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Cette môme, je la place en position de Y majuscule et je fourre ma tronche dans son bonheur du jour. Elle sent bon de partout, parole ! Je mordille l’étroit slip, avec précaution. Elle a pas la cressonnière à ressort, c’est curieux pour une Noiraude, non ? Tu penses qu’elle s’est fait défriser la chattounette aussi ? Ou alors, elle est métissée avec des infrisés, Sud-Américains ou autres, non ?

Ma manœuvre semble l’intéresser car je sens passer une sorte de courant électrique dans ses cuisses, un léger frémissement, un ondoiement, si tu vois mieux ? Tu vois mieux ? Bon, je suis content. Moi, j’enhardis, dès lors. The finger ! En douce. Je passe le médius (il fait davantage d’usage étant plus long que ses voisins) sous l’étroite bande d’étoffe. La taupe cherche son gîte ! Le trouve sans peine et s’y engage courageusement malgré un début d’inondation.

Alors là, miss Peggy, la C.I.A., c’est plus son problo. La v’là qu’arque. Oh ! cette décarrade express, my neveu ! Le sang chaud (pansa) s’exprime. Du coup, trêve de slip, je le sectionne à coups de dents. Ça les impressionne toujours, les mômes ! Elles s’imaginent rempartées par ce bout de chiftire et, cric-crac ! l’ogre sanantonien se joue de la dérisoire barrière. Maintenant, à la régalade, Antoine ! Sus ! Suce ! Le môme clito à beau monter sur son ergot, plus rien ne saurait freiner la minouche victorieuse (non, je ne VEUX pas être de l’Académie française !). Je clape à tout-va, à tout ventre, à tous vents !

Miss Peggy s’attendait pas à un pareil déferlement. Bon, elle savait que ça existait, bien sûr, et quelques glandus lui ont déjà fait le coup de la langue pâteuse ; mais si piètrement ! Ploupe ploupe, juste pour dire, faire le malin, comme un qui cachette sa lettre : plome plome ! Zéro ! Nib d’extase. A peine une friandise. Là, pardon du peu ! Elle a droit à la bouffe artistique intégrale ! Tout participe au repas du fauve : la menteuse, les chailles, les lèvres ! Elle est débigornée d’importance, mamz’elle ! Elle découvre loin ! Ça la met en roucoulance. Bientôt elle monte le son ! N’est pas loin d’appeler sa mother à la rescousse ! Elle griffe le couvre-lit, se tend, se tord, se disloque ! Et Mister Sana, faut le voir au labeur. Tu peux filmer, c’est tout bon. La manière péremptoire qu’il lui maintient les cuisseaux à l’équerre ! Bloqués des coudes ! Que pendant ce temps, ses mains cherchent Europun et Luxembourg (moi bien) de gauche et de droite sur ses loloches tendus à craquer.

Ah ! elle se gaffait pas d’une séance aussi épique, la mère ! On fait pas dans les batifolances, mais dans le sérieux. En baisance, il rejoint les bâtisseurs de cathédrales, le commissaire. C’est du costaud, comme au Creusot ! Le haut-fourneau de la pointe, Sana !

La voilà qui se chope un panard monstrueux ! A glapir pire que les renards et les grues ! Tout le palace doit effervescer. Y a des birbes qui demandent des explications à la réception. Elle en finit pas d’égosiller, pire que si on lui faisait prendre un bain de siège dans de l’huile bouillante.

Et puis enfin elle repousse ma tête à deux mains, avec énergie. En amour, c’est marrant, mais quand t’as franchi le mur de la jouissance, ça fait mal ! Interdiction d’aller plus loin ! Fin de section, tout le monde descend !

Bon, je la laisse gésir en travers du lit, morte de s’être trop donnée.

— Vous voyez, ma douceur, je murmure, ça, c’est juste les hors-d’œuvre ; dès que vous aurez récupéré, on va passer aux choses sérieuses, Mister Popaul entrera en scène avec son équipement de spéléologue. J’espère, sans fatuité, que cette petite mise en action vous a plu et que vous êtes d’attaque pour le grand choc pétroleur.

Elle émet un gémissement puis, à grand-peine, se redresse. La voici qui se dirige vers la salle de bains. Elle titube, comme moi tout à l’heure. Mais ma pomme, c’était du bidon. Elle a les cannes fauchées, la chérie. Qu’est-ce que ce sera dans un peu plus tard, lorsque mam’zelle aura dégusté son infusion de chibre !

