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— Vous auriez dû m’envoyer vos articles, reproché-je, j’eusse été ravi d’en prendre connaissance.

Casse la tienne (comme dit mon pauvre Béru), elle me les a apportés. Y en a en effet une liasse épaisse commak dans son sac bandoulière.

— Je vais les lire dans ma chambre, tandis qu’on nous accommode un brique faste à la française, préviens-je. Souhaitez-vous m’accompagner ou vous branché-je la télévision où mon ami Mourousi ne va pas tarder ?

Elle rétroque que la télé française étant inregardable pour une Britannique, elle préfère m’escorter.

Sainte nitouche, va !

On grimpe. Je la fais pénétrer, en attendant que j’à charge de revanche. Mets le verrou, biscotte ce vadrouilleur insolent de Toinet, toujours à l’affût d’une connerie payante.

Asseyez-vous ! désignant le fauteuil. Son beau cucul régal s’épanouit entre les bras de mon voltaire de famille (il était au salon, mais je l’ai grimpé dans ma strasse pour les lectures tardives). J’ai sa liasse d’articles.

Seulement moi, tu me connais, non ? Elle, entre les bras du fauteuil, moi entre ses jambes et les vaches seront bien gardées. Ses élucubrations, ce sera pour une autre fois. Néanmoins, je fais semblant de ligoter pour avoir prétexte de m’asseoir à ses pieds.

Je commence par confier une mission d’exploration à ma dextre et la voilà partie sous le tweed de la jupe. Mon œil distrait ligote le titre du premier faf :

« Rodéo des services secrets français sur le sol britannique ! »

Sympa, merci ; ne vous dérangez pas pour moi !

Elle me dilate la prostate, cette jolie grand-mère ! Et tu sais qu’elle a un brin de plume ? A moins que le rewriter… Rewritera bein qui rewritera le dernier ! J’en chope une pleine charretée. Mon culot, mes exigences, tout ça… Toute l’histoire de nos brèves relations est relatée, jusqu’à y compris la manière dont je lui ai dégrafé sa jupe sur la lande, mais elle laisse entendre que sa pudeur a eu le dernier mot.

Nostalgique, ma paluche lui rase-motte le mont de Vénus, Betty. Elle se prête à mes acrobaties.

Moi, je t’avoue que je déteste brosser une sueur chez moi, par pudeur pour m’man. Je la respecte trop, ma Félicie d’amour, pour lui infliger mes coïts. Les mothers, faut les tenir à l’écart de ces ébats bestiaux. Je me rappelle d’un soir d’il y a longtemps, à Napoli, une petite péteuse greluse m’avait emmené chez elle pour une tringlée amicale et je l’avais embroquée dans la pièce où sa vieille mère tricotait en écoutant une retransmission de foute à la radio. La daronne, ça l’avait pas plus émue, nos galipettes, que si sa pétasse de fille avait pris un bain de pieds. La Juve s’était laissé marquer un but par Naples, juste comme je larguais les amarres, et ma partenaire avait hurlé « Siiiiiiiii » en soubresautant opportunément.

Mais moi, ma maman, Achtung ! Notre pavillon, c’est pas un hôtel de passes ! Alors je réfrène à bloc. Frotti frotta, O.K., et même des caresses prénuptiales, souate ; mais l’imbrication polyvalente, fume ! Ou alors faudrait qu’elle s’emploie à mort, la môme !

Eh ben, manque de bol, justement, elle s’emploie ! Une frénésie incandescente ! Me sort le grand jeu rapide. Elle me vainc par précipitation. Me bourrasque des racines au faîte ! Pas le temps de dénéguer, de crier au viol, d’appeler ma maman. La fille qui en veut en obtient, comme l’a si justement écrit Bossuet dans son docte ouvrage titulé « Occupe-toi d’homélie ».

Me rappelant ses clameurs sur la lande, je lui conjure de baiser à voix basse. Que sinon je vais lui plaquer mon oreiller sur la sirène de brume, ce qui risquerait de l’étouffer et me vaudrait les assises, comme à Saint François d’.

Dès lors, je perpètre.

Y a démenage intensif !

