Les intimes Line Renaud, Bernard Montiel et Stéphane Bern mais aussi les chanteuses Catherine Lara, Keren Ann ou Dani, les comédiens Macha Méril, Danièle Évenou, Vincent Lindon et Pierre Arditi, les réalisateurs Marjane Satrapi et Régis Wargnier, l’ex-Mme Météo Catherine Laborde, l’animateur de « Secret Story » Christophe Beaugrand, le footballeur Yohan Cabaye… Le 17 avril 2017, ils sont tous présents pour soutenir le candidat Macron au grand meeting de Bercy. Et dans une campagne qu’ont boudée les stars, chaque prise a son importance. Libération aura beau railler « les vieilles gloires du jeune premier » en titre d’un article, l’affiche people reste bien plus large que celle des autres présidentiables. Un casting activement composé par Brigitte Macron, sur lequel elle et son mari misent. Quelques semaines plus tôt, en février, ils étaient ainsi tout disposés à se montrer avec Geneviève de Fontenay, venue écouter le leader d’En Marche ! à Lyon. Trop heureux de la voir dans leurs rangs plutôt que dans ceux du FN, elle qui s’était fait photographier peu avant avec Florian Philippot. Depuis, l’idylle avec le président s’est quelque peu délitée, la dame au chapeau expliquant le « détester », lui qui n’a pas suivi ses conseils politiques avisés. Dommage, c’est sûr. Il peut heureusement toujours compter sur les autres people soigneusement conquis pour assurer sa pub.
Mais si Brigitte Macron semble ravie de ces amitiés glossy, ce n’est bien sûr pas seulement par calcul politique. Car la première dame a aussi un petit côté groupie, elle qui déjouait en juin 2017 la vigilance des photographes pour assister, incognito, au concert parisien de Phil Collins. Non, le fan-club de son époux n’est pas le seul auquel elle adhère ! En témoigne sa rencontre avec Stéphane Bern, arrangée cette fois par son mari. Fin 2014, le ministre sort du Sénat lorsqu’il manque de se faire écraser par la voiture de l’animateur de « Secrets d’Histoire ». Une sortie de route qui vaut le coup : Emmanuel Macron s’empresse de le convier à dîner parce que « sa femme l’adore et ne parle que de lui ».
Elle n’hésitera jamais à exprimer cet intérêt pour les artistes. Lorsque, en octobre 2016, elle accompagne Bernard Montiel au concert de Julien Doré, elle n’oublie pas de le saluer en loge, et de lui faire dédicacer un disque pour son mari. « Elle est une femme authentiquement de province qui se réjouit d’arriver à Paris et que tout émerveille[6] », souligne avec tendresse l’écrivain Philippe Besson. Le 25 octobre 2017, elle ne boudait donc pas son plaisir en entendant Mick Jagger lui lancer, en plein concert des Rolling Stones à l’U Arena de Nanterre : « Il y a beaucoup de stars ce soir : Patrick Bruel, Sylvie Vartan et Brigitte Macron. »
Un goût pour les paillettes qui amuse ses proches. Au sein des équipes ministérielles, on sera en revanche plus critique quant à ce tempérament mondain. Dès 2015, certains confiaient aux journalistes, en off bien sûr, combien la prof se délectait de ses nouvelles amitiés… Imposant ce tourbillon bling-bling à leur patron, beaucoup moins people selon eux. Pas si sûr pourtant qu’Emmanuel Macron soit aussi détaché, lui qui, en apercevant fin 2016 Charles Aznavour dans un restaurant du XVe arrondissement, se précipitait pour lui signifier qu’il l’aimait depuis toujours ! Mais plusieurs de ses conseillers ont préféré imputer à l’enseignante la responsabilité de cette image people jugée dangereuse. La polémique du dîner de La Rotonde – organisé par Brigitte au soir du premier tour – les confortera dans cette idée. Tout comme, sans doute, les critiques qui ont suivi la nomination de Stéphane Bern comme « Monsieur Patrimoine », une fois le couple installé à l’Élysée.
