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La première dame fait recette…

L’intérêt chinois pour Brigitte Macron s’est en outre renforcé depuis le 4 août 2017. Ce jour-là, au zoo de Beauval, naissait un bébé panda dont elle allait devenir la marraine. Le rôle revient traditionnellement à la première dame du pays de naissance, mais il n’a rien d’anecdotique, les pandas restant la propriété de l’empire du Milieu. En apprenant, quelques semaines plus tôt, que cette tâche lui incomberait, son cabinet avait déclenché un vrai branle-bas de combat, pour connaître la procédure et éviter tout impair. « Mme Macron semblait heureuse de cette mission dont elle a pris la pleine mesure protocolaire, nous explique Delphine Delord, directrice de la communication du zoo de Beauval. Le jour de la naissance, elle nous a tout de suite appelés, avant même que nous ne lui fassions une demande officielle. Elle nous a dit avoir suivi cette arrivée heure par heure avec son mari depuis l’Élysée et prend régulièrement depuis des nouvelles de son filleul[7]. » Une implication qui a fait son petit effet à l’ambassade. « La Chine était extrêmement honorée qu’elle prenne la chose aussi à cœur. Pour la cérémonie du prénom, une grande délégation a tout de suite prévu de venir à Beauval, notamment parce que Mme Macron y serait. » Le 4 décembre, les représentants chinois s’étaient en effet déplacés en nombre, ravis d’apprendre que l’ourson s’appellerait désormais Yuan Meng (soit « la réalisation d’un rêve », pour ceux qui auraient quelques lacunes en mandarin). Mais, ce jour-là, l’assistance voulait surtout entendre la première dame. Elle ne se privait alors pas de donner un léger tour politique à son discours. Pour cette première prise de parole officielle, elle vantait ainsi ce « fruit énergique et vigoureux de l’amitié franco-chinoise, de cette amitié solide où il est possible de confier ce qu’on a de plus cher à quelqu’un dont on sait qu’il en prendra soin comme de lui-même ». Et elle n’oubliait pas de terminer son allocution d’un « je vous remercie », en chinois. Une belle maîtrise de la « diplomatie du panda » qui a semblé réjouir ses interlocuteurs – dont le vice-ministre des Affaires étrangères Zhang Yesui et l’ambassadeur Zhai Jun. Autant dire qu’en Chine – où le hashtag #ilestmariéavecunefemmequia24ansdeplusquelui avait été utilisé plusieurs millions de fois pendant l’élection française – Brigitte Macron a des chances d’être l’objet d’encore quelques articles…

En France comme à l’étranger, l’ex-prof fait donc couler beaucoup d’encre. « Vous allez voir que je vais réhabiliter le prénom Brigitte », plaisante-t-elle, comme le rapporte Le Journal du dimanche en juin 2017. Et en attendant qu’une nouvelle génération de Brigitte peuple les maternités, le magazine Marianne a commencé la reconquête. « Bardot, Lahaie, Macron, Fossey : Brigitte, un fantasme français », titrait l’hebdomadaire le 14 juillet 2017… Cette popularité s’est révélée utile en ce premier été du quinquennat, alors que le président venait, de son côté, de s’alléger de vingt-quatre points dans les sondages. « Se présenter comme “jupitérien” était d’une immense maladresse, juge le spécialiste en communication Philippe Moreau Chevrolet. Les gens ont eu le sentiment d’une distance[8]. » « Mettre à distance », ce sont d’ailleurs des mots que Brigitte Macron emploie elle-même pour parler de son mari. « Emmanuel a besoin de tout le monde et de personne. On ne rentre jamais dans son périmètre[9] », admet-elle. Pour contrebalancer cette apparente froideur, l’image de la première dame n’a donc pas été superflue. Quitte à sortir pour cela de la réserve médiatique qu’elle s’était imposée. Depuis l’élection, elle s’est en effet calquée sur la communication présidentielle et la volonté d’un quinquennat « sans bavardages »  – comprendre, à l’opposé du précédent. Bruno Roger-Petit lui-même, dont Brigitte aurait appuyé la nomination, s’est affirmé en porte-parole silencieux. Après une campagne très ouverte, la connivence avec les journalistes n’est donc plus de mise à l’Élysée. Et, dès le mois d’août, les paparazzi qui tentaient d’immortaliser le couple pendant ses vacances marseillaises s’en sont très nettement rendu compte. L’un d’eux, travaillant pour le magazine VSD, fit même l’objet d’une plainte pour « harcèlement et tentative d’atteinte à la vie privée ». Les clichés autorisés sont évidemment plus flatteurs – qu’il s’agisse de ceux de la photographe officielle Soazig de La Moissonnière, voire de ceux vendus par Bestimage. Désormais, le président s’adjoint dès que possible les services de l’un des collaborateurs de l’agence, Sébastien Valiela. Un nom qui n’était jusque-là pas en odeur de sainteté à l’Élysée : il avait été l’auteur, pour Closer, des images de François Hollande rejoignant Julie Gayet rue du Cirque… L’ex-chef d’État doit apprécier.

Depuis le mois de mai, la communication des Macron a été considérablement verrouillée. Pendant les trois premiers mois du quinquennat, Brigitte ne s’est que très peu montrée dans les médias. Les amis people eux-mêmes ont intégré cette exigence et se sont faits plus discrets. Il y a bien Fabrice Luchini qui s’est dit un peu vexé de n’avoir pas été invité à la passation de pouvoir – quelques semaines plus tard, il refusait à Brigitte de parrainer la distribution des Fables de La Fontaine aux CM2. Mais les autres ont tiré les leçons des polémiques autour de la soirée du premier tour à La Rotonde, comparée par certains au Fouquet’s de Nicolas Sarkozy. De son côté, Brigitte limite l’effet tapis rouge en déclinant par exemple les invitations à la Fashion Week, pour « se concentrer sur les thématiques liées à l’éducation et au handicap », selon son entourage. Désormais, se raconter ne semble plus être la priorité. En août, elle rompait pourtant le silence, perte de popularité d’Emmanuel Macron oblige. Quelques jours après avoir accordé ses confidences à Elle – prévues de longue date, certes, mais qu’elle aurait songé à annuler en juillet – elle appelait les Français à « avoir confiance » en son mari au micro de BFMTV. Difficile d’évaluer l’efficacité de son injonction, mais cela ne peut pas faire de mal…

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7

Entretien avec l’auteur, le 12 septembre 2017.

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8

Entretien avec l’auteur, le 4 octobre 2017.

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9

Anne Fulda, op. cit.