; ils sont presque tous brisés, dit M. Louis Figuier, et d’autant plus colorés en jaune qu’ils sont plus gros.

La production, en certains points, a été incroyablement abondante. Le district de Beer’s-New-Push a donné, pendant huit mois, une moyenne de trois mille diamants par jour, la plupart de forte dimension. Aucune mine du monde n’en a produit de si gros, et en telle quantité.

Ces pierres présentent d’ailleurs les particularités suivantes qui sont un mélange de qualités et de défauts. Les plus pures sont de forme octaédrique et à arêtes vives. Elles sont assujetties à éclater spontanément au contact de l’air. Cet accident désastreux frappe généralement au bout de huit jours celles dont la surface est la plus lisse. Elles sont généralement indemnes au bout de trois mois. Le meilleur procédé pour remédier à ce fâcheux effet, consiste à enduire de suif le diamant dès qu’on l’a trouvé.