Pendant son absence, j’explore l’apparte. Vraiment vide de tout indice d’installation. On l’inaugurerait que ce serait pareil. Je me carre dans un bon fauteuil après avoir branché la télé. Mais y a trop de chaînes et qui toutes sont sans intérêt. La connerie multipliée donne le tournis.

Au bout d’un instant, je sectionne les programmes au lieu de les sélectionner. Un gentil tricotin s’obstine dans mon hémisphère sud. J’ai hâte de lui déplisser sa colerette à pafs, Peggy. La grimper cosaque, je m’en ressens farouche. Mon impatience fait croître mon désir, comme l’a écrit si souvent la chère comtesse de Paris dans son ouvrage fameux intitulé : « Les tribulations d’une poire à lavements ».

Elle s’éternise, ma Noirette. Je perds patience ; un si beau goume, faut pas le laisser dégonfler. Classique et lamentable histoire des soufflés qui poireautent.

Je traverse le dressinge en hélant :

— Peggy, mon petit cœur, vous venez ? La grosse bébête s’énerve.

Elle ne répond pas, et pour cause : elle a mallé, la garce, par une petite porte ouvrant sur le couloir et qu’elle ne s’est pas donné la peine de fermer. Etant « démasquée », elle s’est esbignée. Logique. N’empêche qu’il reste avec sa belle bibite sous le bras, l’Antonio !

Je réclame après miss Peggy Ross à la réception, mais on me répond qu’elle est inconnue au bataillon. Je demande alors qui a loué la suite « Rose Bude », l’escogriffe de corvée m’assure qu’elle est disponible. A quoi bon insister. C’est la conjuration du silence. Motus vivandière, comme dit Béru, et bouche cousue.

Je regagne en taxi Cheyennes Village, songeant qu’une douche froide me débarrassera de cette bandaison qui me transforme en contrebandier de godemichets.

Je ne me doute pas, en déponant, qu’une des plus fortes émotions de ma vie m’attend.

Que dis-je ? LA plus forte.

Poor of us !

Nous sommes vraiment peu de chose. Et même moins que rien !

T’es là, dans ta peau, avec ton existence autour de toi, ton sang dans tes veines, tes pensées sous ta bigoudène, à vivre l’instant benoîtement, sans y penser. Et puis, avec une fulgurance salopiote, le destin tourne la page. Du coup, ta joie est anéantie, ta quiétude volatilisée, ta vie racornise, et c’est l’horreur.

L’horreur inattendue, éperdue, incoercible ! L’écroulage de tout et du reste. L’abominance hors raison, tu es déserté par ta foi, ton suc gastrique, tes rêves, ton appétit. Une douche froide, voulé-je, pour me calmer la queue ? Ah ! pauvre de Sana ! Celle qui t’attendait au motel est la pire de toutes.

J’entre, donne la lice.

Et vlan ! Plein cadre ! Pleine gueule ! Je suis énuclé par un atroce spectacle.

C’est si incrédulisant que me voilà paralysé, non : tétanisé, comme complaisent à écrire mes confrères de la confrérie.

Cauchemar ou réalité ?

Odieux mirage ?

A propos, tu connais celle du guide africain qui cicérone des touristes à travers le Sahara dans un car climatisé ?

Il dit :

« — Midames, missieurs, les gros palmiers qui tu vois devant nous, c’est pas palmiers, c’est mirage. Mon zami Mohamed, li chauffeur, va foncer didans pour ti montrer ! »

Mohamed accélère pour traverser le mirage. Hélas, le car est disloqué par l’impact. Dans les décombres, on entend la voix du chauffeur qui dit :

« — Mais qui c’est ci t’enculé qu’il a dit mirage ? »

Je te repose mes questions :

Cauchemar ou réalité ?

Odieux mirage ?

Oh ! Dieu, l’étrange peine.

Béru.

MON Béru. Là, sur le plancher, beau milieu, égorgé goret ! Son large cou sectionné d’une oreille à l’autre. On voit poindre son larynx dans l’horrible plaie. Ça a déjà séché, ou presque. Mare de raisin vernissée. Des mouches. Bleues : les plus belles. Sa pauvre gueule entrouverte sur ses chicots (chicots chicots par-ci, chicots chicots par-là). Grosses lèvres tuméfiées, exsangues. Il s’est défendu comme un fauve car il est esquinté de partout, le malheureux ; couvert de plaies, de bleus, de bosses. Roué vif, puis roué mort. L’égorgement n’a été qu’un dernier geste complémentaire : le coup de grâce ! Ses fringues arrachées, ses doigts écrasés, il a morflé horriblement, mon Mastar, mon Gravos, mon Mammouth ! Le voilà terrassé, tué malproprement, saccagé !