Est-ce que ça va pas me passer un jour d’avant mon trépas, cette foutue marotte d’enfiler ce qui bouge, qui enlève sa culotte et qui crie « Plus vite ! » ? Jusque z’à quand t’est-ce vais-je dégainer coquette en présence d’une fille pour recommencer sempiternellement cette danse sacrée d’où tu sors épuisé mais content, les burnes vides et le cœur plein ?

Au plus fort de notre épanouissement sensoriel, j’entends un cri, puis des sanglots dans le couloir.

En bas, la voix inquiète de Féloche :

— Que se passe-t-il, c’est vous qui pleurez, Maria ?

Organe dévasté d’une Maria abîmée dans les chagrins :

— Oui, Madame !

— Qu’avez-vous, petite ?

— C’esté Moussieur ! Il fait des couchonneries avec la salope qui viendre d’arriver !

— Qu’est-ce qui vous prend de regarder par le trou de la serrure, ma fille ! réprimande sévèrement ma daronne.

— Jé m’en doutais ! pleurniche Maria.

— Descendez tout de suite éplucher des tomates, nous allons faire une salade de tomates-mozzarelle avec des feuilles de menthe comme entrée !

Ça aide, des répliques de ce genre, lorsque tu es en pleine lime, crois-moi !

Pour couronner, voilà, très proche, l’organe poulbotien de Toinet :

— Ah ! ouais, c’est vrai qu’il la met ! La vache, il y va de bon cœur, le grand ! Oh ! dis donc, tu parles d’un rapide, le frangin ! C’est géant ce qu’il lui fait !

— Toinet ! égosille maman. Tu veux venir ici, immédiatement, polisson !

Ah ! elle est discrète, ma troussée impromptue ! Pour ce qui est de mon respect du toit familial, j’ai mis (entre autres) dans le mille !

— J’arrive, m’man Félicie, une seconde ! La manière qu’il se déclenche, je parie qu’il entr’ dans la ligne droite, le beau Tonio ! C’est dommage, j’ la voye pas bien, elle. Juste ses jambes. Elle a gardé ses godasses !

— Toinet ! ! ! hurle ma pauvre mère désespérée, faut-il que j’aille te chercher par les oreilles ?

— Fâche-toi pas, m’man Félicie, j’sus confronté avec les choses de la vie, comme y disent à la télé. En valeur corrigée, je fais mon éducation ! On est des mammifères, comme nous affirme le prof de sciences nat’. Dans un sens, c’est beau le schéma de la reproduction. Si on naîtrait dans les choux, c’serait plus tristounet !

Enfin, il abandonne son poste de mateur et dévale l’escalier. Je l’entends encore demander, le mignon salaud :

— Pourquoi elle chiale, Maria ? C’est la jalousie ? Tu penses qu’il la fourre aussi, Tonio, quand t’est-ce qu’on a le dos tourné ?

— Cours chercher des petits pains à la boulangerie Tardivet. Tu en prendras six !

— Je pourrai m’en acheter un au chocolat ?

— D’accord.

— Et un autre aux raisins, pour mon quatre-heures ?

— Si tu veux !

Là, Betty extrapole ses turbulences glandulaires et part à dame en poussant une plainte de nativité.

Ma récompense ne tarde pas. Elle enchaîne sec.

Pendant que ma chaude Britannique va remettre de l’ordre dans sa mise (si je puis ainsi m’exprimer), je saisis la pile de ses articles. Histoire de passer le temps, tandis que les rugissements de l’eau se font entendre dans ma salle de bains.

Et alors… Et alors…

Non, je te jure : un moment terrible de mon existence. Ce que tous les services de police européens n’ont pu découvrir se trouve relaté là, dans les grises colonnes du Rochester Evening.

Honte à nous autres, professionnels emberlificotés dans le système, ligotés par les obligations, noyés sous la paperasserie, jugulés par des forces supérieures obéissant toutes à des forces encore plus supérieusement supérieures !

Il est écrit, sur ce papier journal que mes fesses refuseraient si d’aventure j’entendais l’utiliser comme faf hygiénique, il est écrit, dis-je, que l’envoyée spéciale (très spéciale) du Rochester Evening, après une minutieuse enquête, a découvert que le mystérieux avion s’était posé à Reggio di Calabria, Italie. Ses passagers en seraient descendus. Ils étaient — Dieu soit loué ! — au nombre de six et auraient pris place dans un minibus blanc immatriculé à Roma. Peu après, l’avion reprenait les airs pour une destination inconnue.