Mais qu’importent les commentaires : ces célébrités, le duo les fréquente avec plaisir dans la vie quotidienne… Les côtoyant également très tôt dans les pages des magazines people. Vendredi 5 septembre 2014, Emmanuel Macron est ministre depuis seulement dix jours que son histoire s’affiche déjà en couverture de Closer. « En couple avec son ex-prof », titre l’hebdomadaire. Au menu, des photos de leur déjeuner à La Cave des Abbesses, à Montmartre, et le premier récit de cette romance qui va finir par captiver le monde entier. « Dès son arrivée à Bercy, nous avions été interpelés par un article qui évoquait le fait qu’il avait épousé sa prof [7] », nous explique Laurence Pieau, directrice de la rédaction. « J’ai trouvé cela intéressant : cette histoire était inhabituelle et très romantique. On avait envie de voir quelle était cette femme qui avait conquis le beau gosse du gouvernement… » L’histoire a en effet de quoi intriguer. Et après Closer, bien d’autres magazines, féminins mais aussi généralistes, s’en empareront.
Une curiosité que celui qui a été conseiller de François Hollande – et a assisté à ses déboires sentimentaux – feint de ne pas saisir. « N’ayant jamais acheté la presse people et n’étant pas fasciné par ça, je ne peux que constater, sans totalement comprendre pourquoi, qu’elle s’intéresse à ma vie privée[8] », déclare-t-il au journaliste François-Xavier Bourmaud. D’accord. Mais s’il ne comprend pas cet intérêt, il l’avait quand même anticipé : dès la rentrée 2014, Brigitte avait demandé à ses élèves de première, à Franklin, de ne pas répondre aux éventuelles sollicitations des journalistes. Et s’il n’a jamais acheté la presse people, il ne la boycotte pas non plus totalement… Le soir de la sortie de ce premier article dans Closer, il est en effet aperçu dans les gradins du Stade de France, lors d’un match France-Espagne, montrant à un ami les pages en question sur son smartphone. Avec un grand sourire aux lèvres.
Le couple, longtemps marginalisé, est-il heureux de voir son histoire enfin reconnue ? Peut-être. Ils ne tarderont d’ailleurs pas à prendre la main sur le récit. Se racontant eux-mêmes, au fil des couvertures qui s’enchaînent dès avril 2016. S’assurant bientôt, également, les conseils de Michèle « Mimi » Marchand, patronne de l’agence Bestimage, et pourvoyeuse de scoops pour toute la presse people. Un soutien significatif dans une campagne qui s’annonce âpre et très personnelle. Celui qui s’est toujours défendu d’être le candidat du système serait-il celui du star-system ? « Ce qui relève de la vie intime a vocation à rester avec certains[9] », affirmait-il pourtant quelques mois plus tôt. Mais ça, c’était avant d’intégrer qu’il n’avait que « peu de temps pour accroître sa notoriété », comme il l’a souvent admis devant ses proches. Avant, aussi, de voir son couple mis en cause par la rumeur…
« LA CALOMNIE, MONSIEUR… »
« Mon épouse, à laquelle je tiens beaucoup, a parlé à une journaliste. Mon épouse ne connaît pas le système médiatique. Elle regrette profondément. » Jeudi 14 avril 2016, Emmanuel Macron est à Londres. Il vient de participer à une conférence sur l’avenir de l’Europe organisée par le Financial Times. Mais, ce jour-là, son avis sur les risques du Brexit n’est pas franchement ce qui captive les médias français… Et, au micro de BFMTV, le ministre de l’Économie évoque surtout le sujet qui fait jaser depuis le matin : l’interview que Brigitte a accordée à Paris Match, illustrée par leur « album intime ». « C’est une bêtise que l’on a faite ensemble, poursuit-il. Mon couple, ma famille, ce n’est pas une stratégie que de l’exposer, c’est sans doute une maladresse. » Téméraire, en effet, d’apparaître « ensemble sur la route du pouvoir » en une de l’hebdomadaire – même si, selon la journaliste Caroline Pigozzi, qui a réalisé l’entretien, les Macron ne savaient pas qu’ils feraient la couverture. L’affaire prend l’allure d’une provocation, le jour même où François Hollande passe son grand oral sur France 2, dans l’émission « Dialogues citoyens ». « Il sait ce qu’il me doit, c’est une question de loyauté personnelle et politique », recadrera à cette occasion le chef de l’État. Oui mais voilà… La carte fidélité n’est alors pas la priorité des Macron. Et au-delà de l’autopromo, ils ont une bonne raison de se raconter : faire cesser au plus vite certains chuchotements assourdissants. « J’ai fait cette erreur parce qu’il y avait des rumeurs qui couraient », se justifiera trois semaines plus tard l’ex-prof de français dans « C à vous ». « Des rumeurs de caniveau. J’ai cru bien faire, j’ai eu tort. »